Méditer pour éviter les rechutes dépressives

Dernière mise à jour 21/03/12 | Article
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La méditation en pleine conscience serait-elle une alternative aux antidépresseurs? Pas dans toutes les phases d’une dépression ni pour tous les patients. Mais dans le cadre de la prévention des rechutes dépressives, cette méthode dérivée du bouddhisme a le vent en poupe.

Des études prouvent que la méditation en pleine conscience est une approche efficace pour  prévenir les récidives dépressives. Le Dr Guido Bondolfi, psychiatre-psychothérapeute aux HUG et spécialiste de la dépression, l’a découverte auprès de psychiatres du Canada anglophone il y a une dizaine d’années. Plus connue sous le terme mindfulness, cette approche consiste à être pleinement conscient de l’état de son esprit dans le moment présent.

La dépression est malheureusement une maladie récurrente, puisqu’on sait que les troubles dépressifs majeurs récidivent dans près de la moitié des cas après un premier épisode. Et, plus on a fait d’épisodes, plus on risque de rechuter. Les chiffres sont parlants puisque ce risque s’élève à 70% après deux épisodes pour atteindre 90% après trois épisodes.

Face à cette vague de rechutes, l’idée de la pratique de cette forme de méditation qu’est le mindfulness, et qu’il ne faut pas confondre avec de la relaxation, est de développer une sorte d’entraînement  de l’esprit qui permette au patient de reconnaître les mécanismes qui annoncent le retour de la maladie. Tout en se tenant à l’écart du précipice, sans enclencher de réaction automatique, alors que ses tendances habituelles sont le contrôle ou la fuite.

Eviter de ruminer sans fin

Les dépressifs tombent facilement dans le piège des pensées ou émotions négatives accompagnées de sensations physiques désagréables. Quand ils sont confrontés à un état de tristesse transitoire ou à une baisse de l’humeur, ce tourbillon négatif peut réactiver la spirale de la déprime et déclencher une rechute. Pour le Dr Guido Bondolfi, «la méditation permet de se concentrer sur le présent, de se tenir à l’écart des ruminations négatives et de se déconnecter de cette spirale. En étant plus attentifs au moment présent, les patients parviennent à reconnaître ces ruminations dès leur apparition.» Pour ne pas se laisser envahir par elles et prendre de la distance, ils apprennent à se recentrer, notamment sur leur respiration. «L’idée est de ne pas laisser partir les pensées, de ne pas ruminer sans fin, ajoute le spécialiste. Mais d’être pleinement connecté à l’expérience présente, de mieux parvenir à identifier ses pensées, ses émotions et ses sensations corporelles. Cette prise de conscience permet de répondre aux événements avec une certaine distance au lieu d’y réagir automatiquement.» Le psychiatre genevois précise également qu’il faut démystifier cette approche issue de la méditation bouddhiste et lui enlever sa dimension exotique: «c’est une approche clinique de la méditation que nous proposons dans nos thérapies de groupe, une tradition millénaire édulcorée à visée thérapeutique.» Il ne s’agit donc pas de devenir bouddhiste pour les dépressifs qui adoptent le mindfulnesss!

Pratiquer la méditation chez soi aussi

Le Département de sante mentale et psychiatrie des HUG propose un programme de 8 semaines de psychothérapie cognitive intégrant le mindfulness, à raison de deux heures hebdomadaires. Divers exercices de méditation sont enseignés aux patients. Les candidats ne sont pas en plein épisode dépressif, mais redoutent plutôt le retour de la tempête. «La dépression est une affection qui se caractérise par un très haut risque de rechutes, précise le Dr Guido Bondolfi, une vulnérabilité cognitive caractérise donc nos patients qui passent par des phases de  fragilité. Les groupes que nous proposons sont destinés à des patients ayant souffert de dépression mais qui sont pour l’instant en rémission. Et nous constatons un impact positif de la méditation, avec une réduction des risques de rechute.» Pendant les deux mois de thérapie, ils s’engagent à pratiquer quotidiennement 45 minutes de mindfulness chez eux. «Nous les encourageons à continuer cette pratique à la fin du programme. L’idée est vraiment qu’ils deviennent autonomes», conclut le psychiatre.

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