Pieds aux petits soins
Le diabète est la première cause d’amputation des membres inférieurs. Selon l’Organisation mondiale de la santé, 250 000 personnes par année sont concernées en Europe! Comment en arrive-t-on là? Un diabète mal équilibré pendant de nombreuses années (taux de sucre trop élevé de manière chronique) entraîne des lésions des vaisseaux sanguins et des nerfs au niveau des jambes et des pieds. Conséquence: une insensibilité à la douleur. «Or cette dernière renseigne habituellement sur le danger d’une blessure. En cas d’absence de ce signal d’alarme, ce sont des petites plaies, des ulcères, des infections qui ne vont pas être traités. A terme, la complication majeure sera l’amputation», explique le Dr François Jornayvaz, chef de clinique à la consultation du pied diabétique. Et d’ajouter: «Il ne faut pas attendre d’avoir mal au pied pour consulter, mais aller chez son médecin dès que l’on voit une lésion.»
Les stratégies de prévention existent. Les HUG peuvent en effet se targuer d’avoir vu leur taux d’amputation diminuer de 80% chez les patients qui ont été suivis par le service d’enseignement thérapeutique pour maladies chroniques (SETMC) lors d’une semaine d’hospitalisation. Ils ont également mis en place des ateliers visuels, durant une demi-journée, sur l’insensibilité des pieds. «Les personnes marchent ou passent leurs mains sur différentes surfaces pour voir à quel point leurs pieds sont insensibles. Cette prise de conscience va les mener au contrôle quotidien. On leur montre aussi qu’ils peuvent inspecter leur plante de pieds avec un miroir. D’autres conseils portent sur le choix des chaussures, l’hygiène et les soins réguliers avec un pédicure», relève le Dr Zoltan Pataky, médecin adjoint au SETMC.
Modifier sa manière de marcher
Ce dernier mène également une recherche sur la façon de marcher. Le postulat est simple : 85% des amputations sont dues à un ulcère et 94% des ulcères sont provoqués par une hyperpression plantaire. Comment la diminuer? L’équipe du Dr Pataky a mis au point une technique de biofeedback, soit une façon d’apprendre à marcher autrement de sorte que la pression se répartisse de manière régulière sur tout le pied. «Une semelle munie de multiples capteurs mesure la pression plantaire et reproduit sur un écran d’ordinateur la façon dont la personne marche. Elle peut ainsi constater la zone où le risque est élevé de faire un ulcère», détaille-t-il. S’ensuit un long entraînement pour modifier sa démarche et ménager les zones à risque. Les premiers résultats sur un petit collectif montrent que les patients maintiennent cette nouvelle façon de marcher pendant dix jours. Reste à prouver que cet apprentissage fait aussi ses preuves à plus long terme.
Savoir +
Consultation du pied diabétique,
rue Gabrielle-Perret-Gentil 4, 1211 Genève
Tél. 022 372 93 07
Pulsations - novembre-décembre 2012
Article original: http://bookapp.fr/api/hug/viewer/viewer.php?mag=HUGE_12B#15
Diabète
Le diabète est une anomalie de l’utilisation du sucre (glucose) en raison d'un manque d'insuline ou d'une moins grande sensibilité de l'organisme à l'insuline.