Sportifs: gare aux commotions cérébrales
Conjuguée à l’essor des sports collectifs, l’évolution des caractéristiques physiologiques des athlètes (augmentation de la masse corporelle, de la vitesse…) a amplifié la fréquence et la vigueur des contacts constatés dans certains sports. Le baseball, le hockey sur glace ou encore le football américain illustrent cette tendance, a fortiori pendant les périodes de compétition. Favorable à l’augmentation potentielle des commotions cérébrales, le phénomène préoccupe désormais des fédérations internationales d’importance. À l’instar de celle du football (soccer) et du rugby, celles-ci émettent des recommandations pour prévenir les incidents, les traiter et permettre aux blessés le retour progressif au sport en toute sécurité après résolution totale de leurs symptômes.
Les signes d’une CC
Plus de neuf fois sur dix, une commotion survient sans perte de connaissance et les symptômes présentés peuvent être très divers. Or le caractère transitoire de ces derniers les rend parfois imperceptibles pour l’intéressé comme pour le staff sportif, faisant de la blessure un événement mineur mal interprété, donc non-traité.
Troubles de la vision ou de l’équilibre, sensibilité au bruit ou à la lumière, maux de tête, confusion, amnésie, irritabilité, vomissements…: l’un ou plusieurs de ces signes suffisent à suspecter la CC et induisent pour le sportif son retrait immédiat du terrain ainsi que la nécessité d’une surveillance et d’un examen médical.
Outils et soins
Malgré la pression médiatique typique des sports en vogue, les professionnels de santé doivent avant tout préserver le joueur choqué et mettre en place dans l’urgence les premières mesures de réanimation et de protection de la colonne cervicale.
Face à la difficulté de poser un diagnostic sur la foi de symptômes susceptibles de disparaître très rapidement, le personnel médical utilise un outil d’évaluation standardisé qui guide son examen clinique. Le SCAT (sport concussion assessment tool), questionnaire créé en 2005 puis mis régulièrement à jour, permet au médecin d’énumérer les indicateurs à surveiller chez son patient –adulte ou enfant. Il propose également des tests auxquels soumettre le malade pour en contrôler la mémoire (réponse à une série de questions simples) et l’équilibre (maintien d’une position du corps, les yeux ouverts puis fermés).
Pour affiner l’évaluation de ses symptômes –surtout s’ils sont foisonnants– et en surveiller l’évolution, le patient est ensuite soumis à un nouvel examen, plus poussé. Cette seconde étape est complétée le cas échéant par l’estimation des fonctions mentales du blessé et les résultats de l’imagerie cérébrale en cas de détérioration de son état.
Enfants et adolescents très exposés
Par leurs activités physiques scolaires et extra-scolaires, les enfants et les adolescents sont particulièrement exposés au risque de commotion cérébrale, surtout s’ils pratiquent un sport de contact. L’affection des jeunes sujets est assez proche de celle observée chez les adultes malgré l’adaptation de l’outil diagnostique (Child-SCAT) ou du matériel de jeu (taille du ballon adaptée à la morphologie…). Le repos physique et cognitif et le retour aux activités par étapes s’avèrent indispensables pour espérer la disparition totale des symptômes et éviter la survenue d’un autre choc rapproché qui pourrait être fatal.
Plus l’enfant est jeune, plus le diagnostic est malaisé et la guérison potentiellement longue; il n’est pas rare que la reprise scolaire soit entravée par des lenteurs de compréhension et d’exécution malgré l’observance du traitement. Si les symptômes perdurent, la vigilance demeure de mise: les atteintes cognitives et psychiques sur le long terme pourraient être délétères. En adressant des messages d’information à l’ensemble des acteurs concernés pour protéger les athlètes, la fédération suisse de hockey sur glace fait le pari que la prévention est l’affaire de tous.
Adapté de «Commotion cérébrale chez l’enfant et l’adolescent sportif», Dr Stéphane Tercier, Unité pédiatrique de chirurgie orthopédique et traumatologique; Dr Christopher J. Newman, Unité de neuropédiatrie et neuroréhabilitation pédiatrique, Département médico-chirurgical de pédiatrie, CHUV, Lausanne. In Revue Médicale Suisse 2014;10:1461-5.
Facteurs protecteurs et aggravants
Tout comme le fair-play et le respect strict des règles du jeu (tant de la part des joueurs que de celle des arbitres tenus de les faire appliquer), l’apprentissage d’un geste technique adéquat se révèle propice à la prévention des commotions cérébrales, même s’il ne prémunit pas de tout (les duels restent source majeure d’incident).
Lors d’un contrôle de la tête pendant un match de football (en moyenne, six fois par match), réceptionner le ballon en le frappant sur le haut du front tout en balançant son corps vers l’avant peut réduire significativement le risque de commotion cérébrale.
Certaines normes matérielles ont elles aussi leur importance pour protéger la tête: un ballon correctement gonflé se déformera mieux au contact du corps et évitera une rencontre trop violente.
Enfin, les antécédents de CC conditionnent la réponse aux expositions ultérieures et peuvent l’aggraver. C’est ce qu’illustre le football américain, qui détient le triste record annuel de traumatismes crâniens aux Etats-Unis et qui génère souvent plusieurs chocs chez un même joueur.
Perspectives
A l’avenir, certaines techniques d’imagerie pourraient permettre de mettre en relation la gravité et le nombre de commotions cérébrales chez un même individu d’une part, et la survenue de maladies neurologiques ou psychiatriques d’autre part. Mais il ne s’agit pour l’heure que d’hypothèses à explorer car les indicateurs à étudier ne sont pas spécifiques de la pathologie et risqueraient de biaiser les conclusions scientifiques.
Quoi qu’il en soit, tous les patients –par fierté ou par méconnaissance, les hommes acceptent moins que les femmes de reconnaître l’affection– doivent observer une période de repos absolu d’un jour ou deux. Viennent ensuite la reprise progressive des activités puis le retour sur le terrain. La persistance des symptômes (syndrome post-commotionnel, ou SPC) étant relativement rare, la guérison sans séquelles est observée au bout de 7 à 10 jours dans la très grande majorité des cas.
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Références
Adapté de «Commotions cérébrales et sport: trop souvent méconnues», par Dr Pierre-Etienne Fournier, Clinique romande de réadaptation Suva-Care, Swiss Olympic Medical Center, Sion. In Revue Médicale Suisse 2014;10:1457-60. En collaboration avec l’auteur.
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