Traitement de la calvitie: plusieurs solutions existent

Dernière mise à jour 19/11/18 | Article
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C’est peut-être votre cas: votre crâne se dégarnit lentement mais sûrement, et vos cheveux se font de plus en plus rares… Pour ceux que cela incommode trop, de multiples solutions existent.

Ce phénomène n’a rien d’anormal, il s’agit généralement d’une «calvitie androgénétique», très répandue chez les hommes après 50 ans. Chez certains, la chute des cheveux commence même beaucoup plus tôt, parfois avant 20 ans. «L’alopécie androgénétique est l’accentuation d’un processus physiologique naturel, qui se manifeste simplement de façon plus précoce que la normale», rappelle le Pr Wolf-Henning Boehncke, médecin chef du Service de dermatologie et vénéréologie aux Hôpitaux universitaires de Genève (HUG). «Ce n’est pas une maladie».

Pourtant, si elle devient un complexe, la calvitie peut se traiter. Des traitements naturels aux greffes en passant par les médicaments, les solutions sont nombreuses.

Le marché des «remèdes naturels»

Que ce soit au travers d’une «recette de grand-mère» transmise de génération en génération, d’une lotion capillaire home made ou d’une cure de compléments alimentaires, certains nutriments sont reconnus pour leur action bénéfique sur la chevelure. Le germe de blé, le millet, le thé vert, la levure de bière, l’huile de ricin, l’huile essentielle de cèdre, mais aussi les protéines, vitamines et minéraux, sont ainsi réputés booster l’afflux sanguin, accélérer le cycle capillaire, ou encore renforcer la chevelure, lui donnant un aspect plus dense. Un marché très rentable s’est donc organisé autour de la lutte contre la calvitie: l’offre est prometteuse, l’accès est facile et ne nécessite pas d’ordonnance médicale, et les risques, quasi inexistants. Mais si ces produits trouvent de nombreux adeptes, le Pr Boehncke met cependant en garde contre leur inefficacité sur l’alopécie androgénétique : «Par définition, elle n’est pas liée à un déficit quelconque mais à un phénomène naturel. On trouve tout et n’importe quoi sur Internet, mais ces compléments ne sont pas standardisés et aucune étude contrôlée n’a permis de mettre en avant leur efficacité sur ce type de calvitie ».

Les médicaments, dans quels cas?

Depuis les années 90, plusieurs solutions médicamenteuses ont été mises au point. Parmi elles, le Finastéride, qui reste certainement l’un des médicaments les plus prescrits. A l’origine utilisé pour traiter l’hypertrophie bégnine de la prostate, il a par la suite été formulé pour lutter contre la calvitie. En inhibant l’action de l’enzyme responsable de la transformation de la testostérone en DHT, hormone responsable de la chute des cheveux, il permet en effet de ralentir efficacement le processus, non sans risque d’effets secondaires (lire encadré). Pour faire simple, il modifie le signal hormonal pour demander au follicule de continuer à produire des cheveux. Sur le papier, le Finastéride pourrait donc relancer la production des follicules pileux inactifs et faire repousser les cheveux même après leur disparition. Mais le Pr Boehncke tempère: «On ne peut pas faire de miracles. J’avertis toujours mes patients que le traitement ne permet généralement pas de faire repousser les cheveux là où ils ont disparu, mais ralentit simplement le processus physiologique inévitable de la chute, en permettant de stabiliser la situation pendant quelques années».

L’action bénéfique n’est donc pas définitive: en cas d’arrêt du médicament, la perte de cheveux reprend immédiatement.

Le spécialiste préfère donc orienter vers d’autres solutions: «Certes, le Finastéride est la solution médicamenteuse la plus efficace, mais lorsqu’un patient veut traiter une calvitie androgénétique, je lui propose plutôt une solution locale, entraînant moins d’effets secondaires, comme le Minoxidil».

Contrairement au Finastéride, le Minoxidil se présente sous forme d’une lotion qui s’applique directement sur le cuir chevelu, quotidiennement. Développé à l’origine pour traiter l’hypertension, il provoque une vasodilatation des vaisseaux sanguins, ce qui favorise l’activité du follicule pileux. Ses quelques effets secondaires (irritation locale, eczéma, baisse de la tension artérielle…) restent plutôt bénins et cessent à l’arrêt du traitement.

Et la greffe?

Autre solution pour ceux qui ne s’accommodent pas de leur calvitie: la greffe. On parle même désormais de «micro-greffe» car les cheveux du patient ne sont plus réimplantés par groupes mais individuellement, sur les zones dégarnies. Pour cela, on prélève des greffons folliculaires dans la zone occipitale –à l’arrière de la tête– par excision. «C’est une zone épargnée par la calvitie chez la plupart des hommes», explique le Dr Michael Mühlstädt, responsable de l’Unité de dermato-chirurgie des HUG. «L’intervention se fait sous anesthésie locale. Il subsiste une petite cicatrice, mais qui sera cachée par les cheveux.»

A court terme, le résultat d’une micro-greffe est bluffant. Mais le dermatologue met en garde: «Il est impératif que celui qui pratique la greffe ait une bonne expertise technique et qu’il soit également capable de prévoir l’évolution de la calvitie et de positionner les greffons de manière à ce que l’aspect reste naturel, sinon, le risque est de se retrouver avec une zone greffée isolée des autres cheveux qui, eux, vont finir par disparaître.»

Outre la micro-greffe, certaines cliniques spécialisées font éloge de la technique du PRP (platelet rich plasma), qui consiste à injecter du plasma sanguin dans le cuir chevelu avec comme promesse de ralentir la chute et de stimuler la repousse. Une technique assez coûteuse, qui, comme la greffe, peut nécessiter plusieurs séances et quelques centaines de francs selon la sévérité de la calvitie.

Notez par ailleurs qu’aucun traitement médicamenteux ou chirurgical n’est remboursé dans le cas d’une alopécie «naturelle» androgénétique, le problème étant considéré comme purement esthétique.

Reste alors une alternative peu coûteuse et sans effet indésirable: accepter l’inexorable vieillissement du corps (et des cheveux), en faisant fi de la pression sociale et des stéréotypes masculins idéalisés. Bruce Willis, Seal ou encore Zinédine Zidane y sont parvenus… pourquoi pas vous?

Finastéride: attention aux effets secondaires

Le Finastéride (aussi connu sous son nom commercial PROPECIAâ), largement prescrit pour son efficacité notable sur la perte de cheveux, fait depuis peu l’objet de batailles judiciaires, notamment au Canada où des associations de victimes réclament son retrait du marché. Elles mettent en cause la gravité des effets indésirables sur la santé sexuelle et psychologique. A l’image du jeune Théo (contacté par le biais de l’associationfrançaise AVFIN), qui nous a détaillé les effets dont il est victime: «D’un seul coup, c’était comme si mon corps s’était éteint. D’une part, ma sexualité, avec une perte de désir, une impuissance totale, les parties génitales affectées. D’un point de vue mental aussi, avec une perte de motivation et de personnalité, une incapacité à me concentrer, des brouillards mentaux atroces, des envies suicidaires…»Contacté au sujet des effets secondaires du PROPECIAâ, le laboratoire Merck Sharp & Dohme, fabricant du médicament et propriétaire du brevet, nous a indiqué qu’il communiquait «de manière proactive avec les autorités sanitaires et les fournisseurs de prestations pour mettre rapidement à disposition des informations complètes sur tous (ses) médicaments.» La notice du PROPECIAâ 1 mg[1], régulièrement mise à jour, met ainsi en garde contre la possibilité d’effets indésirables: des troubles de l’érection, une baisse de la libido, une anomalie de l’éjaculation, ou encore un gonflement mammaire.

Des effets –en particulier les troubles sexuels– qui peuvent persister plusieurs années[2] après l’arrêt du traitement. «C’est le paradoxe de ce médicament: il faut l’utiliser suffisamment tôt pour qu’il soit efficace, mais ses effets peuvent impacter durablement la vie sexuelle et le moral des hommes jeunes en particulier, explique le Pr Boehncke. C’est notre responsabilité de médecin de proposer la solution adéquate au cas par cas, d’informer sur les risques et de conseiller l’arrêt du traitement dès les premiers effets indésirables.»

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Paru dans Le Matin Dimanche le 21/10/2018.

[1] http://www.merck.ca/static/pdf/PROPECIA-PM_F.pdf

[2] https://peerj.com/articles/3020/

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