Comment soigner (enfin) son mal de dos?
Si ces douleurs sont très fréquentes et bien connues du corps médical, leur guérison est souvent compliquée.
Votre dos vous fait régulièrement souffrir? Vous n’êtes pas seul! Contrairement aux idées reçues, les lombalgies ne touchent pas uniquement les personnes âgées, les travailleurs de force ou les personnes en surpoids. Au contraire, un employé assis derrière son ordinateur est tout aussi susceptible de développer des douleurs au dos. C’est en effet un problème fréquent, qui peut survenir à tout âge et parmi toutes les classes sociales. Les médecins constatent d’ailleurs un pic de consultations pour lombalgies chez les 30 à 40 ans. «Le dos est une zone du corps particulièrement sensible, relève le Dr Christophe Perruchoud, médecin chef au sein du Département d'anesthésie, antalgie et neuromodulation de l’Ensemble Hospitalier de la Côte (EHC). La colonne lombaire est très mobile et supporte la majeure partie du poids du corps. Elle est donc vulnérable et les tensions s’y répercutent». De nombreuses structures différentes, comme les articulations, les nerfs, les muscles ou encore les disques, peuvent être à l’origine de douleurs lombaires. Celles-ci surviennent parfois sans raison apparente ou peuvent être déclenchées par un simple mouvement. Il n’est pas toujours facile d’identifier la cause de leur apparition, car il s’agit la plupart du temps d’une accumulation de divers événements qui ont conduit à un déséquilibre. Dans de rares cas, les douleurs sont le signe de pathologies plus graves (infection, tumeurs, fractures, maladie rhumatismo-inflammatoire).
Douleurs aiguës et chroniques
Dans la majeure partie des cas, il s’agit de lombalgies mécaniques, limitées dans le temps et évoluant favorablement dans les quatre à six semaines après leur apparition. Lorsque les douleurs durent plus de trois mois ou récidivent régulièrement, on parle alors de lombalgies chroniques. «Une lombalgie aiguë se traite premièrement avec du repos et des antalgiques classiques, recommande le Dr Perruchoud. Mais contrairement à ce qui a longtemps été préconisé par les médecins, il faut ensuite rapidement se remettre en mouvement. Dans le cas contraire, on perd très vite sa musculature et il faut ensuite beaucoup de temps pour retrouver sa forme initiale».
Une lombalgie chronique, en revanche, nécessite un traitement plus complexe. Les douleurs peuvent avoir une répercussion sur différents aspects de la vie quotidienne et leur prise en charge est donc souvent multidisciplinaire. «Je recommande généralement à mes patients un traitement médicamenteux antalgique et des séances de physiothérapie à but de renforcement musculaire. De plus, des infiltrations à visée diagnostique et thérapeutique sont souvent utiles, explique le spécialiste. Parfois, un soutien psychologique est aussi profitable, car les douleurs peuvent prendre beaucoup de place dans la vie du patient. Un stress émotionnel ou professionnel (burnout) peut par exemple se manifester par une lombalgie».
Et la chirurgie?
Pendant de nombreuses années, la chirurgie a été la réponse aux problèmes de dos. Pourtant, devant les résultats souvent mitigés de ce traitement, le corps médical revient aujourd’hui en arrière. «Les hernies discales constatées sur les examens radiologiques ne sont de loin pas toujours en relation avec les douleurs présentées par le patient, relève le Dr Perruchoud. En effet, il est fréquent de trouver sur les examens IRM des anomalies qui ne suscitent en réalité aucune douleur chez le patient. Par exemple, une atteinte dégénérative des disques vertébraux est présente chez plus de 90% des personnes asymptomatiques âgées de plus de 60 ans. Opérer uniquement sur la base des examens radiologiques sans tenir compte des symptômes et signes cliniques conduirait inévitablement à l’échec, avec persistance voire même aggravation des douleurs». Aujourd’hui, les indications à la chirurgie doivent être minutieusement évaluées et se limiter aux patients soigneusement sélectionnés. Des symptômes comme des fourmillements ou des troubles de la sensibilité ne sont plus des indications absolues à recourir à de la chirurgie. «Il y a maintenant une vraie prise de conscience parmi les neurochirurgiens: l’opération n’est pas la panacée», remarque le Dr Perruchoud. L’avenir dans le traitement des lombalgies semble donc plutôt se dessiner à travers de nouvelles techniques à la croisée entre chirurgie non-invasive et prise en charge multidisciplinaire du problème.
Gérer son mal de dos
Gérer sa douleur et adopter les bons réflexes pour la prévenir peut parfois s’avérer compliqué. Voici quelques conseils:
Prévention
Si vous n’avez jamais été sujet à des maux de dos, il n’y a pas de conseils particuliers à appliquer pour les prévenir (mis à part l’ergonomie, lire plus loin). En revanche, si vous avez déjà souffert de lombalgie, il existe des exercices spécifiques pour muscler et renforcer certaines zones ciblées de votre dos. Les séances de physiothérapie ne suffisent souvent pas à elles seules, il est recommandé de faire régulièrement des exercices chez soi et d’adopter une hygiène de vie plus saine.
Ergonomie
Afin de prendre soin de votre dos, vous pouvez appliquer quelques principes d’ergonomie. Notamment au travail, des réflexes simples comme choisir une chaise adaptée peuvent contribuer à préserver la santé de votre dos.
Quand consulter?
Si votre dos vient de subir un traumatisme (par exemple une chute ou un coup), il est important de consulter. Si vous souffrez d’une lombalgie qui ne passe pas après quatre semaines, il est également recommandé de se rendre chez le médecin. Cela signifie que la lombalgie est en phase subaiguë et risque de devenir chronique. Finalement, n’hésitez pas à consulter si d’autres symptômes (fièvre, frissons, perte pondérale) sont associés au mal de dos, car la douleur peut avoir une autre origine (par exemple une infection, une maladie rhumatismo-inflammatoire, etc.).
Combattre les douleurs avec la neuromodulation
Au département d'anesthésie, antalgie et neuromodulation de l’EHC, le Dr Perruchoud et son équipe travaillent au développement du traitement des lombalgies par neuromodulation. Cette technique permet de modifier l’activité du système nerveux grâce à de l’électricité ou des médicaments. La stimulation médullaire permet de filtrer une partie des douleurs. «Une électrode est placée dans la colonne vertébrale du patient pour stimuler sa moelle épinière, explique le Dr Perruchoud. Il s’agit d’un traitement peu invasif, réversible et dénué d’effets secondaires majeurs mais nécessitant toutefois un petit acte chirurgical pour implanter l’électrode». En cas de douleurs chroniques, la neuromodulation pourrait dans bien des cas être considérée avant de prescrire des opiacés (comme la morphine) à long terme ou d’envisager une nouvelle chirurgie.
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Paru dans le Quotidien de La Côte le 13/09/2017.
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