Amputation du membre inférieur: un acte complexe
Utilisée en dernier recours, l'amputation constitue une opération délicate et complexe. Actuellement, 92% des amputations d'un membre inférieur sont dues à une IAMI, soit une insuffisance artérielle des membres inférieurs (circulation sanguine insuffisante dans les artères) dont le diabète en est responsable dans la moitié des cas. Quant au traumatisme, il est à l'origine de 7% des cas. Enfin, le dernier pour-cent restant regroupe plusieurs causes telles qu'une infection, une tumeur ou encore une malformation congénitale.
Le recours à l'amputation
Cinq cas de figure nécessitent le recours à une amputation du membre inférieur:
- une nécrose (mort des tissus) surinfectée;
- une forte claudication (douleurs dans les jambes causées par une mauvaise circulation des artères qui empêche de marcher);
- une infection engageant le pronostic vital du patient;
- la présence d'un ou plusieurs ulcères dont le potentiel de guérison est insuffisant;
- à la suite d'un traumatisme délabrant et irréparable.
Niveau d'amputation et chances de guérison
Le niveau d'amputation est une décision importante car elle va déterminer les chances de guérison et le degré de fonctionnalité du membre. Mais l'autonomie du patient n'est pas le seul élément pris en compte pour évaluer le niveau de coupe. En effet, le potentiel de cicatrisation constitue également un autre aspect déterminant dans cette décision. Cependant, à l'heure actuelle, il n'existe toujours pas d'examen qui puisse prédire les chances de guérison.
Le choix résulte donc d'un compromis entre ces deux questions car plus le niveau de coupe sera bas (au niveau du pied), meilleur seront les chances de mobilité mais les risques de complications et de ré-opération seront plus importants.
Les différents niveaux de coupe
Les différents niveaux de coupe des membres inférieurs sont regroupés en trois catégories principales: le pied, la jambe ou la cuisse. Si l'amputation est réalisée au niveau du pied, le patient pourra toujours marcher de manière autonome. Toutefois, selon le niveau de coupe, une adaptation du chaussage voire une orthèse (appareil orthopédique) seront nécessaires. Quant à l'amputation de la jambe, elle s'effectue au niveau du fémur et nécessite le port d'une prothèse après l'opération. Enfin, si le genou est conservé, 60% des patients gardent une certaine mobilité, mais s'il est sacrifié, ce chiffre chute à 20%.
Complications
Les douleurs de moignon représentent la complication la plus courante mais une simple réadaptation de l'appareillage suffit généralement à les supprimer. Les sensations fantômes sont également très fréquentes et se caractérisent par la sensation indolore que le membre amputé est toujours présent. Par contre, les douleurs fantômes, même si elles sont rares, représentent un véritable problème car les différents médicaments antalgiques sont souvent inefficaces.
Il arrive aussi parfois qu'un hématome se forme sur le moignon. Dès lors, le risque est de voir la plaie s'ouvrir ou s'infecter. Les infections touchent d'ailleurs 20% des patients à la suite de leur opération. Le type de traitement variera en fonction du degré de sévérité de l'infection.
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Référence
Adapté de «Amputations du membre inférieur: indications, bilan et complications», par Dr Matthieu Zingg, Dr Adrien Ray, Dr Domizio Suva, Service d'orthopédie et traumatologie de l'appareil moteur, HUG; Dr Ilker Uçkay, Service des maladies infectieuses, HUG; Dr Jean-Damien Nicodème, Service de chirurgie orthopédique, Hôpital neuchâtelois-Pourtalès. In Revue Médicale Suisse 2014:10:2409-13. En collaboration avec les auteurs.