Les mystères du bégaiement
(TEXTE Aude Raimondi)
La parole est un geste complexe, qui combine des actions du larynx, de la bouche, de la langue, des oreilles, et de différentes zones cérébrales interconnectées. Chez une personne bègue, la coordination entre ces différents organes est perturbée. Un trouble stigmatisant, qui peut peser lourd sur le quotidien. Longtemps considéré comme une maladie psychologique, le bégaiement est aujourd’hui reconnu comme un symptôme et non plus comme un comportement.
Evénement traumatisant
Chez les jeunes enfants, il arrive parfois que le bégaiement s’installe du jour au lendemain, sans raison apparente. Dans certains cas, un événement traumatisant peut être «la goutte d’eau qui fait déborder le vase» et déclencher le trouble. Cependant, un événement n’est généralement pas le seul responsable. Il se combine avec d’autres paramètres, comme une prédisposition génétique, des connexions cérébrales atteintes, des problèmes d’articulation ou encore une pression de l’entourage.
Prédispositions génétiques
Il existe une prédisposition génétique au bégaiement, liée à une mutation sur les chromosomes dix et douze. En 2015, des scientifiques sont parvenus à copier sur des souris une variante génétique propre aux bègues. Les souris se mettaient alors à émettre de petits couinements répétés, que l’on peut associer à une forme de bégaiement. Une preuve que ce trouble de la parole a bel et bien des origines neurologiques et pas uniquement psychologiques.
Réagir assez tôt
Il n’existe actuellement aucun médicament capable de traiter le bégaiement. En revanche, de bons résultats sont obtenus grâce à la logopédie spécialisée. Si une thérapie est entamée assez tôt dans la vie du jeune enfant bègue, il y a de bonnes chances pour que le trouble ne s’installe pas définitivement. Les parents peuvent également aider leur enfant en adoptant eux-mêmes certains comportements, comme par exemple ne jamais terminer les phrases de l’enfant à sa place, ne pas lui dire de se calmer quand il croche sur un mot ou encore veiller à ne pas le stimuler de manière excessive.