Cette année, c’est décidé: je gère mon stress
On le redoute, on le subit, on s’en excuse. Et souvent, on ne se rend même plus compte que le stress est d’abord une réponse de notre organisme face à une sollicitation de notre environnement. En cas de «menace», les animaux et les hommes ont le choix: lutter ou fuir. Dans un premier temps, l’activation du système dit sympathique va permettre de mobiliser toute l’énergie nécessaire à l’action. Concrètement, la fréquence cardiaque, la respiration, le tonus musculaire augmentent et les pensées s’accélèrent. Après cette phase d’alerte, si les dangers persistent, le corps va s’adapter pour pouvoir résister dans la durée. Mais si ce climat d’hostilité s’installe, on risque à terme d’être à court de carburant. «C’est la phase d’épuisement. On baisse les bras pour se protéger, faute de quoi notre organisme, affaibli, capitule, déclare le Dr Guido Bondolfi, psychiatre aux Hôpitaux universitaires de Genève( HUG). Ce «burnout» survient plus ou moins vite en fonction de l’intensité et de la durée du stress, mais aussi de la vulnérabilité individuelle, de l’état d’esprit et de la fatigue.»
Une accumulation qui fatigue
Au fond, qu’est-ce qui nous stresse tant? «Les tracas quotidiens mineurs (embouteillages, disputes, retard de train, etc.) sont source de stress au même titre que les événements de vie intenses (décès, divorces, surcharge de travail…), répond Beatrice Weber, psychologue et psychothérapeute aux HUG. Les événements heureux (un nouveau travail, un mariage, une naissance) mobilisent également beaucoup d’énergie. Et puis, il y a tous les «stresseurs» chroniques qui, à force, abaissent notre seuil de tolérance et génèrent beaucoup de tension: relation de couple difficile, nuisances du voisinage, surcharge ou mobbing au travail.»
Le stress devient néfaste lorsqu’on dépense son énergie sans compter. «A long terme, son accumulation fatigue, affaiblit nos défenses immunitaires et peut être responsable de douleurs chroniques, d’ulcères à l’estomac, de céphalées de tension, voire d’infarctus», poursuit-elle. Les gens stressés deviennent hypersensibles, plus irritables, déprimés, cyniques et peu empathiques. Leurs besoins les plus essentiels sont bousculés: bonjour l’insomnie, le sommeil non réparateur, la perte d’appétit ou les grignotages.
A bas les solutions miracles
A ce stade, le danger majeur est d’user de stratégies «miracles» pour rester sur le qui-vive. «Les abus de café, d’alcool, de drogues (cannabis, cocaïne) et de tranquillisants sont de fausses solutions. Le retour de flamme est inévitable. Baisse de forme, culpabilité, prise de poids nous tirent vers le bas», prévient Guido Bondolfi.
Quelles sont alors les stratégies gagnantes? Agir sur les causes du stress, pour l’éliminer, est le moyen le plus radical. Malheureusement, ce n’est pas toujours possible. Par contre, on peut prévenir une surcharge de tension par des gestes simples: prévoir des sas de décompression durant la journée pour écouter les signaux de son corps, marcher, passer un coup de fil agréable, se défouler en faisant du sport, par exemple. Au travail, comme à la maison, il est bon de se fixer des priorités et des objectifs réalistes dans le temps et de varier les activités. Mais aussi, positiver, se récompenser, oser demander de l’aide et dire «non», ce qui fait souvent défaut aux stressés chroniques. Mais encore, planifier des moments entre amis et ne pas sacrifier ce qui nous fait du bien! Équilibrer les différents domaines de sa vie, plutôt que de surinvestir par exemple le travail, permet par ailleurs de relativiser en cas de perte d’emploi.
Apprécier le moment présent
Nombreux sont ceux qui, malgré tout, échouent dans cette lutte. Pourquoi? «Parce qu’il est très difficile de changer. Cela demande un vrai effort et il n’y a pas de formule magique»,conclut Guido Bondolfi. Si, d’aventure, on se retrouve au bord du gouffre, voici ce qu’on peut faire avec l’aide de professionnels. D’abord, travailler sur les sensations physiques du stress grâce à différentes techniques de relaxation reconnues (Jacobson, training autogène, sophrologie, hypnose). Apprendre à garder de la distance, à apprécier le moment présent plutôt que d’être dans la rumination négative ou l’anticipation anxieuse, grâce à la«méditation pleine conscience» (mindfulness). Les approches cognitives sont de leur côté utiles pour réfléchir aux causes du stress, aux émotions qui l’accompagnent, aux moyens d’actions à disposition et à son propre fonctionnement.