Gare aux blessures musculaires

Dernière mise à jour 06/02/23 | Article
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Causée par un tir au but superpuissant ou une marche d’escalier ratée, la blessure musculaire peut être sportive et spectaculaire ou le fruit d’un simple moment d’inattention. Dans tous les cas, si la douleur persiste, une consultation médicale s’impose.

Anti-inflammatoires: oui, mais pas tout de suite

Parce qu’ils risquent d’entraver le processus naturel de «réparation» des fibres musculaires initié par l’organisme dès la survenue de la blessure, les médicaments anti-inflammatoires de type ibuprofène ou aspirine sont à proscrire les deux à trois jours suivant le traumatisme, sauf avis médical contraire. Les antalgiques de type paracétamol en revanche restent tout à fait possibles pour calmer la douleur.

Elles s’appellent contusion, contracture, élongation, claquage, rupture et correspondent aux degrés croissants de blessures musculaires. Qu’elles découlent de causes extérieures (dites «extrinsèques»), telles qu’un choc reçu sur le muscle, ou «intrinsèques», autrement dit liées à la personne elle-même (mauvaise exécution d’un geste, condition physique inadaptée à l’exercice, etc.), elles doivent être prises au sérieux. Et pour cause, «elles révèlent un traumatisme bien réel du muscle que seule une prise en charge adaptée – ou un simple repos pour les cas les moins sévères – permettra de rétablir», résume la Dre Nadège Zanou, médecin, maître d’enseignement et de recherche suppléante à l’Université de Lausanne et co-auteure du livre Je bouge… Grâce à mes muscles*. 

Les signes d’alerte

Tout commence par les signes d’alerte. «Une douleur persistante, l’apparition d’un hématome dans les 24 heures, un gonflement, une perte de force ou encore la sensation d’une boule ou d’un trou dans le muscle doivent inciter à consulter», rappelle le Pr Vincent Gremeaux, responsable du Centre de médecine du sport du Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV). Et de poursuivre: «Le diagnostic se fait ensuite sur la base de l’examen clinique et du récit de l’événement ayant causé le traumatisme. Les symptômes étant souvent très caractéristiques des blessures en question, le diagnostic est généralement posé assez aisément, mais un examen complémentaire – échographie le plus souvent – peut être nécessaire pour estimer avec précision le degré de gravité de la lésion.» De cette démarche découlent la marche à suivre exacte et le temps de récupération requis. 

La prise en charge se joue alors au cas par cas. «Une contracture minime chez une personne sédentaire ne représentera évidemment pas la même configuration qu’une déchirure musculaire affectant un sportif d’élite stoppé net dans sa saison, souligne le Pr Gremeaux. Pour les blessures les plus légères, une simple mise au repos, une surélévation du membre lésé et d’autres mesures inspirées du protocole "POLICE" (lire encadré) suffisent le plus souvent. Au fil des jours, les lésions s’atténuent et les douleurs s’estompent. En revanche, si la douleur persiste, s’intensifie ou si la blessure est d’emblée sévère, le champ d’action s’élargit.» Peuvent ainsi être envisagées: séances de physiothérapie (à commencer au plus tôt et sur plusieurs semaines le plus souvent), ponction de l’hématome s’il est très important ou encore intervention chirurgicale pour les cas les plus sévères ayant mal évolué. 

Processus de régénération naturelle

De quoi parle-t-on?

Contusion ou contracture? Élongation ou rupture? Place aux définitions. 

Contusion: lésion musculaire causée par un coup ou un choc, elle provoque localement douleur et gonflement, parfois associés à un hématome.

Contracture: microlésions de fibres musculaires contractées involontairement et de façon prolongée.

Élongation: lésions survenant lorsque certaines fibres musculaires ont subi un allongement excessif.

Claquage: déchirure d’un ensemble de fibres musculaires. La douleur s’apparente à l’impression d’un coup de poignard dans le muscle en question.

Rupture: rupture totale ou partielle d’un ensemble de fibres musculaires qui s’accompagne d’un saignement important. La douleur qu’elle engendre est particulièrement intense.

L’ensemble de ces démarches vise à favoriser une récupération complète des fibres musculaires lésées. «Les muscles ont la faculté de se régénérer grâce à des processus physiologiques assez spectaculaires, faisant notamment intervenir des cellules souches dites "satellites", capables de venir colmater les lésions, souligne la Dre Zanou. Toutefois, des précautions s’imposent pour faciliter ces phénomènes naturels et non les entraver. D’où l’importance de ne pas négliger les symptômes, ni les mesures médicales à entreprendre, depuis le repos nécessaire jusqu’aux semaines de rééducation. Pour une déchirure sévère par exemple, les séances de physiothérapie s’étendent généralement au-delà de six semaines, tout comme le délai à respecter avant la reprise de l’activité physique.» À la clé? «La possibilité pour le muscle de retrouver toute son élasticité et sa puissance. À l’inverse, des lésions négligées ou mal soignées exposent à une mauvaise cicatrisation du muscle, diminuant ses qualités et exposant à un risque accru de blessures ultérieures», poursuit l’experte. 

Car si certaines blessures, surtout celles qui sont liées à des facteurs extérieurs, sont difficilement évitables, une prévention est possible pour nombre d’autres. Parmi elles: la prise en compte de blessures antérieures, un échauffement optimal avant tout entraînement, une intensité de pratique adaptée à ses capacités, un matériel adéquat, des temps de repos respectés, une alimentation et une hydratation suffisante, et l’accompagnement par des professionnels (du monde médical et/ou sportif) dès lors que les ambitions de performance s’élèvent ou que l’on se sait à risque de blessures (antécédents de traumatismes, reprise sportive après une période d’interruption, problèmes de santé, etc.). 

Quant à la question souvent controversée des étirements à pratiquer avant ou après la pratique sportive: «Plusieurs aspects restent objet de débat, notamment l’utilité des étirements effectués en début d’entraînement, rappelle la Dre Zanou. Mais une chose est sûre: pratiqués à la fin de l’activité, ils présentent l’avantage de détendre le muscle contracté par l’effort, ce qui lui permet de retrouver une longueur et une souplesse optimales en perspective des prochains entraînements.»

Miser sur le protocole «POLICE»

Derrière l’acronyme POLICE, cinq réflexes à adopter en cas de blessure musculaire, notamment pour limiter l’œdème et le risque d’hématome:

  • Protection: mettre le membre blessé au repos pour limiter les douleurs.
  • Optimal Loading: doser les efforts pour rester en mouvement sans générer de douleur trop intense.
  • Ice: appliquer de la glace pour diminuer inflammation et douleur (pas plus de dix minutes trois à quatre fois par jour sans avis médical).
  • Compression: maintenir le membre blessé (avec une bande élastique par exemple), sans trop serrer, pour limiter le risque d’hématome.
  • Élévation: surélever le membre lésé pour réduire inflammation et douleur.

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* Je bouge… Grâce à mes muscles, Nadège Zanou, Nicolas Place, Éd. Planète Santé, 2022.

Paru dans Le Matin Dimanche le 05/02/2023

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