Pour une glisse sans accrocs

Dernière mise à jour 28/12/16 | Article
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Sur les pistes, gare aux genoux des skieurs et aux poignets des snowboardeurs. Quant au casque, portez-le!

Le ski, ça casse. Le snowboard aussi. Loisir largement pratiqué en Suisse, les sports d’hiver apportent chaque année leur lot de blessures et d’accidents. Selon le Bureau de prévention des accidents(BPA) qui en tient la statistique, quelque 65 000 résidents suisses – skieurs ou snowboardeurs– nécessitent chaque année des soins médicaux après une blessure sur les pistes. Exposé des dégâts.

Pour les skieurs, les genoux sont le plus souvent touchés, dans 37% des accidents. La lésion typique est une rupture des ligaments. «Le plus fréquemment touché est le ligament collatéral médial, puis le ligament croisé antérieur», explique le Dr Maxime Grosclaude, médecin du sport à l’Hôpital de La Tour à Genève. En effet, les contraintes sur les genoux sont énormes dans les virages, d’autant plus depuis l’avènement des skis carving.

Un ligament qui claque, c’est une douleur brutale. Le genou gonfle souvent, il peut être difficile à bouger et on peut avoir l’impression que la jambe se dérobe. Selon l’âge et l’athlétisme du patient, on préférera un traitement de physiothérapie ou au contraire une opération.

Le poignet trinque

Faites contrôler les fixations

«Faites régler vos fixations avant chaque saison», c’est le message sur lequel le Bureau de prévention des accidents (BPA) insiste cette année. Pour l’occasion, il remet au goût du jour sur les petits écrans une publicité vieille de vingt-cinq ans mettant en scène Roger Moore, le plus suisse des 007. Le but d’une fixation? Libérer la chaussure du ski en cas de chute. Séparées du ski, les jambes risquent moins de se tordre à sa suite. Si elle remplit son office, la fixation diminue donc le risque de fractures de la jambe sous le genou et de traumatismes de la cheville. Mais, justement, pour remplir sa mission, la fixation doit être bien réglée. Dans un commerce qui vend des skis, un professionnel s’en chargera. Muni de votre poids, avec quelques questions sur votre pratique et votre expérience du ski, celui-ci déterminera à quel point la fixation doit se libérer facilement ou non. Et le jeu en vaut la chandelle, aussi pour les traumatismes du genou. «Dans une étude sur les luxations ligamentaires au ski, on a constaté que, dans la quasi-totalité des cas, la fixation aurait dû s’ouvrir mais qu’elle ne l’avait pas fait», relate le Dr Grosclaude. Et donc qu’elle était probablement mal réglée.

Chez les snowboardeurs, ce sont les poignets qui remportent la palme, touchés dans 17% des accidents. «Après une faute de carre, les pieds solidement attachés à leur planche, les surfeurs tombent sur le poignet complètement replié vers l’avant ou l’arrière», détaille le spécialiste. A la clé, toute une gamme de traumatismes possibles: entorse simple, lésion des ligaments des os du carpe, fracture, voire fracture déplacée. «Il ne faut pas banaliser ces atteintes et consulter un médecin, insiste le Dr Grosclaude. Une radiographie sera effectuée, elle suffit généralement pour déterminer le traitement adapté.» Il pourra s’agir d’une immobilisation ou d’une opération selon la gravité et le type d’atteinte. Le BPA recommande aux snowboardeurs l’utilisation de protège-poignets dont on estime qu’ils diminuent de 40% le risque de lésions du poignet. Leur popularité semble cependant décroître d’année en année puisque, selon les pointages du BPA, seul un rider sur quatre en portait l’an dernier. Autre partie du corps fréquemment touchée dans les accidents, tant en ski qu’en surf, l’épaule, dans 12% des cas. Si l’on tombe sur l’épaule, il arrive que l’extrémité de l’os du bras, l’humérus, sorte de l’articulation. La personne a mal et le sentiment que quelque chose s’est déboîté.

«Surtout, ne remettez pas l’épaule sur la piste», recommande le spécialiste. Cela risquerait de déplacer la fracture ou d’endommager des nerfs. Après un examen, un médecin sera à même de réduire la fracture, parfois sous anesthésie. En cas de fracture, l’épaule est opérée ou immobilisée.

Casque plébiscité

Enfin, les impacts sur la tête sont malheureusement assez fréquents. Ils arrivent dans un accident sur dix. Les skis carving ont d’ailleurs augmenté ce risque car on chute davantage en arrière ou en avant, explique le Dr Grosclaude.

Un tel choc fait redouter un traumatisme cranio-cérébral dont les séquelles peuvent être très importantes. Une perte de connaissance –même de quelques secondes–, doit vous alerter, de même que des maux de tête, nausées, vomissements, troubles de la vision ou fourmillements. Au moindre doute, il vous faut consulter un médecin.

Heureusement, le port du casque s’est popularisé ces dix dernières années au point d’être quasi systématique aujourd’hui et il est prouvé qu’il réduit significativement le risque de blessure de la tête.

Un tempo adaptable

Comment éviter l’accident? Pas de miracle, la prudence paie: «Il faut connaître ses limites, ne pas jouer les têtes brûlées, se souvenir aussi que l’on est plusieurs sur la piste», préconise le Dr Grosclaude. Attention aussi à l’alcool. «Il diminue les réflexes et le contrôle sur la musculature», prévient le médecin. Autrement dit, le risque de blessure augmente et le risque qu’elle soit grave aussi. «Ski et alcool, c’est un très mauvais mélange. Cela devrait être proscrit, au même titre que la conduite en état d’ivresse.»

Mais pour autant, pas question de se refuser des descentes qui, in fine, sont bonnes pour la santé et le moral! «Le ski a un côté social très plaisant. Il permet, malgré tout, un contact avec la nature. Et surtout, c’est un sport que l’on peut complètement adapter à sa condition physique: vous pouvez skier à fond comme y aller tranquillement, on gère son effort», se félicite le médecin du sport.

Les accidents aux sports d’hiver en chiffres

Snowboard plus risqué

Selon les chiffres du BPA, on connaît deux fois plus d’accidents en snowboard qu’en ski par heure de pratique. Pour autant, les accidents de snowboard sont beaucoup plus rares car il est beaucoup moins pratiqué.

Gare à la poudreuse

Le BPA classe les accidents selon le type de neige, et la poudreuse arrive première (43% des cas). «Les contraintes sont supérieures, le contrôle plus difficile, explique le Dr Grosclaude. La neige peut-être lourde et le risque de torsion des genoux est accru.»

Chocs sur la piste

Les chocs entre skieurs ne concernent que 6% des accidents. Porte-parole du BPA, Magali Dubois en tire la conclusion que «le danger ne vient pas forcément des autres, mais aussi et surtout de soi-même». Elle appelle donc logiquement à une vigilance individuelle. Pour autant, il faut être extrêmement attentif aux autres sur les pistes. En effet, les collisions sont source de traumatismes multiples et peuvent donc être particulièrement graves.

Des progrès accomplis

Depuis les années 1970, le risque de blessures a été divisé par deux dans les sports de neige, note le BPA. Qui attribue ce résultat à un meilleur équipement et à des descentes mieux préparées.

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