Au secours, je perds mes cheveux!

Dernière mise à jour 03/06/24 | Article
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Passagère ou irréversible, soudaine ou progressive, liée ou non à une maladie: la chute de cheveux peut prendre de multiples formes. Même bénigne, elle peut avoir un fort impact psychologique.

«J’ai reçu de nombreuses femmes en détresse. Elles avaient perdu leur confiance en elles et s’isolaient», se rappelle la Dre Sadaf Sanii, médecin-assistante au Service de dermatologie et vénérologie des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG). «L’un de mes patients m’a même dit qu’il songeait à se suicider», ajoute la Dre Yassaman Götti-Alipour, cheffe de clinique dans le même service. C’est dire que la perte de cheveux laisse rarement indifférentes les personnes qui la subissent. Ses conséquences psychologiques sont parfois «énormes», souligne la Dre Sanii. Même dans les cas les plus bénins.

Comment poussent les cheveux?

La croissance des cheveux s’effectue par cycles de quatre phases:

  1. La phase anagène, période de croissance qui dure entre deux et six ans; 90% de notre chevelure est dans cette phase.
  2. Une brève phase catagène, arrêt de croissance du cheveu, de deux semaines.
  3. Une phase télogène, étape de repos allant jusqu’à trois mois.
  4. Une phase exogène lors de laquelle les cheveux tombent.

Un nouveau poil commence alors à pousser dans le follicule et le cycle recommence. Il se reproduit entre vingt-cinq et trente-six fois au cours de notre vie.

Pendant la phase exogène, nous perdons normalement quotidiennement entre 50 à 200 cheveux (sur les 100 000 à 150 000 que compte la chevelure). Quand il en tombe plus de 200 par jour, cela devient anormal ou pathologique.

L’alopécie, comme les médecins la nomment, peut prendre de multiples formes. Elle peut n’être que passagère ou au contraire définitive lorsqu’elle est due à la destruction complète des follicules pileux (on parle dans ce cas d’alopécie cicatricielle). Elle peut être liée à des maladies auto-immunes – telles que le lupus – ou être la conséquence d’un traitement comme la chimiothérapie. Elle peut aussi être provoquée par le mode de coiffage (la traction exercée notamment sur les cheveux crépus lorsqu’ils sont régulièrement nattés et démêlées les fragilise) ou causée par un stress important (lire encadré). 

Hormones et génétique

Toutefois, la plus fréquente des alopécies est celle qualifiée d’androgénétique (AAG). «Comme son nom l’indique, ce processus est sous l’influence des hormones et de la génétique», explique la Dre Götti-Alipour. Elle est particulièrement répandue dans la population, puisqu’elle concerne 80% des hommes entre l’adolescence et l’âge de 30 ans – «à des degrés très différents», souligne la dermatologue – et environ 50% des femmes de 70 ans. Chez les premiers, le crâne commence à se dégarnir «sur la lisière frontale et au niveau des tempes», précise la Dre Sanii, alors que chez les secondes, «l’atteinte est plus diffuse et ce sont les différentes raies dans les cheveux qui s’élargissent». 

Pour traiter l’AAG, les dermatologues utilisent des médicaments. «Seuls deux d’entre eux sont approuvés», déplore la Dre Götti-Alipour. Il s’agit du finastéride, commercialisé sous deux formes, locale et orale, et réservé à l’AAG masculine, et du minoxidil topique, disponible pour les hommes et les femmes. «Ce dernier médicament était au départ conçu pour lutter contre l’hypertension. Il dilate les vaisseaux, augmentant donc le flux sanguin allant vers le cuir chevelu et ainsi, l’apport de facteurs de croissance», explique la cheffe de clinique. 

Ce traitement est bien toléré et efficace, bien que ses effets ne soient visibles qu’au bout de six mois. Toutefois, «dès que l’on cesse de le prendre, les cheveux se remettent à tomber, souligne la Dre Sanii. C’est donc un traitement à vie dont certaines personnes se lassent. Il est en effet très contraignantpuisqu’il nécessite d’appliquer la solution sur le cuir chevelu deux fois par jour». 

Le finastéride est, lui aussi, «très efficace, constate la médecin-assistante. Cependant, chez certains hommes, il provoque des troubles érectiles ou une baisse de la libido qui heureusement, dans la plupart des cas, cessent lorsqu’on arrête le traitement». 

Consulter rapidement

Pour améliorer les résultats, il est possible d’associer aux médicaments d’autres types de traitements. L’un d’eux consiste à injecter aux patients et patientes leur propre plasma riche en plaquettes qui renferme de nombreux facteurs de croissance. Un autre est la photobiomodulation, qui «stimule la croissance des cheveux à l’aide d’un laser de faible énergie, précise la Dre Sanii. Cette thérapie ne semble pas avoir d’effets secondaires et peut même être pratiquée chez soi, à l’aide de casques conçus à cet effet». Il est également possible de recourir à un aiguilletage de la peau. «En faisant de minuscules trous dans le cuir chevelu, on stimule la libération des facteurs de croissance et on favorise la formation de collagène, tout en facilitant la pénétration des médicaments locaux tels que le minoxidil», explique la Dre Götti-Alipour. Quoi qu’il en soit, «les personnes qui perdent leurs cheveux doivent consulter rapidement, car si l’alopécie est bien installée, on ne peut plus rien faire», souligne la dermatologue. 

Si tel est le cas ou si les traitements n’ont pas été couronnés d’effets, reste la greffe capillaire, qui consiste à prélever des cheveux dans les zones où ils sont encore nombreux puis à les réimplanter dans les parties dénudées. Mais, prévient la Dre Götti-Alipour, «l’implantation n’est possible que lorsque l’alopécie est stabilisée; elle ne peut pas se faire dans la phase où l’on perd beaucoup de cheveux». 

Dernière option, le camouflage à l’aide de perruques, de toupets, de poudres pigmentées (de la couleur des cheveux, elles diminuent le contraste entre ces derniers et la peau nue) ou de tatouages. L’alopécie est toujours là, mais au moins elle est masquée.

Quand le stress fait perdre ses cheveux

Lors de la perte de ses cheveux, on incrimine souvent un gros stress, physique ou émotionnel, que l’on a récemment ressenti. C’est parfois vrai, mais on est alors touché par une forme particulière d’alopécie, l’effluvium télogène. Dans ce cas, les cheveux tombent de façon brutale, mais la chute est homogène: «On en perd sur toute la surface du cuir chevelu et la densité globale des cheveux diminue», constate la Dre Yassaman Götti-Alipour, dermatologue aux HUG. 

Cette forme d’alopécie se manifeste parfois aussi post-partum ou après une maladie infectieuse ou auto-immune. Elle peut affecter les personnes qui ont une carence en fer, un trouble de la thyroïde, qui perdent beaucoup de poids, qui sont dénutries ou qui prennent certains médicaments. 

Mais que l’on se rassure: «L’effluvium télogène est réversible et n’évolue pas vers une alopécie complète», se réjouit la dermatologue. Pendant les deux à trois mois qui suivent l’évènement ayant déclenché leur chute, les cheveux peuvent continuer à tomber, mais «neuf à douze mois plus tard, on observe une amélioration clinique».

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Paru dans Le Matin Dimanche le 02/06/2024

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