Randonneurs, ne mangez pas tout sur votre passage!

L'échinoco-quoi?

L’échinococcose est une maladie du renard causée par un parasite appelé Echinococcus. 30 à 70% des renards de la chaîne du Jura et du Plateau seraient contaminés. Ce chiffre diminue dans les grandes villes comme Lausanne et Zurich (40%) et dans les Alpes (10 à 30%).

L’homme peut s’infecter par deux manières. La plus fréquente est de manger des végétaux souillés par les selles d’animaux qui contiennent des parasites. La seconde est beaucoup plus rare et se fait par le sang: par exemple lorsqu’un chasseur dépèce un animal et qu’une plaie (même petite) entre en contact avec les parasites.

L’echinococcose ne s’attrape pas en mangeant de la viande contaminée.

CC BY monosodium/morgueFile

Une fois que le parasite s’est infiltré dans l’homme, il provoque des lésions qui ressemblent à des tumeurs. Il peut se loger dans différents organes, mais dans 99% des cas c’est le foie qu’il va toucher. Il faut ensuite compter environ 15 ans avant que les symptômes n’apparaissent. C’est donc une maladie silencieuse pendant de nombreuses années et il est possible de ne pas s’en apercevoir. L’âge moyen au moment du diagnostic est de 54 ans.

Les symptômes les plus fréquents sont des douleurs du ventre (souvent en haut à droite) pouvant durer des années, une jaunisse et parfois de la fièvre. Le traitement est le plus souvent chirurgical.

Pour éviter l’échinococcose

• Eviter tout contact avec les renards
• Se laver les mains après contact avec un animal et après avoir touché des végétaux (jardinage)
• Cuire ou frire les aliments que vous récoltez dans les champs, les forêts ou les jardins du Plateau et du Jura
• Consommer les baies cueillies à plus de 50 cm au dessus du sol. Celles-ci sont sans danger car trop hautes pour les renards, il suffit donc de bien les laver avant de les manger.

Quand les champignons s'y mettent

CC BY tuc0/morgueFile

Il existe environ 5000 espèces de champignons dont 50 à 100 vénéneuses. En Suisse, on compte environ 70 intoxications par année, mais il semble que beaucoup de cas ne soient pas déclarés. La majorité des intoxications est due à une mauvaise identification du champignon. Certaines personnes sont plus à risques que d’autres, en raison de leur âge et de leurs comportements:

• Les enfants: ils se rendent peu compte du risque qu’ils prennent. Ainsi, 90% des intoxications concernent des enfants, en particulier ceux de moins de 6 ans.
• Les personnes âgées: elles ont plus de difficultés à identifier les champignons
• Les cueilleurs: ils suivent parfois certains mythes, comme par exemple la présence ou l’absence d’insectes sur les champignons, l’apparition d’une coloration argentée sur les ustensiles de cuisine causée par les champignons vénéneux.
• Les émigrés: ils suivent parfois les repères concernant les champignons domestiques de leurs pays d’origine, qui peuvent être différents de ceux de Suisse.
• Les individus qui recherchent des hallucinations
• Les cueilleurs qui récoltent et consomment tout ce qu’ils trouvent sur leur passage

La consommation de champignons est le mode d’intoxication principal. Quelques cas d’intoxication par le lait maternel ont été observés. Souvent, les intoxications sont mixtes, c’est-à-dire qu’elles sont dues à l’ingestion de plusieurs sortes de champignons.

Pour donner un coup de main à votre médecin

Certaines informations sont primordiales pour poser le diagnostic exact. Dans la mesure du possible, essayez de compter le temps écoulé entre l’ingestion du champignon et l’apparition des symptômes, la durée et la manière dont vous avez conservé les champignons, le nombre d’espèces de champignons avalés. Demandez aux personnes qui étaient avec vous si elles en ont mangé et si elles ont eu les mêmes symptômes que vous.

Conseils aux amateurs de champignons

• Cueillez uniquement les spécimens que vous connaissez bien
• Transportez-les dans un récipient aéré (par exemple un panier)
• Avant de les préparer, montrez-les aux spécialistes du contrôle des champignons. (Service gratuit: www.vapko.ch/fr/controleur/index.php)
• Ne vous fier pas aux conseils des amateurs de votre entourage (y compris les mythes mentionnés ci-dessus)
• Ne mangez pas de champignons crus
• Préparez et consommez immédiatement les champignons frais
• Les plats à base de champignons peuvent être réchauffés à condition de les garder au réfrigérateur un bref intervalle et de bien les cuire

Les troubles survenants après la consommation de champignons ne sont pas toujours dus à l’ingestion d’éléments vénéneux, d’autres causes sont possibles. Si vous présentez des malaises après avoir mangé des champignons ou que vous suspectez une intoxication, appelez immédiatement votre médecin. Le Centre suisse d’information toxicologique peut également vous renseigner (téléphone: 145)

Continuez donc à préparer vos poêlées de champignons, à déguster des baies sur votre passage et à servir vos desserts des bois, tout en contrôlant soigneusement tous vos ingrédients. Bon appétit !

Pour en savoir plus

Intoxications alimentaires: traquons les microbes! http://www.planetesante.ch/Mag-sante/Mon-alimentation/Intoxications-alimentaires-traquons-les-microbes

Référence

Adapté de «Randonnée: conseils utiles aux patients (2^e partie)», Ismaïl Labgaa, Olivier Pasche, Jacques Cornuz, Nermin Halkic,  in Revue Medicale Suisse, n° 319, novembre 2011, en collaboration avec les auteurs

RMS-319