Le Viagra vous aidera-t-il bientôt à perdre du poids?
Certains médicaments ont plusieurs vies et réservent bien des surprises. On connaît le cas du glaucome et de la calvitie. C’est aussi le cas du citrate de sildénafil généralement mieux connu sous son nom de marque Viagra. La plupart de ses utilisateurs ignorent généralement qu’il est, sous une autre marque commerciale (Revatio) prescrit contre l’hypertension artérielle pulmonaire. Ce médicament de la classe des inhibiteurs de la phosphodiestérase de type 5 développé par la multinationale pharmaceutique Pfizer pourrait peut-être, demain, voir s’élargir encore un peu plus l’éventail de ses utilisations.
Pour le Viagra, l’histoire commence il y a près de trente-cinq ans avec la découverte par le biochimiste Robert Furchgott (1916-2009) d’une substance qui a pour propriété de «détendre» les vaisseaux sanguins: le «facteur de relâchement dérivé de l'endothélium» (Endothelium-derived relaxing factor) ou EDRF. Poursuivant ses travaux, ce chercheur découvrira quelques années plus tard que son EDRF était en réalité un composé très répandu dans le vivant: l'oxyde nitrique (NO), une molécule essentielle de la physiologie cardiovasculaire. Cette recherche fondamentale préalable a été importante dans la mise au point pharmacologique du Viagra.
Le citrate de sildénafil fut quant à lui découvert par les chercheurs de Pfizer, la firme brevetant la substance en 1996. Il a pour propriété de s’opposer à la destruction du monoxyde d'azote molécule notamment impliquée dans la physiologie de l'érection. Mais en réalité, les premières indications envisagées par la firme concernaient moins ce mécanisme que l’angine de poitrine. Mais la déception côté cœur fut vite compensée par d’autres espérances: le terrain d’élection artériel du citrate de sildénafil se situait ailleurs qu’au niveau des coronaires. Les responsables de Pfizer ne mirent guère de temps à «repositionner» l’indication principale de leur produit. L'autorisation de mise sur le marché fut accordée en 1998 aux Etats-Unis et en 1999 en Europe. On connaît la suite: un succès commercial et thérapeutique hors du commun et qui ne se dément pas en dépit de l’arrivée d’érectiles concurrents, génériques ou pas.
La question se pose désormais de savoir si le citrate de sildénafil aura une vie après l’hypertension des poumons et les érections. Cette question est soulevée depuis peu par des chercheurs de l'Université de Bonn. Ils ont à leur tour fait (sur la souris) une découverte qui ne manquera pas de surprendre: ce médicament s’avère capable de réduire le risque d'obésité et des pathologies morbides qui y sont associées. Leurs résultats présentés dans l’édition du 9 janvier du FASEB Journal. On en trouvera un résumé ici-même.
Pour comprendre ces nouvelles perspectives thérapeutiques il faut savoir que le citrate de sildénafil agit en interfèrant avec une voie de signalisation d’une molécule qui permet l’afflux de sang oxygéné dans les territoires concernés par l’érection masculine. Il s’agit de la molécule guanosine monophosphate cyclique (ou cGMP). Les chercheurs allemands avaient bien observés lors de précédentes études que des souris obèses prenant du Viagra perdaient du poids. Mais aucune raison bien claire ne permettait d’en comprendre la raison. L’équipe du Pr Alexander Pfeifer, directeur de l'Institut de pharmacologie et de toxicologie de l'Université de Bonn a décidé de creuser cette question. Travaillant en collaboration avec des spécialistes de l’Institut fédéral des médicaments et des dispositifs médicaux, à Bonn et de l’Institut Max Planck pour la recherche cardiovasculaire et pulmonaire (Bad Nauheim), ils ont émis une hypothèse originale laissant penser que le Viagra pouvait être un candidat intéressant contre l’obésité du fait de son action sur les cellules adipeuses.
Les auteurs de la publication du FASEB Journal ont ainsi, durant une période de sept jours, administré du Viagra à des rongeurs de laboratoire obèses. Ils ont ainsi pu observer à la loupe que les cellules graisseuses blanches, (siège de l’accumulation de graisses chez les obèses) se convertissent alors en cellules graisseuses brunes, (celles qui brûlent l'énergie des aliments en transformant en chaleur les calories qu’elles apportent). De ce fait même ces cellules graisseuses brunes constituent l’une des principales voies de recherche dans la lutte médicamenteuses contre l’obésité.
Ces mêmes chercheurs observent encore que l’administration de citrate de sildénafil prévient le processus inflammatoire causé par l’accumulation de cellules adipeuses et est directement impliqué, de ce fait, dans les pathologies associées que sont notamment les maladies cardiovasculaires et le diabète de type II. D’où la perspective de voir un jour ce médicament réduire le risque de complications de l'obésité. Prendre du Viagra pour maigrir? «Nous en sommes au stade de la recherche fondamentale et les tests n’ont été effectués jusqu'à présent que sur la souris» explique, prudent le Pr Pfeifer. Pour autant, les chercheurs allemands savent qu’en publiant leurs résultats, ils inciteront immanquablement à la réalisation d’expériences plus ou moins «sauvages». Comment interdire à des volontaires de réduire leur masse pondérale en consommant une substance présente sur le marché pharmaceutique officiel et par ailleurs aisément accessible sur les marchés parallèles.
Ces volontaires devront alors prendre garde durant leur essai clinique aux effets physiologiques naturellement induits par la molécule. Peut-être n’est-il pas ici inutile d’autre part de rappeler les contre-indications du Viagra et de ses génériques. Viagra® est notamment contre indiqué en association à des dérivés nitrés, en association à des médicaments donneurs de monoxyde d’azote, ou lorsqu’il existe des troubles cardiovasculaires sévères pour lesquels une activité sexuelle est déconseillée. Avant toute instauration de traitement, il convient de pratiquer un interrogatoire et un examen clinique, notamment, de la fonction cardiovasculaire.
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Obésité
L’obésité est une maladie qui augmente le risque de survenue d’autres maladies et réduit l’espérance et la qualité de vie. Les patients atteints de cette accumulation anormale ou excessive de graisse corporelle nécessitent une prise en charge individualisée et à long terme, diététique et comportementale.
Hypertension artérielle
On parle d'hypertension artérielle lorsque la pression systolique est supérieure à 140 millimètres de mercure (mmHg) et/ou lorsque la pression diastolique est supérieure à 90 mmHg.