La chirurgie générale robotique: une technique en plein essor
De multiples bras munis d’instruments chirurgicaux et d’une caméra, un chirurgien qui le manipule à distance: le robot chirurgical est, en 2013, répandu dans les salles d’opération du monde entier.
Apparue il y a une dizaine d’années, cette technique fait aujourd’hui l’objet de nombreux espoirs. Grâce à son caractère peu invasif, sa précision et son éventail de possibilités, cette approche offre en général une plus grande sécurité pour le patient et un meilleur confort pour le chirurgien, notamment lors d’interventions complexes. Testée dans tous les domaines chirurgicaux, elle suscite un grand enthousiasme au sein de la communauté médicale qui ne demande qu’à la développer encore, afin qu’elle soit la plus adaptée possible à chaque type d’intervention.
Dans les spécialités telles que la gynécologie et l’urologie, la chirurgie robotique est déjà en passe de devenir standardisée, surpassant les techniques traditionnelles telles que la chirurgie ouverte ou la laparoscopie (procédure au cours de laquelle la chirurgie est réalisée au travers de petites incisions par lesquelles on fait passer les instruments opératoires). Toutefois, en ce qui concerne la chirurgie générale, les études ne sont pas assez nombreuses et ce manque de données freine le développement de la technique robotique. Il semble donc important de faire le point sur les informations dont on dispose actuellement, ainsi que sur les indications propres à chaque spécialité médicale.
Chirurgie robotique de l’œsophage
Concernant la chirurgie œsogastrique, plusieurs études prouvent que l’utilisation de la technologie robotique donne d’excellents résultats pour les gastrectomies (ablation de l’estomac). En termes de durée d’hospitalisation et de pertes de sang, l’utilisation d’un robot est même préférable à la laparoscopie. Ceci vaut également pour une autre intervention, la myotomie de Heller, destinée à résoudre les troubles moteurs de l’œsophage. En revanche, en ce qui concerne les retraits de l’œsophage, les données, bien que satisfaisantes, ne sont pas encore suffisamment concluantes. Enfin, pour la chirurgie fonctionnelle antireflux, aucune différence notable n’est établie entre les résultats de la technique robotique et de la technique laparoscopique.
Chirurgie robotique bariatrique
Dans la chirurgie bariatrique, qui vise à restreindre l’absorption d’aliments chez les patients obèses, la robotique est de plus en plus utilisée et semble très prometteuse, en particulier pour la réalisation de bypass gastriques. La chirurgie robotique permet de diminuer les complications inhérentes à l’opération, réduisant ainsi la durée et le coût de l’hospitalisation. Même chez les patients super-obèses (dont l’IMC est supérieur à 50), l’approche s’est révélée sûre et efficace. De surcroît, l’apprentissage de la technique robotique est plus court comparé aux formations habituelles.
Cependant, le recours à la robotique dans la chirurgie bariatrique demeure encore beaucoup trop cher: il faut donc maintenant trouver un équilibre entre l’amélioration prouvée des résultats et les coûts engendrés par cette approche.
Chirurgie robotique du colon et du rectum
Les résultats de l’utilisation de la robotique en chirurgie colorectale sont assez disparates. Concernant les ablations du côlon, la robotique ne présente que peu d’intérêt. En revanche, pour tout ce qui relève de l’oncologie rectale, la robotique a d’excellents résultats portant aussi bien sur l’opération elle-même que sur l’état post-opératoire. Ces résultats restent néanmoins comparables à ceux obtenus par la technique traditionnelle de la laparoscopie, sans efficacité supérieure pour le moment.
Chirurgie robotique hépato-biliaire et pancréatique
En chirurgie du foie, de la vésicule biliaire et du pancréas, l’utilisation de la robotique donne des résultats généralement équivalents aux techniques habituelles. Mais si certains avantages mineurs peuvent être relevés, ils vont néanmoins de pair avec une augmentation de la durée et du coût de l’opération.
Chirurgie robotique endocrinienne
La chirurgie robotique endocrinienne comprend principalement des interventions sur la thyroïde. Bien que les résultats esthétiques et oncologiques semblent encourageants, l’utilisation du robot offre des résultats équivalents à la laparoscopie pour un coût bien plus important.
Autres domaines d’utilisation de la robotique
La robotique s’est également révélée efficace dans le cadre de transplantations, notamment de dons vivants de rein et de foie, ainsi que dans des transplantations rénales et des greffes de pancréas. Toutes ces interventions ont été validées, mais nécessitent une grande pratique robotique de la part du chirurgien en charge.
Enfin, la chirurgie robotique peut également venir en aide à toute approche laparoscopique: lors d’opérations complexes, le robot permet de faciliter et de soutenir les techniques habituelles.
Référence
Adapté de «Chirurgie générale robotique: où en sommes-nous en 2013?», par Pr P. Morel, Drs N. C. Buchs, F. Pugin, F. Ris, M. Jung, M. E. Hagen, F. Volonté et D. Azagury, Service de chirurgie viscérale et de transplantation, Département de chirurgie, HUG, in Revue médicale suisse 2013; 9: 1317-22, en collaboration avec les auteurs.