Comment parler de dépression à votre médecin

Dernière mise à jour 21/04/15 | Article
Dépression, Anxiété, Troubles de l'humeur, Médecin, Parler, Exprimer
Les entretiens approfondis avec le médecin constituent l’élément clé du diagnostic. Basés sur une relation de confiance, ces échanges doivent lui permettre de vous connaître pour mieux vous aider. Quelques clés.

Même si ce n’est pas facile au début, c’est le moment de vous raconter. Parce qu’il est à la hauteur de la situation, votre médecin sait écouter et faire preuve d’empathie. Il s’intéresse à vous, mais ne vous juge pas. En répondant à ses questions et en dévoilant des informations parfois pénibles, vous devenez un partenaire actif dans la prise en charge globale de la maladie.

Sans trier, sans ressentir de honte, laissez-vous aller! Les éléments du présent et du passé, les sentiments les plus divers, les détails apparemment secondaires: rien ne doit être censuré. Au cours des entretiens, ce déshabillage émotionnel deviendra de plus en plus naturel. Le médecin cherchera aussi à savoir s’il existe d’autres membres de votre famille ayant souffert de dépression ou s’il y a eu des suicides, si vous avez déjà connu un épisode dépressif ou encore si vous avez un problème de dépendance à des substances psychoactives (alcool, cocaïne…).

Parler et reconnaître que l’on ne va pas bien, c’est déjà faire un pas vers la guérison et se donner les moyens de réfléchir à des solutions. C’est aussi sortir de son isolement et entrevoir la lumière au bout du tunnel.

En tant que patient…

  • N’ayez pas honte d’avoir des difficultés psychologiques.
  • Laissez-vous aller et si vous devez «craquer», le cabinet de votre médecin est le bon endroit pour le faire.
  • Apprenez à vous «déshabiller» devant votre médecin, c’est pour lui le seul moyen d’accéder à votre sphère intime et de vous comprendre.
  • Racontez tout ce qui vous tracasse, votre médecin triera.
  • Donnez tous les indices présents, mais aussi passés, susceptibles de l’aider à poser son diagnostic.
  • Soulever le problème si la relation avec votre médecin vous paraît insatisfaisante.

Parler de ses idées suicidaires

On estime que 60% de tous les suicides sont liés à un état dépressif. Avec les personnes dépendantes à l’alcool et les toxicomanes, les dépressifs représentent donc un groupe à risque majeur. D’où l’importance pour le patient d’oser évoquer ses moindres ruminations funestes.

Le médecin, de son côté, se doit d’aborder ce sujet difficile avec lui en l’aidant à exprimer ses émotions, mais aussi en lui posant des questions directes: «Avez-vous pensé au suicide?», «Avez-vous déjà tenté de vous supprimer?», «Avez-vous imaginé un plan en vue d’une tentative de suicide?».

Et rappelons que parler de suicide n’a jamais poussé quelqu’un à commettre l’irréparable. En revanche, en faire un tabou et laisser la personne prisonnière de ses pensées de mort est clairement dangereux.

Les questions clés de votre médecin

  • Arrivez-vous encore à vous réjouir?
  • Avez-vous des problèmes à prendre des décisions?
  • Y a-t-il encore quelque chose qui vous intéresse?
  • Avez-vous en ce moment tendance à broyer du noir, à vous dévaloriser?
  • Vous sentez-vous fatigué, manquez-vous d’énergie?
  • La vie vous paraît-elle être un fardeau insupportable?
  • Souffrez-vous d’insomnie?
  • Avez-vous des problèmes d’appétit?
  • Quand les symptômes ont-ils commencé?
  • Sont-ils présents tous les jours?
  • Avez-vous des idées suicidaires?

Aide des proches

D’une manière générale, l’entourage du déprimé joue un rôle précieux dans la récolte d’informations. Se rendre à deux à une consultation chez le médecin a aussi un effet positif pour le patient qui se sent soutenu et moins passif devant le corps médical.

Dans certains états dépressifs, la personne est ralentie au point de couper le contact et de s’emmurer dans le silence. Elle n’a tout simplement plus l’énergie pour entrer en relation avec les autres.

Le désespoir profond peut également inhiber toute tentative de communication: «A quoi bon en parler puisque personne ne peut rien à ma souffrance». Bref, il s’avère parfois indispensable d’accompagner le déprimé chez le médecin, pour expliquer à sa place ce qu’il lui arrive, exprimer combien il a changé ces derniers temps («Je ne le reconnais plus»). Ce travail d’interprète permet de gagner du temps: plus tôt le diagnostic sera posé, plus vite le patient sera aidé.

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Extrait de : J’ai envie de comprendre… la dépression (éd. 2012), de Suzy Soumaille en collaboration avec Guido Bondolfi et Gilles Bertschy

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