Mal de mer ou jetlag, le voyage pourrit parfois les vacances

Dernière mise à jour 06/08/15 | Article
Mal de mer ou jetlag, le voyage pourrit parfois les vacances
Mal des transports, risque de thrombose en avion ou encore «jet lag» qui éreinte: tour d’horizon des désagréments liés aux kilomètres à avaler dans les airs, sur le bitume ou au fil de l’eau.

Etape incontournable pour mériter la mer turquoise ou l’air pur des montagnes: le voyage. S’il fait partie intégrante des vacances, il peut aussi sérieusement les ternir. Nos conseils pour mieux le supporter.

Le mal des transports: forcer les yeux à calmer le conflit

Après quelques séries de virages, ou sur une mer agitée, le voilà qui s’invite dans l’habitacle de la voiture ou à bord du bateau. Le mal des transports, s’il est bénin en soi, n’en est pas moins violent et désagréable pour la personne qui en souffre. Il provoque généralement un mal-être et des nausées, parfois des vomissements. Les enfants de plus de 2 ans, les femmes enceintes ou sous traitement hormonal et les personnes souffrant de migraine en sont les premières victimes.

A l’origine du phénomène? «Des signaux discordants arrivant au cerveau, en provenance des trois systèmes neurosensoriels que sont le système vestibulaire de l’oreille interne (chargé de l’équilibre), le système visuel (qui nous fait percevoir l’environnement) et le système somato-sensoriel (différents capteurs du corps, par exemple dans les articulations, qui permettent de se situer dans l’espace)», explique la Dresse Laurence Rochat, spécialiste de la médecine des voyages à la Policlinique médicale universitaire de Lausanne. Par exemple, lors d’un trajet en voiture, pour l’oreille interne et les récepteurs sensoriels, l’individu est en mouvement. Mais pour les yeux, rivés vers l’intérieur de l’habitacle, il est immobile. Le cerveau réagit par des nausées à ces informations contradictoires.

Le mal des transports

Pour dissiper le conflit d’informations, le mieux est d’utiliser les yeux. «Autant que possible, il faut essayer de fixer un point à l’horizon pour permettre au système visuel de confirmer le mouvement», suggère la spécialiste. Autres conseils: prendre un repas avant le départ et, surtout, éviter absolument de fixer un point vers le bas (livre sur les genoux, par exemple). Enfin, un remède miracle, bien que difficile à maîtriser: dormir! Pour les cas extrêmes, un traitement par antihistaminique peut être utilisé.

Oreilles bouchées: l’astuce

Serpenter en voiture à flanc de montagne ou décoller vers les nuages ont une conséquence commune sur nos tympans: cette désagréable sensation d’oreilles bouchées. Le phénomène est dû à un changement de pression entre l’extérieur et l’intérieur de l’oreille. L’astuce: libérer la trompe d’Eustache reliant oreilles et rhinopharynx en mâchant un chewing-gum ou en baillant fréquemment durant le changement d’altitude. Si bébé fait partie du voyage en avion, l’astuce consiste à lui donner biberon ou tétée pendant le décollage et l’atterrissage pour favoriser sa déglutition.

Thrombose en avion: le mouvement avant tout

Le phénomène concerne 0,1% de la population, mais «quatre fois plus pour les voyages (surtout en avion) de plus de huit heures», indique la Dresse Laurence Rochat. Si cet incident vasculaire reste rare, il peut avoir des conséquences fatales s’il n’est pas pris en charge à temps.

«La thrombose dont il est question lors d’un voyage en avion est une thrombose veineuse profonde, explique le Dr Gabriel Alcoba, clinicien en médecine tropicale et des voyages aux Hôpitaux universitaires de Genève (HUG). Un caillot se forme dans une veine située en profondeur dans une jambe avec un risque majeur: qu’il remonte jusqu’au poumon et y provoque une embolie potentiellement fatale. Le risque reste élevé plusieurs semaines après le voyage.»

Comment se prémunir d’un tel danger? «En bougeant! conseille le spécialiste. Faire quelques pas toutes les heures, multiplier les exercices mettant en mouvement pieds et chevilles, porter des bas de contention, boire beaucoup d’eau et éviter l’alcool ou les boissons sucrées, qui déshydratent. Enfin, il est important de savoir si l’on est prédisposé à un tel problème ou non.»

Quels sont les profils à risque? Les femmes enceintes ou sous pilule contraceptive. Les fumeurs, les personnes en surpoids, âgées de plus de 60 ans, ou ayant des antécédents de thrombose. Les personnes qui ont des troubles de la coagulation connus ou des risques liés à des circonstances particulières (jambe immobilisée par une attelle, par exemple). «Si l’on entre dans l’une de ces catégories et que l’on envisage un voyage en avion, il faut consulter. Un traitement médical à base d’anticoagulant est parfois utile», précise le Dr Alcoba. Et d’ajouter: «Contrairement à une idée reçue, prendre de l’aspirine n’est pas efficace pour ce problème.»

Au-delà de la prévention, toute rougeur ou douleur localisée sur une jambe pendant ou après le voyage, ou une oppression violente à la poitrine doit faire l’objet d’une consultation médicale en urgence pour confirmer le doute et résorber le caillot au plus vite.

Déjouer les affres du «jetlag»

On y est, enfin! Mais à peine arrivé, ce n’est pas tant la chaleur du tarmac qui nous perturbe, mais l’heure affichée sur notre montre qui ne colle pas du tout, mais alors pas du tout, avec celle qui résonne en nous. Le sens du voyage le plus difficile? Voyager vers l’est du globe. Et pour cause, «nous devenons subitement insomniaques puisque le sommeil n’est pas au rendez-vous alors que le soleil est couché depuis longtemps, explique le Dr Stephen Perrig, spécialiste du sommeil aux HUG. En jeu dans le processus: la mélatonine, hormone sécrétée par le cerveau et réglée comme une horloge… ou presque. «La mélatonine est influencée par la lumière. En cas de voyage vers l’est, l’enjeu est donc de limiter au maximum cette dernière, par exemple en mettant des lunettes de soleil. Les plus efficaces sont les modèles spécifiques bloquant les rayons bleus de la lumière. A noter que le recours à une médication par mélatonine est possible pour favoriser l’endormissement, mais elle est à réserver aux voyageurs soumis à des contraintes professionnelles immédiates. Vers l’ouest, la stratégie est inverse puisqu’il s’agit de s’exposer au maximum à la lumière du jour pour décaler la sécrétion de mélatonine et éviter qu’elle ne nous endorme avant l’heure.»

Phobie de l’avion: gare aux cocktails explosifs

«Autant que possible, une personne paniquée à l’idée de prendre l’avion ne le prend pas, rappelle le Dr Riaz Khan, psychiatre aux HUG. Il s’agit d’une conduite d’évitement que l’on retrouve dans toutes les phobies spécifiques.» Sauf que partir à la rame au Brésil ou en Australie n’est pas commode… Il arrive donc souvent que le phobique de l’avion soit obligé d’affronter l’objet de l’anxiété, car il s’agit bien de cela. «En Suisse, on estime à 14% le risque d’être atteint une fois dans sa vie d’un trouble anxieux. Dans le cas des phobies spécifiques, cette prévalence est de 6,8%», détaille le spécialiste.

Comme pour tout trouble anxieux, le risque est grand de recourir à des substances comme des anxiolytiques ou de l’alcool, voire les deux, pour se calmer. «Mais la combinaison de ces produits peut entraîner des complications et un risque de dépendance à moyen ou long terme, alerte le Dr Khan. L’effet apaisant de ces substances s’estompe très vite, ce qui conduit parfois la personne phobique à multiplier les prises. Or les abus d’anxiolytiques et d’alcool peuvent entraîner une réaction paradoxale: le malaise est décuplé, la personne est agitée et désinhibée.»

Comment s’y prendre, dès lors, pour dompter la panique liée à un voyage imminent? «Un traitement pharmacologique à base d’antidépresseurs est souvent efficace. Le mieux est de le coupler à une thérapie d’exposition à la cause de la phobie, ainsi qu’à une thérapie cognitivo-comportementale. L’objectif est d’affronter progressivement la situation anxiogène et, en parallèle, de faire disparaître l’angoisse associée à tel ou tel objet, l’avion par exemple.»

En collaboration avec

Le Matin Dimanche

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