Fractures de fatigue: peut-on les éviter?
La formule est intrigante et pourtant bien imagée. Les «fractures de fatigue» sont bel et bien la résultante d’une contrainte trop importante exercée sur les os. Surviennent alors des microfissures, généralement au niveau des os des membres inférieurs (80% des cas), comme le tibia, le péroné, le calcanéum (talon) et les métatarses (avant pied), bien plus soumis aux amortissements.
On croit souvent, à tort, que ces fractures de fatigue concernent seulement les sportifs de haut niveau. En réalité, tous ceux qui pratiquent une activité intensive et inadaptée peuvent un jour ou l’autre être touchés. Les chiffres sont d’ailleurs révélateurs: 10 à 20% des consultations de médecine du sport concernent les fractures de fatigue. Mais le sport n’est pas la seule «pression» à laquelle sont soumis les os. La surcharge pondérale agit également comme une contrainte régulière qui use, à terme, leur solidité.
Savoir lever le pied
Vous avez dit fractures?
On distingue plusieurs types de fractures qui diffèrent en fonction de leur origine.
- La fracture aiguë: Elle fait suite à un choc ou à un traumatisme (chute, coup, torsion) qui provoque la fracture de l’os. Tout le monde peut être concerné.
- La fracture de stress ou de fatigue: Elle fait suite à une fissure de l’os due à une charge ou à des chocs répétés ou excessifs. Elle concerne généralement les sportifs jeunes ou les personnes obèses.
- La fracture par insuffisance: Elle survient sur un os déjà affaibli, par une ostéoporose par exemple, suite à une activité tout à fait normale. Dans la plupart des cas, elle touche la ceinture pelvienne, la colonne vertébrale ou les cols fémoraux. Généralement, les personnes âgées, en particulier les femmes, sont concernées.
La bonne nouvelle pour les sportifs, c’est que ces fractures de fatigue sont le plus souvent évitables, à condition d’être raisonnable. Un effort répété étant à l’origine des microfissures dans l’os, il faut adapter les entraînements sportifs en conséquence: éviter la monotonie des mouvements, s’équiper de chaussures à semelles amortissantes et s’entraîner en alternance sur des sols mous et durs, en évitant de courir sur le bitume. Entre deux phases d’efforts, des moments de récupération suffisamment longs sont essentiels pour le processus de remodelage osseux. Car au repos, l’os, structure vivante et régénérative, se reconstruit.
Quant aux sportifs acharnés, ils doivent malgré tout apprendre à «adopter un entraînement approprié et augmenter progressivement l’intensité de l’effort après une reprise, ce qui permet à l’os de s’adapter aux contraintes», ajoute le Dr John McManus, chirurgien orthopédiste, médecin-chef, co-responsable du service d’orthopédie du Groupement hospitalier de l’Ouest Lémanique (GHOL).«Il est aussi important, poursuit-il, de corriger d’éventuels déséquilibres musculaires ou un manque de souplesse avec un suivi étroit par un physiothérapeute.»
Une assiette riche en calcium
L’alimentation joue également un rôle dans la croissance et le renforcement osseux. Pour prévenir les fractures de fatigue, il est important d’avoir un apport suffisant en calcium, essentiel au métabolisme osseux, et en vitamine D qui en favorise l’absorption. «Un apport insuffisant en calcium est associé à une réduction de la masse osseuse et à un risque plus élevé de fractures de fatigue», explique le Dr McManus, qui rappelle que la consommation journalière recommandée est entre 1000 et 2000 mg de calcium. Privilégiez donc les produits laitiers, les légumes crucifères (brocolis, choux, navets…), les poissons gras (sardines, saumon), les fruits et légumes secs, les œufs ou encore certaines eaux minérales.
De l’importance d’écouter son corps
Une douleur localisée dans les membres inférieurs lors et après l’effort doit vous alerter et faire l’objet d’une consultation médicale. L’erreur à ne pas commettre serait d’ignorer la douleur, de continuer votre activité physique et de péjorer la lésion, rallongeant ainsi le processus de guérison, possiblement de plusieurs mois.
En cas de fracture de fatigue avérée, le traitement préconisé est l’immobilisation de la région affectée et la marche à l’aide de béquilles, pour une durée entre 4 et 8 semaines.
Ensuite, des séances avec un physiothérapeute ou un médecin du sport sont souvent recommandées, pour une reprise progressive et adaptée de l’activité physique.
«La nature fait bien les choses et la chirurgie n’est quasiment jamais indiquée dans les fractures de fatigue, précise le Dr McManus. Le patient est acteur de sa propre guérison à condition qu’il modifie sa pratique sportive».
Pourquoi les femmes sont particulièrement sujettes
Hommes et femmes ne sont pas égaux face aux fractures de fatigue. En effet, à niveau d’activité physique égal, ces dernières sont bien plus exposées que les hommes, près de deux à trois fois plus selon les études. Dans la plupart des cas, les fractures concernent les membres inférieurs des coureuses, mais peuvent aussi survenir dans des zones plus spécifiques: les lombaires chez les gymnastes et les danseuses ou les bras chez les tennis women.
L’une des causes de cette disparité? Les hormones, ou plus précisément un déficit en œstrogènes qui fragiliserait le métabolisme osseux. L’aménorrhée (absence de règle) ou l’oligoménorrhée (moins de cinq cycles par an) peut ainsi être un indicateur de risque chez les sportives. Mais d’autres paramètres constituent des facteurs de risque: une dégradation de la densité osseuse qui est plus précoce chez les femmes que chez les hommes (et accentuée notamment pendant l’allaitement), une mauvaise alimentation, ou encore des troubles du comportement alimentaire comme l’anorexie.
Lorsque ces trois principales composantes sont réunies (troubles de l’alimentation, anomalies du cycle menstruel et masse osseuse basse) on parle alors de «triade de la femme sportive», dont les fractures de fatigue sont une manifestation avérée.
________
Paru dans le Quotidien de La Côte le 23/05/2018.
Gare aux blessures musculaires
Les ligaments croisés antérieurs du genou à l'épreuve du ski
Syndrome douloureux régional complexe: quand une simple blessure cache de longs mois de souffrance
Têtes au foot et lésions cérébrales
La larvothérapie ou quand des asticots pansent les plaies
Morsure d'animal
Les morsures d'animaux peuvent être superficielles ou profondes. Elles peuvent se compliquer d'une infection, d'un tétanos ou de la rage et, s'il s'agit d'un serpent, d'une envenimation.
Entorse de la cheville
Une entorse est une lésion des ligaments de la cheville, le plus souvent suite à un mauvais mouvement du pied. A l'exception des entorses graves, la plupart guérissent sans complication.