La douleur sous hypnose
Un peu d’histoire
L’hypnose est une méthode datant du XVIIIe siècle qui, depuis ces dernières années, reprend de l’importance, en particulier dans le traitement de la douleur. Récemment, l’imagerie cérébrale a prouvé qu’il existe bien un état hypnotique et qu’il peut influencer la douleur.
Pendant longtemps, les auteurs et praticiens ne comprenaient pas exactement la définition de l’hypnose. On a pensé à une forme de sommeil, par exemple. Actuellement, faire de l’hypnose, c’est entrer dans un certain état de conscience dans le cadre d’une relation avec un praticien et dans le sens d’objectifs souhaités.
Un état de conscience naturel
L’état hypnotique est un état naturel, banal, qui peut se produire lors de contextes de concentration ou de focalisation de l’attention (lorsque tout le reste ne compte plus). Cela arrive par exemple lors d’une tâche qui demande de la concentration ou lorsqu’on laisse son attention être emportée par les mouvements des nuages.
La douleur, une expérience subjective
Il existe des stimuli réels de la douleur, au niveau du corps (par exemple lorsque l’on se coupe, se brûle, etc). Mais au-delà de ces stimuli, la perception de la douleur est très subjective. Une même intensité peut être perçue comme supportable ou non, selon le seuil de douleur de la personne concernée ainsi que de ses représentations. L’hypnose ne peut pas supprimer les influx nerveux, mais par contre peut diminuer la sensation de pénibilité ou connoter la douleur différemment afin de la rendre plus supportable. Il s’agit de travailler sur l’imaginaire afin de modifier sa perception de la réalité.
Concrètement, ça donne quoi?
Par exemple, si un patient hypnotisé a le poing fermé et qu’on lui demande de le laisser s’ouvrir à mesure que sa douleur devient supportable, il aura l’impression que son poing peut libérer sa douleur.
Un autre exemple serait un patient devant subir un examen médical douloureux. Imaginer qu’il se trouve non pas allongé sur un brancard mais sur son lit dans l’univers protecteur de sa chambre peut changer son expérience douloureuse lors de l’examen.
L’hypnose pour quels types de douleurs?
L’hypnose a démontré son efficacité dans les douleurs provoquées par les soins (par exemple chez les grands brûlés), en salle d’accouchement, dans des cas de cancer, d’arthrose juvénile (arthrose chez les enfants), de douleurs neurologiques, de migraines, de maux de tête et de douleurs abdominales.
Une relation de confiance avant tout
L’efficacité de l’hypnose dépend peu du «degré d’hypnotisabilité». Autrement dit, il n’y a pas de personnes chez qui l’hypnose fonctionne mieux. La qualité de l’hypnose dépend avant tout de l’interaction avec le thérapeute, des suggestions du thérapeute, des attentes et de la motivation du sujet, du contexte social et culturel. Pour le thérapeute, cela demande une bonne capacité d’écoute et une formation spécifique.
Référence
Adapté de «Hypnose et douleur: connaissances actuelles et perspectives», par Pr Antoine Bioy, Centre de prise en charge des douleurs et soins palliatifs, CHU Bicêtre, Institut français d’hypnose, Paris, France. In Revue médicale suisse 2012;8:1399-403, en collaboration avec les auteurs.
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