Courir, c’est bon pour la santé, mais il faut savoir bien doser
De quoi on parle
Courir 27 marathons en 27 jours! C’est la performance réalisée au mois de mars par le comédien britannique Eddie Izzard pour lever des fonds pour Sport Relief, manifestation caritative qui a lieu tous les deux ans en Grande-Bretagne. En 2004, Rory Coleman, avait lui enchaîné
43 ultramarathons (courses de très longue distance) en 43 jours.
Le week-end prochain, plusieurs milliers de coureurs s’élanceront pour les 20 Km de Lausanne. Et enchaîneront peut-être, deux semaines plus tard, avec le marathon de Genève. De Berlin à Barcelone en passant par Paris, Boston ou New York, rares sont les métropoles qui ne proposent pas une, voire plusieurs courses. Elles se déclinent en plusieurs distances, et certaines sont réservées aux femmes ou aux enfants. Cette offre pléthorique reflète un engouement sans précédent pour le running: selon l’enquête Sport Suisse 2014, près d’un Suisse sur quatre pratique la course à pied. Un chiffre qui ne peut que réjouir, à une époque où la sédentarité tue et où l’épidémie d’obésité menace la planète entière. Mais le mieux est parfois l’ennemi du bien. Si la course à pied est l’un des sports les plus facilement accessibles, des contre-indications existent et des précautions sont nécessaires pour éviter accidents et blessures.
A l’égard de la prouesse du comédien britannique Eddie Izzard, François Mach, chef du service de cardiologie des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG), est on ne peut plus clair: «Le marathon n’est pas très bon pour le système cardiovasculaire, alors 27 en 27 jours!…» Pourtant, loin de lui l’idée de vouloir jeter l’opprobre sur une discipline que lui-même pratique. «Mais à partir de 45-50 ans, on ne devrait plus courir avec une montre.» Car ce n’est pas tant la distance et la durée qui stressent l’organisme, mais bien l’intensité de l’effort. D’ailleurs pour enchaîner ses 27 marathons, Eddie Izzard le concède, il a plus marché que couru!
Courir avec bébé, une fausse bonne idée
Si incongru que cela puisse paraître aujourd’hui, courir aura été pour les femmes presque aussi compliqué que voter!
En 1967, Kathrine Switzer est entrée dans l’histoire en terminant le marathon de Boston, la compétition était alors interdite aux femmes, et le restera jusqu’en 1972. Du côté des Jeux olympiques, il faudra attendre 1984 pour voir le premier marathon féminin. Trente ans plus tard, des courses sont ouvertes aux jeunes mamans qui veulent courir… avec leur poussette! Paris a ainsi accueilli la première édition de La Familiale en 2015. Venue des Etats-Unis, cette pratique nécessite quelques précautions. Après un accouchement, il est préférable d’avoir le feu vert de son médecin avant de rechausser ses baskets. Pour courir avec bébé, mieux vaut attendre qu’il se tienne assis avant de l’embarquer dans son footing. Il faut ensuite investir dans une poussette adaptée, qui lui assure confort et sécurité.
Mais même avec un matériel adéquat, courir avec une poussette implique des changements de posture: il faut notamment se passer du mouvement de balancier des bras, pourtant inhérent à la course. Les spécialistes conseillent donc, plutôt, de continuer à pratiquer régulièrement la course en solo.
Gare à la déshydratation
En préambule, Gérald Grémion, médecin-chef du Swiss Olympic Medical Center au Centre Hospitalier Universitaire Vaudois (CHUV), rappelle qu’il convient d’adapter son entraînement à son niveau de pratique: «Ceux qui n’ont pas fait de sport depuis plusieurs mois doivent voir leur médecin avant de se lancer.» Et cela quel que soit son âge; même à 30 ans après une période d’inactivité prolongée, la visite médicale s’impose.
Le corps mis à mal par la course? C’est le système ostéo-articulaire qui est le plus fragilisé. Aussi, «il est essentiel de choisir ses chaussures avec soin, souligne Gérald Grémion. Et si on a déjà des problèmes d’articulations, mieux vaut miser sur le vélo, la randonnée ou la marche nordique, tout aussi efficaces et bien moins traumatiques.» Et si les cas de morts subites, extrêmement rares, marquent les esprits, les malaises lors des marathons sont fréquents. «Les pépins s’observent surtout sur les 5 ou 10 derniers kilomètres, relève François Mach. Souvent, ils sont dus à une déshydratation; il est fondamental de s’arrêter aux ravitaillements.»
Plusieurs études scientifiques ont été réalisées chez des marathoniens afin d’évaluer l’impact de ces 42,195 km sur l’organisme. Certaines ont ainsi mis en évidence une dysfonction cardiaque après l’effort, «mais le cœur récupère en quelques jours», commente François Mach.
Qu’en est-il des courses plus longues? L’équipe de Grégoire Millet, professeur associé à l’Université de Lausanne, s’est intéressée au plus exigeant de tous, le Tor des Géants, 330 km courus dans la vallée d’Aoste. Le dénivelé positif (24 000 m) correspond à trois fois l’ascension de l’Everest. Les résultats ont amené à une conclusion surprenante: «Alors que nous pensions que le facteur limitant était la fatigue musculaire, il n’en est rien, explique Grégoire Millet. La diminution de la force développée par les coureurs n’est ainsi pas très différente de celle observée après 10 km!»
Etre conscient de ses capacités
L’impact cardiaque et cérébral du Tor a été évalué par le projet MUST. L’édition 2014 avait prévu un camion sur la place de Courmayeur, en Italie, équipé d’un scanner IRM qu’ont accepté de passer une cinquantaine de coureurs, avant et après la course. Là encore, surprise: une légère inflammation est observée mais il semble que le cœur et le cerveau soient plutôt épargnés par la course. «On peut cependant se poser la question de l’impact sur le long terme de ces épisodes répétés d’inflammation tissulaire», nuance Pierre Croisille, chef du service de radiologie du CHU de Saint-Etienne (F) et responsable du projet.
Comprendre ce qui différencie les «finishers» et ceux qui ne verront jamais la ligne d’arrivée demandera encore du temps. Mais la science progresse. «Un point crucial est la gestion de l’allure, révèle Grégoire Millet. Quelle que soit la distance, ceux qui s’en sortent le mieux sont ceux qui sont adaptables, capables de varier leur vitesse, leurs appuis, leur foulée.» Et si avoir un bon mental est important, les données montrent qu’il ne faut pas être trop confiant; ce sont ceux qui sont le plus conscients de leurs capacités qui passent la ligne d’arrivée.
Du scotch pour en finir avec les ampoules
«Les abandons sont souvent dus à des petits bobos, pas à un gros problème de santé, fait remarquer le Pr François Mach, cardiologue aux HUG. Sur une longue distance, une simple ampoule peut devenir un calvaire.» Un constat que partage Grant Lipman, médecin qui a longtemps travaillé avec des coureurs de fond. Après avoir vu les athlètes tester toutes sortes de méthodes de prévention, il a décidé de mener une étude très rigoureuse pour évaluer l’efficacité… de bandes de papier autocollant («paper tape»).
128 coureurs, engagés dans un ultramarathon de 7 jours en milieu désertique, ont participé à l’étude, publiée le 11 avril dernier. Des bandes de papier ont été collées sur un seul de leurs pieds, aux endroits connus pour être des zones de friction. La technique s’avère efficace: le scotch a évité les ampoules à 98 coureurs, alors que 81 ont souffert de frictions sur les zones non protégées.
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