Médecin légiste
Les rapports avec la police et les différents procureurs sont quotidiens. Le médecin légiste se retrouve d’ailleurs souvent au tribunal pour témoigner, ou sur le terrain pour des levées de corps durant lesquelles il constate la mort du défunt.
Les autopsies appartiennent à l’unité de médecine forensique. D’autres unités de médecine légale entrent également en jeu. Parmi elles, l’unité de toxicologie va analyser une partie des prélèvements (cheveux, urine ou sang) afin de détecter la présence d’un toxique pouvant être interprété. Autre unité, celle d’histopathologie. C’est ici qu’on analyse les différents tissus prélevés, par exemple un échantillon des poumons. Des laborantines préparent les échantillons afin qu’ils puissent être interprétés par le médecin légiste via microscope.
Mais la médecine légale ne traite pas que des morts. Elle s’adresse également aux vivants. L’unité de génétique collabore autant lors de l’identification des corps qu’à déterminer le coupable d’un viol grâce à l’analyse de traces. L’unité de médecine du trafic reçoit les conducteurs qui demandent à être suivis médicalement et collabore étroitement avec l’unité de toxicologie. Enfin, l’unité de psychiatrie évalue les personnes suspectées de troubles psychiques par la justice ainsi que leur capacité de discernement.
A l’occasion de ce reportage, nous avons suivi une journée à l’unité de médecine forensique.
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Briefing du matin, 8 heures. Le médecin chef Tony Fracasso écoute le rapport du week-end. Une jeune femme a été observée aux urgences de la maternité pour une suspicion de viol. En effet, la jeune femme, de sortie samedi soir, a perdu la mémoire à 2 heures du matin et s’est réveillée nue dans un lit qui n’était pas le sien, accompagné d’un homme inconnu. La jeune femme ne souhaite pas pour l’instant porter plainte. Elle a peur des représailles de cet homme qui, l’ayant raccompagnée chez elle, sait où elle habite.
Le GHB est très difficile à repérer dans le sang d’une victime. En effet, huit heures après, le GHB ingéré n’est plus détectable, contrairement aux benzodiazépines, visibles encore plusieurs jours. Une suspicion de drogue du violeur n’est parfois qu’une soirée trop arrosée. Cependant, la jeune femme a pris la pilule du lendemain et suit une trithérapie préventive.
Le second cas du week-end concerne le décès d’un homme d’une cinquantaine d’années au cours d’une intervention chirurgicale. C’est le cas que nous allons suivre lors de cette journée.
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La médecin légiste Bettina Schrag recherche le corps dans les frigos situés à proximité de la salle de dissection. Le préparateur est chargé de l’installer. On distingue plusieurs types de morts nécessitant une autopsie: la mort violente ou traumatique, comme par exemple une accident de voiture; la mort subite, dans ce cas le défunt était en bonne santé au moment du décès; la mort suspecte, pour laquelle les circonstances de la mort pourraient impliquer l’intervention d’une tierce personne.
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Le corps est installé sur la table du fond, sous un drap.
L’autopsie doit idéalement avoir lieu dans les quarante-huit heures après le décès. Il est à noter qu’on autopsie fréquemment des corps très altérés dont la mort remonte à plus de deux semaines. Le travail est alors plus difficile, même pour la simple identification.
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Les instruments du médecin légiste comprennent des «réglettes» permettant de mesurer et comparer les éléments observés.
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Durant l’autopsie, on pèse les organes et on les photographie de manière scientifique à l’aide de cette installation. On utilise un flash et une réglette comme échelle de comparaison. La docteur Schrag insiste sur le travail de nettoyage des organes d’éventuels résidus de sang pouvant perturber les observations. Toutes les images sont archivées électroniquement et protégées.
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La table de dissection sur laquelle on dispose le corps. On remarque sa forme permettant un bon écoulement des liquides, comme les graisses liquéfiées ou le sang.
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La docteur Bettina Schrag est prête pour procéder à l’autopsie du corps. Elle va d’abord l’observer de manière externe et le décrire précisément. Elle relèvera par exemple des ecchymoses ou des plaies. Puis, elle va ouvrir successivement la boîte crânienne, la cage thoracique et l’abdomen pour avoir une vision d’ensemble.
Les médecins légistes, en majorité des femmes, opèrent toujours à deux. La Dr Coraline Egger assiste la Dr Schrag et pèse les organes avant de les photographier. On relève que le coeur est anormalement gros et lourd, 510 grammes, et que les coronaires sont bouchées. Pendant ce temps, la Dr Schrag effectue des prélèvements destinés à être analysés par les différents départements de médecine légale. Lors de cet examen, une thrombose est suspectée, par conséquent, on dissèque également les jambes.
Lorsque le travail est terminé, on convoque «le plateau»: tous les médecins légistes présents assistent à un résumé de l’examen.
Lorsque tout le monde est parti, le préparateur referme le corps. Les soins esthétiques seront effectués par les pompes funèbres.
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Série de prélèvements liquides. Entre autres: sang, urine, bile.
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Prélèvement du cerveau destiné à l’unité d’histopathologie. Le cerveau était-il bien oxygéné? Révèle-t-il des hémorragies? Des métastases? La boite en plastique contient l’ensemble des prélèvements. L’analyse du foie révèlera une pathologie hépatique sévère, ainsi qu’une tumeur cancéreuse.
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Certains prélèvements partent à l’unité de toxicologie.
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Les laborantines de l’unité d’histopathologie préparent les lamelles de prélèvements à être observées.
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Une lamelle est bientôt prête.
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La composante d’enquête est un aspect qu’apprécient la plupart des médecins légistes. C’est un métier vivant intimement lié à la vie de la cité. Les médecins légistes de l’unité de médecine forensique collectionnent les articles de journaux et s’intéressent à l’issue des investigations de la justice.