Mal de dos, quand tu nous tiens!
Ça dure, ça dure…
On classe les lombalgies selon leur durée: les lombalgies «aiguës» durent moins de 6 semaines. Les lombalgies «chroniques» durent plus de 12 semaines. Entre les deux, on parle de lombalgies «subaiguës» (6 à 12 semaines). Seules 15% des lombalgies aiguës nécessitent des examens complémentaires, il s’agit des cas qui présentent des signes de gravité. Dans les autres cas, on parle de lombalgies simples et le traitement se limite à diminuer la douleur.
Pourquoi ça fait mal?
Les lombalgies (aiguës, subaiguës ou chroniques) peuvent aussi être classées selon leurs causes:
- La douleur mécanique dépend de la posture. Elle apparaît souvent brutalement, à cause d’un mouvement apparemment anodin.
- La radiculalgie est un terme technique pour dire qu’une douleur est présente sur le trajet d’une racine nerveuse. En d’autres termes, la douleur part fréquemment du dos et se répercute le long de la jambe, jusque dans le pied. La douleur peut être présente en toussant, en éternuant et en allant à selle.
- Le canal lombaire étroit est un terme utilisé pour désigner un rétrécissement du canal des vertèbres. Le canal est normalement un trou dans l’os vertébral, dans lequel passent la moelle épinière et les racines nerveuses. Lorsque le canal est trop étroit, il comprime les nerfs, ce qui provoque des douleurs. Habituellement, la douleur est située dans le dos, parfois accompagnée d’un sentiment de faiblesse dans les jambes apparaissant à l’effort et se résolvant en position assise. Très souvent ce rétrécissement est dû à de l’arthrose (vieillissement des articulations), et survient donc plutôt au-delà de 60 ans.
Dois-je faire des examens?
Si votre médecin généraliste considère qu’il n’y a pas de signes de gravité (selon des critères précis), il n’est pas nécessaire de faire des examens supplémentaires (pas même de radiographies de la colonne vertébrale).
Prendre du repos, des médicaments, ou continuer à bouger?
Selon les dernières études, le repos au lit est à éviter absolument. Au contraire, se mobiliser le plus rapidement possible diminue les douleurs et les complications au long terme. Un arrêt de travail est également à éviter et devrait être réservé aux professions nécessitant un effort important, pour une durée maximale d’une semaine suivi d’un 2e contrôle chez le médecin.
La thérapie manuelle peut être bénéfique au début, pour les cas sans signes de gravité et si elle est pratiquée par des personnes compétentes. Les exercices physiques quant à eux sont utiles pour les douleurs durant plus de 6 semaines. Le traitement par le chaud ou par le froid ainsi que l’acupuncture n’ont pas clairement fait leurs preuves.
Le traitement médicamenteux consiste principalement à diminuer la douleur: avec du paracétamol dans un premier temps. Si cela ne suffit pas, on peut ajouter des anti-inflammatoires.
Les myorelaxants peuvent être utilisés ensuite, surtout s’il existe des contractures musculaires. Soyez tout de même prudents: les myorelaxants rendent somnolent et ne devraient pas être utilisés si vous conduisez un véhicule. Le meilleur moment pour les prendre est la fin de journée. Finalement, il est possible d’utiliser des opiacés (tramadol, codéine) si les anti-inflammatoires sont inefficaces aux doses maximales. Les corticoïdes n’ont pas leur place dans le traitement des lombalgies aiguës classiques.
Evolution: la fin du tunnel ou le début de la spirale
Les lombalgies aiguës guérissent en 6 semaines dans 90% des cas. Elles réapparaissent dans 70% des cas. Le contexte de vie est important pour éviter que les symptômes deviennent chroniques et s’installent durablement. En effet, les maladies psychiatriques, les situations professionnelles difficiles, les problèmes d’assurance, les peurs et les idées reçues sont des facteurs de risque.
Avant qu’il ne soit trop tard…
La mesure de prévention la plus efficace est l’exercice physique. Par contre, le port d’une ceinture abdominale ou l’utilisation de matelas spéciaux ne sont pas recommandés.
La meilleure attitude à avoir en cas de lombalgies est de consulter votre médecin généraliste qui en estimera la gravité et vous conseillera un traitement adapté. Ne soyez pas déçu(e) de ressortir de sa consultation avec une boîte de paracétamol, sans avoir effectué de radiographie: bien qu’invalidant, cela signifie sûrement que votre mal de dos ne présente pas de signe de gravité. Soyez rassuré(e), continuez à vous mobiliser autant que possible et maintenez votre activité professionnelle pour mettre toutes les chances de votre côté.
Si de nouveaux symptômes apparaissent, que cela dure plus de 6 semaines ou que vous traversez des difficultés sur le plan personnel, il vaudrait mieux en reparler avec votre médecin.
Référence
Adapté de «La lombalgie aiguë en médecine de premier recours», Drs Olivier Pasche, Pierre de Goumoens, Philippe Staeger, Jacques Cornuz, Lausanne, in Revue médicale suisse 2011 ; 7 : 2343-2346, en collaboration avec les auteurs-.
RMS-319
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