La douleur peut se lire dans les yeux
Les yeux, dit-on, sont le miroir de l’âme. Les pupilles, elles, offriraient un bon reflet de la douleur, ajoutent des médecins de l’INSERM (Institut national français de la santé et de la recherche médicale) à Paris, qui ont trouvé le moyen d’évaluer son intensité.
La souffrance est en effet une notion subjective. La seule technique dont on dispose pour l’estimer consiste à interroger la personne concernée, en lui demandant de noter l’intensité de sa souffrance sur une échelle de 1 à 10. Pour trouver une méthode d’évaluation objective, Jean Guglielminotti et ses collègues parisiens se sont donc intéressés à la pupille, en partant du principe que son diamètre et sa contraction après une stimulation lumineuse évoluent avec la douleur.
Tests sur des parturientes
L’idée a été testée sur une trentaine de femmes en train d’accoucher. Les chercheurs ont placé, devant un des yeux des parturientes, une caméra qui recueille les données en une fraction de seconde. Puis ils ont mesuré l’état de leur pupille durant les contractions (très douloureuses) et entre celles-ci, de même qu’avant et après qu’elles aient été soulagées par une péridurale (injection d’un liquide analgésique). Ils ont ainsi pu constater que lorsque la femme souffre ses pupilles se dilatent et qu’en même temps, elles se contractent plus fortement en présence de lumière. Ils ont ainsi confirmé qu’il existe un lien direct entre la douleur et la réaction des pupilles.
Cette étude «est intéressante, bien qu’elle ne concerne que la douleur aigue», commente Philippe Mavrocordatos. Le responsable du Centre pluridisciplinaire de la douleur de la Clinique Cecil à Lausanne n’est toutefois pas surpris de ces résultats. «On sait que la pupille reflète le tonus du système nerveux sympathique en cas de stress»; il est donc logique qu’elle «reflète indirectement la douleur». D’ailleurs, précise le médecin, «nous nous servons depuis très longtemps de ce signe indirect. Lorsqu’un patient est sous anesthésie générale, le diamètre de sa pupille est pour nous un indicateur parmi d’autres de la profondeur de l’anesthésie».
Chacun son propre témoin
De leur côté, les médecins français ne cachent pas que leur méthode a encore des limites. En effet, elle ne permet pas de distinguer une personne qui souffre d’une autre qui ne souffre pas, car chacune a son propre seuil de douleur. «Néanmoins, précise Jean Guglielminotti, chaque individu pourrait être son propre témoin. En mesurant l’évolution de l’état de sa pupille au cours du temps, par exemple avant et après un traitement antalgique, il serait possible de déterminer l’évolution de la douleur et de savoir si le traitement a été efficace ou non.»
En revanche, la méthode reste inopérante chez ceux qui pourraient le plus en bénéficier: les patients en salle de réveil ou plongés dans le coma qui sont inconscients et donc incapables de s’exprimer. Dans ce cas, il faudrait disposer de mesures préalables de leur pupille en l’absence de douleur, ce qui paraît difficile. C’est à ce nouveau défi que les chercheurs vont maintenant s’attaquer en essayant de contourner cet obstacle.
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