Quand l’enveloppe qui protège le cœur s’enflamme
Tout comme les poumons sont entourés par la plèvre et les intestins enveloppés par le péritoine, le cœur se trouve aussi à l’intérieur d’une enveloppe protectrice, appelée sac péricardique ou péricarde. Dans des conditions normales, cette fine enveloppe, d’une épaisseur inférieure à deux millimètres, est constituée de deux feuillets qui glissent l’un sur l’autre et assurent la mobilité du cœur tout en le protégeant. Contenues dans le sac péricardique se trouvent aussi les racines des grands vaisseaux comme l’artère pulmonaire et la veine cave.
Il arrive que cette membrane s’enflamme en provoquant des symptômes cardiaques et des douleurs thoraciques parfois importantes, on parle alors de péricardite aiguë.
Douleurs thoraciques
95% des patients ayant des péricardites aiguës présentent des douleurs thoraciques intenses, vives et cuisantes et qui peuvent parfois irradier vers les membres supérieurs et même le cou. Exacerbées à l’inspiration, en cas de toux et en position couchée, ces douleurs peuvent être soulagées en position assise.
Un autre signe caractéristique de cette maladie est la présence d’un bruit appelé frottement, qui ressemble aux pas dans la neige fraîche et qui peut être entendu lors de l’auscultation thoracique par les médecins. Ce son est provoqué par le mouvement des deux feuillets enflammés du péricarde.
Pour établir un diagnostic complet, il est nécessaire de consulter un cardiologue qui pourra effectuer une échographie et une radiographie du cœur ainsi qu’un électrocardiogramme. De plus, une analyse du sang permet de révéler certaines particularités sur le type d’inflammation en cours, ce qui donne des éclaircissements quant au type de maladie sous-jacente responsable de l’inflammation du péricarde.
La plupart des péricardites peuvent être traitées en ambulatoire. Toutefois, si d’autres éléments tels que fièvre, traumatisme de la poitrine, maladies auto-immunes ou complications cardiaques sont concomitants, une hospitalisation peut se révéler nécessaire.
Une thérapie en fonction du diagnostic
Le traitement de la péricardite aiguë est généralement déterminé en fonction de sa cause sous-jacente. Dans les pays développés, où la maladie reste le plus souvent d’origine inexpliquée ou présumée virale, les médicaments administrés sont essentiellement des anti-inflammatoires associés à la colchicine. Les anti-inflammatoires le plus utilisés sont les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) comme l’ibuprofène et l’aspirine utilisés à des doses spécifiques.
Ces médicaments sont prescrits pendant deux semaines environ, ce qui correspond à la période nécessaire pour la disparition des symptômes. Cependant, la colchicine doit être poursuivie au moins pendant trois mois.
Causes multiples et risques de récidives élevés
Si dans les pays en voie de développement les causes d’une péricardite aiguë sont généralement attribuées à la tuberculose, dans les pays développés, comme mentionné plus haut, cette pathologie est le plus souvent d’origine inconnue ou soupçonnée virale. Parfois, certains cancers du sein ou des poumons, ou encore des maladies auto-immunes ou des traumatismes peuvent aussi déclencher une inflammation du péricarde.
D’après une étude italienne, la fréquence de cette maladie est de 27,7 cas sur 100 000 personnes et par année, et elle touche plus d’hommes que de femmes. Les risques de récidive sont plutôt élevés, car ils concernent une personne sur cinq ayant déjà souffert d’une péricardite aiguë. Il existe deux formes de péricardites récurrentes: intermittentes, lorsqu’il y a disparition des symptômes pendant plus de six semaines avant une rechute, ou incessantes, lorsque l’inflammation réapparaît dès l’arrêt du traitement.
Chaque fois qu’une péricardite se déclare le même danger se présente: le cœur est compressé et ne peut plus se remplir correctement. Un des défis du traitement d’une péricardite aiguë est donc aussi de prévenir des rechutes.
De la colchicine pour une meilleure prise en charge
La colchicine a comme effet, entre autres, de bloquer la mobilité des globules blancs, indispensables à l’apparition d’une inflammation. Freiner ces cellules sur une longue période peut s'avérer utile pour diminuer considérablement les risques d’une récidive de péricardite. En effet, même si les causes des récurrences ne sont pas bien connues, il est probable que le stimulus qui provoque l’inflammation persiste plusieurs mois, même sans symptômes apparents. De plus, si à certaines doses la colchicine peut provoquer des diarrhées, la quantité proposée pour le traitement des péricardites aiguës ne provoque pas d’effets secondaires.
La colchicine n’est pas reconnue pour cette indication en Europe et aux Etats-Unis mais elle fait partie des nouvelles recommandations de traitement. En Suisse, la colchicine ne fait pas partie de la liste des médicaments enregistrés et autorisés par Swissmedic et doit par conséquent être commandée à l’étranger. D’après la littérature médicale, un traitement prolongé avec la colchicine à des petites doses représente une avancée importante dans la prise en charge de cette maladie.
Il est important enfin de noter qu’à des doses trop élevées, la colchicine peut avoir des effets indésirables graves et peut même être mortelle. Par conséquent, en plus de respecter scrupuleusement la dose prescrite, il faut impérativement tenir ce médicament hors de portée des enfants.
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Référence
- Adapté de «La péricardite aiguë», Drs Myriam Ben Gaied, Joanna Krähenbühl, Pr Daniel Genné, Service de médecine interne, Centre hospitalier de Bienne; et Florian Rey, Service de cardiologie, Hôpitaux universitaires de Genève (HUG). In Revue Médicale Suisse 2015;11:1835-8, en collaboration avec les auteurs.
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