Le mal de dos résulte souvent d’un problème musculaire
En novembre dernier, Roger Federer déclarait forfait pour jouer la finale du Masters de Londres à cause de douleurs dans le bas du dos. Toute la Suisse tremblait en vue de la Coupe Davis qui allait finalement être marquée d’une pierre blanche dans l’histoire du sport helvétique. Que s’est-il passé? «Le tennis est un sport asymétrique, favorisant les déséquilibres musculaires, analyse le Dr Marcos Del Cuadro, médecin du sport au Centre médical de Vidy, à Lausanne. Il exige de nombreuses rotations rapides qui exercent une force importante sur la colonne lombaire.»
Un physique hors du commun
Roger Federer, 33 ans, est un joueur très rarement blessé. Sans doute grâce à des dispositions hors du commun, mais aussi en raison de l’attention qu’il porte à sa préparation physique. «Se maintenir à un tel niveau à son âge, c’est exceptionnel, analyse le Dr Del Cuadro, médecin du sport. Cela suppose une bonne technique mais aussi énormément d’entraînement. En particulier, un renforcement musculaire pour une bonne gestuelle et un important travail technique pour préserver son dos. Roger Federer sait maintenir son talent. On peut voir Rafael Nadal, constamment dans la force, comme son antithèse. Le résultat est efficace mais sa technique est très exigeante pour son corps et respecte peu l’anatomie. Résultat: il joue des demi-saisons en enchaînant blessure sur blessure.»
Le dos des tennismen souffre davantage de la répétition de ces sollicitations que de la force de chacune d’entre elles. Il peut arriver qu’«un muscle touché par une contracture ne se relâche plus, poursuit le médecin. Le problème est très fréquent dans la population, qu’on joue au tennis ou pas.» Il peut être très handicapant. «Un lumbago aigu, soit une contracture massive des muscles du dos, peut empêcher de faire certains mouvements, ajoute le Dr Stéphane Genevay, rhumatologue et responsable de la consultation multidisciplinaire du dos aux Hôpitaux universitaires de Genève (HUG). Cela peut aussi être si douloureux qu’on ne peut plus se lever.»
Récidives fréquentes
D’intensité variée, chaque épisode dure généralement de quelques jours à plusieurs semaines. La persistance d’une gêne ou la récidive dans les mois qui suivent est par ailleurs fréquente, même si les maux de dos, quel que soit leur type, disparaissent dans la plupart des cas en moins de six semaines.
Mais contrairement à ce que l’on a préconisé pendant longtemps, ne rien faire n’est pas la solution, car la douleur risque alors de devenir chronique. La cause n’est pas une lésion des muscles, insiste le Dr Genevay, au contraire. Les scientifiques s’accordent aujourd’hui pour penser que le mal de dos est causé par une mauvaise coordination transitoire des multiples muscles du dos, notamment le multifidus (voir encadré et infographie).
Dans un mouvement «normal», ces muscles ont une partition complexe à jouer, s’étirant ou se contractant dans un ordre précis. Il y a parfois des ratés dans ce ballet et les sollicitations anarchiques créent des douleurs. Tel muscle, par exemple, ne se sera pas détendu dans la bonne séquence. Or le muscle et son enveloppe, le fascia, comportent des récepteurs de la douleur prêts à se déclencher dès que le muscle est soumis à une contrainte anormale. Et c’est le cas chez tout le monde puisque l’on estime que quatre personnes sur cinq connaîtront au cours de leur vie un mal au niveau du bas du dos, autrement dit une lombalgie.
Une fois coincé, comment se soigner? En continuant à bouger! Plus question de garder le lit comme on le prescrivait il y a vingt ans. «On imaginait que la lombalgie était causée par quelque chose d’abîmé dans la colonne. Et on pensait que le repos donnait le temps de réparer cette lésion, explique le Dr Genevay. Nous obtenons toujours davantage de preuves que cette explication ne tient pas.» En effet, observer un repos absolu ne sollicite pas les muscles du dos: ils ne s’exercent donc plus à retrouver la coordination qui leur fait temporairement défaut. Le remède est de rester actif, «en adaptant le mouvement à la douleur en fonction de sa quantité et de sa diffusion», précise encore le Dr Genevay.
En cause, le multifidus
«Il y a deux couches dans les muscles du dos, précise le Dr Genevay, rhumatologue. Une couche de très longs et gros muscles (appelés muscles extenseurs du rachis), et une couche profonde, collée aux vertèbres, composée de dizaines de petits muscles orientés dans toutes les directions de l’espace que l’on appelle le multifidus. C’est cette multiplicité qui permet, même assis sur une chaise, de contorsionner le dos à l’envi. Les chercheurs pensent que ce sont ces petits muscles qui, par un manque temporaire de coordination, sont à la source du mal de dos.»
Bien choisir chaises, matelas et chaussures
Et parce que mieux vaut prévenir que guérir, la meilleure solution pour éviter le mal de dos est de pratiquer une activité physique. «Pour le grand public, être en bonne forme physique réduit le risque d’avoir mal au dos», souligne le Dr Genevay. Qui précise cependant: «Il ne s’agit pas seulement d’être musclé mais aussi qu’un équilibre soit respecté entre les différents groupes de muscles. Par exemple, on sait que les muscles du dos doivent être un peu plus forts que les abdominaux et les transverses.» Lors d’exercices en salle ou avec des machines, il est possible de doser la sollicitation relative de ces différents groupes de muscles, ce qui permet d’équilibrer leur entraînement. Ces exercices sont accessibles à qui souffre du dos, relève le Dr Genevay.
Pour le reste, il est important de choisir les chaises, matelas et chaussures qui favorisent une bonne posture. Sur le plan alimentaire, pas de restriction particulière, chacun peut manger et boire ce qu’il veut. En revanche, le tabac est déconseillé.
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