Dormir, un processus par étapes
Comme tous les mammifères, nous sommes dotés d’une horloge interne située dans une petite structure –le noyau suprachiasmatique– qui se trouve dans l’hypothalamus, au centre de notre cerveau, derrière nos yeux. Cette pendule biologique est réglée sur un rythme circadien qui dure un peu plus de 24 heures. Elle se synchronise avec le jour et la nuit en fonction de la lumière et, lorsque le jour touche à sa fin, elle nous envoie des signaux pour nous avertir qu’il est l’heure de dormir. C’est elle qui fait diminuer la température de notre corps lorsqu’il est temps de nous mettre au lit. C’est elle aussi qui, lorsque la lumière baisse, incite notre glande pinéale, située au centre de la tête sous le cerveau, à sécréter de la mélatonine, que l’on appelle à juste titre «l’hormone du sommeil».
Les différentes phases du sommeil
Le premier stade de notre cycle de sommeil est l’endormissement. Une fois la lumière éteinte, nos paupières se ferment, notre respiration devient plus lente, nos muscles se relâchent, notre cerveau fonctionne au ralenti. Cette phase dure en moyenne un quart d’heure. C’est une sorte de demi-sommeil pendant lequel on est parfois capable de percevoir les bruits de l’environnement. Nos muscles, qui sont pourtant détendus, subissent des petites contractions qui nous donnent parfois l’impression que nous tombons brusquement dans le vide. C’est désagréable, mais cela n’a rien d’inquiétant.
Puis survient une phase plus longue, le sommeil lent léger. Ce stade occupe environ la moitié de la durée du sommeil. Ce sommeil est plus profond que le précédent, mais reste assez léger et nous pouvons encore nous réveiller relativement facilement.
Durant la phase suivante, le sommeil lent profond, notre cerveau se met au repos, notre respiration devient encore plus régulière, notre cœur bat mollement et notre tonus musculaire diminue. Il est très difficile de s’extraire de ce type de sommeil; lorsque l’on nous réveille à ce moment-là, nous avons les jambes qui flanchent et nous nous sentons groggy. Ce sommeil profond est le plus réparateur: plus il dure longtemps, plus on a l’impression d’être reposé.
Finalement intervient le sommeil paradoxal. A ce stade, nos yeux n’arrêtent pas de bouger dans leurs orbites, alors que nos muscles restent flasques et que notre corps est comme paralysé. Quant à notre cerveau, il fonctionne à plein régime, au point que les ondes cérébrales enregistrées par électro-encéphalographie (EEG) sont quasiment les mêmes que pendant l’éveil. C’est à ce stade que nous rêvons le plus. Notre respiration se fait alors plus irrégulière et notre cœur bat au rythme du contenu émotionnel de nos rêves.
Des cycles répétés
Après la période d’endormissement, nous enchaînons habituellement quatre à six de ces cycles de sommeil –lent léger, lent profond, puis paradoxal– qui durent chacun environ une heure et demie. C’est lors des premiers de ces cycles que le sommeil profond est le plus important, c’est pourquoi il est si difficile de nous réveiller au début de la nuit. Puis ce sommeil laisse de plus en plus de place au sommeil paradoxal qui devient plus long en fin de nuit.
Excitations nocturnes automatiques
Quel que soit le contenu de nos rêves, le sommeil paradoxal s’accompagne fréquemment d’un gonflement des organes sexuels chez l’homme comme chez la femme, sans que l’on sache pourquoi. Ce phénomène est utile pour connaître les causes de l’impuissance d’un homme: s’il a une érection pendant son sommeil paradoxal, c’est signe que son organisme fonctionne correctement et que son problème est essentiellement d’ordre psychologique.
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Adapté de J’ai envie de comprendre… Le sommeil, de Elisabeth Gordon, en collaboration avec Raphaël Heinzer & José Haba-Rubio, Editions Planète Santé, 2016.
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