La malaria, cauchemar du voyageur
La malaria, également appelée paludisme, se traduit par de la fièvre et un état grippal, et peut dans certains cas être fatale. Elle est causée par des parasites appelés Plasmodium, transmis d’homme à homme par des moustiques, les anophèles, qui piquent le soir ou la nuit. Cinq types de Plasmodium causent la malaria chez l’être humain. En Asie et en Amérique du Sud, c’est le Plasmodium vivax qui domine. Il peut occasionner une forme dormante de la maladie, avec des rechutes pouvant survenir plusieurs semaines, mois, voire années après la première infection, si celle-ci est incomplètement traitée. En Afrique, le plus répandu est le Plasmodium falciparum, qui entraîne une forme particulièrement dangereuse de la malaria.
L’évolution de la maladie
La malaria débute par une phase silencieuse au cours de laquelle le parasite gagne le foie et s’y multiplie. Ce n’est que six jours au plus tôt après la piqûre (mais parfois plusieurs semaines ou mois plus tard) que les symptômes se déclarent, lorsque les parasites gagnent les cellules sanguines et les font éclater. Les personnes infectées souffrent alors de fièvre, frissons, maux de tête, douleurs musculaires, vomissements et diarrhées. Les symptômes sont assez variables et peuvent dans un premier temps faire penser à une banale grippe. Ils doivent cependant être pris au sérieux, car la maladie peut rapidement évoluer vers une forme grave si aucun traitement n’est entrepris.
Tout le monde est menacé
Dans les pays où le paludisme est endémique, ce sont les jeunes enfants et les femmes enceintes qui sont le plus à risque de souffrir de formes graves de la malaria. Les adultes développent peu à peu une résistance immunitaire à la maladie, même si cette protection n’est jamais totale. La grossesse entraînant un bouleversement du système immunitaire, les femmes enceintes, bien qu’adultes, sont plus vulnérables que les autres au paludisme et globalement aux infections.
Quant aux voyageurs issus de pays exempts de paludisme, ils sont à risque quel que soit leur âge, car ils n’ont jamais été exposés au parasite. La malaria demeure toutefois particulièrement dangereuse pour les enfants, chez lesquels elle peut évoluer très rapidement. Les femmes enceintes souffrent également plus souvent de formes sévères de la maladie; dans certains cas elles peuvent aussi la transmettre à leur enfant ou encore faire une fausse couche. En cas de grossesse, il est donc recommandé d’éviter les zones de malaria, ou alors de prendre toutes les mesures de protection contre la maladie.
Évaluer le danger
La malaria est largement répandue dans les zones tropicales. Pour savoir si vous vous rendez dans une zone de paludisme, vous pouvez consulter le site internet www.healthytravel.ch et rechercher des informations pays par pays. Votre médecin pourra également vous renseigner lors de votre consultation d’avant-départ. Au sein d’un même pays, le risque de malaria peut varier d’une région à une autre, ou entre les villes et la campagne. Le risque de transmission est généralement très réduit au-delà de 2000 mètres d’altitude; il augmente en revanche dans les zones humides et à proximité des étendues d’eau stagnante, où les moustiques anophèles se reproduisent. Le risque de malaria peut enfin varier en fonction de la saison. Dans de nombreux pays, la transmission est saisonnière, avec un pic de dangerosité au cours de la saison des pluies.
Se protéger contre la maladie
Il n’existe pas de vaccin contre le paludisme, mais un traitement préventif antimalarique (également appelé prophylaxie antimalarique) peut vous être prescrit. Il doit alors être pris déjà avant le départ et ensuite pendant quelque temps après le retour. Si vous vous rendez dans un pays où le risque de malaria existe mais est considéré comme faible, un traitement de secours sera privilégié. Vous ne le prendrez qu’en cas de symptômes évoquant ceux d’un état grippal, survenant plus de six jours après votre arrivée dans la zone à risque, et si vous êtes dans l’impossibilité de consulter un médecin en urgence. Une prophylaxie antimalarique est conseillée pour les femmes enceintes même en cas de voyage dans un pays où le risque est faible. Enfin, malgré la prise du traitement, il est nécessaire de se prémunir contre les piqûres de moustiques.
Les différents médicaments
Si vous vous rendez dans une zone à risques, vous devrez choisir avec votre médecin un traitement préventif de la malaria. Plusieurs médicaments à l’efficacité équivalente sont disponibles en Suisse. Tout d’abord le Lariam®, ou Méphaquine® sous son nom générique. Ce médicament relativement bon marché (30 CHF pour deux semaines avec le médicament générique), ne nécessite que la prise d’un comprimé par semaine. Cependant, la durée du traitement est longue (une semaine avant le départ et un mois après le retour) et il peut parfois entraîner des effets secondaires d’ordre psychologique, comme des mauvais rêves, insomnies, angoisses. Il n’est donc pas recommandé aux personnes ayant des antécédents de maladie psychique. C’est le médicament actuellement prescrit aux femmes enceintes en l’absence de contre-indications.
Existe également la Malarone®, ou par exemple Atovaquone Plus® sous son nom générique. Nettement plus cher que le Lariam® (pour un séjour de deux semaines, il vous en coûtera entre 90 et 105 CHF), ce traitement se présente sous la forme d’un comprimé à prendre tous les jours pendant une durée relativement courte (un jour avant le départ et sept jours après le retour). Ce médicament peut aussi être prescrit en traitement de secours à des doses plus élevées.
Finalement, on trouve aussi la Supracycline®, un antibiotique utilisé dans la prévention de la malaria. Il est assez bon marché (environ 50 CHF pour deux semaines), mais doit être pris sur une longue durée: un comprimé par jour dès la veille du départ et encore un mois après le retour. La Supracycline® peut entraîner une sensibilisation au soleil et ne devrait pas être prescrite en cas de vacances balnéaires avec exposition intense au soleil. Il est contre-indiqué chez les femmes enceintes et les enfants.
Et les traitements naturels?
Du fait de leurs effets secondaires parfois handicapants, vous pourriez être tenté de renoncer aux traitements préventifs antimalariques conventionnels et leur préférer la médecine douce. Différentes approches basées sur les huiles essentielles ou l’homéopathie sont en effet proposées sur des forums spécialisés sur internet. Gardez cependant en tête que ces traitements ne sont pas efficaces et vous font courir le danger d’attraper la malaria qui reste une maladie potentiellement mortelle.
Un fléau pour l’Afrique
D’après les estimations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la malaria aurait entraîné près de 500’000 morts en 2014, ce qui en fait l’une des pathologies parasitaires les plus meurtrières au monde. Elle affecte en premier lieu les enfants de moins de 5 ans et les femmes enceintes. En Afrique, on estime que chaque minute un enfant africain meurt du paludisme. La mortalité du paludisme a cependant fortement diminué sur le continent africain au cours de la dernière décennie, notamment grâce à des mesures de prévention telles que la distribution de moustiquaires imprégnées d’insecticide.
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Extrait de J’ai envie de comprendre… Ma santé en voyage, de Pascaline Minet, en collaboration avec le Dr Blaise Genton et la Dre Laurence Rochat, Ed. Planète Santé, 2015.
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