Faire face à l’insuffisance cardiaque sévère
Son nom est énigmatique au premier abord, et pourtant le LVAD (Left ventricular assist device ou dispositif d’assistance ventriculaire gauche) joue un rôle très concret, celui de compenser les défaillances de la partie gauche du cœur. Chargée d’expulser le sang «neuf» en direction des organes, celle-ci peut dysfonctionner pour de multiples raisons. Parmi elles: une pathologie des artères coronaires, des valves cardiaques ou du cœur lui-même.
Deux options
«Heureusement, dans la majorité des cas, l’insuffisance cardiaque se traite relativement bien, grâce à une série de mesures allant, selon les besoins, d’un ajustement de l’hygiène de vie à l’intervention chirurgicale ciblée sur la cause du problème, en passant par des traitements médicamenteux», explique le Pr Christoph Huber, médecin-chef du Service de chirurgie cardiaque et vasculaire aux HUG. Mais lorsqu’elle évolue vers une forme sévère (on parle de stade 4), seules deux options subsistent: la greffe cardiaque et le LVAD. La première est généralement le traitement de choix. Mais les critères pour pouvoir en bénéficier sont nombreux et la pénurie d’organes criante. «Nous ne parviendrons sans doute jamais à un équilibre, déplore le chirurgien. Le pool de patients en attente d’un cœur ne cesse de croître, mais le nombre de donneurs n’augmente pas, ou pas assez.»
Envisagé à vie
D’où l’importance du LVAD, et notamment de son modèle actuel: le Heart Mate 3, celui-là même qui a été implanté par le Pr Huber et son équipe en octobre 2019 au 100e patient de Suisse (lire encadré). Arrivés sur le marché dans les années 1990, ses précurseurs ont amorcé une révolution dans la prise en charge de l’insuffisance cardiaque, avant d’évoluer considérablement au fil du temps. «Nous sommes partis d’un modèle qui faisait la taille d’un placard et condamnait les patients à rester hospitalisés, à une version miniaturisée, plus sûre, permettant une implantation dans la cage thoracique et une vie à domicile.» Autrefois proposé uniquement en attente d’une greffe, le LVAD peut aujourd’hui être envisagé à vie. Mais des progrès restent à faire. «Son talon d’Achille réside dans le système d’alimentation, qui se fait par batterie externe, engendrant de nombreuses contraintes, un risque d’infection et une vigilance de tous les instants, explique le spécialiste. La véritable révolution passera notamment par une alimentation transcutanée.» Et de conclure : «Au vu du chemin parcouru et des progrès techniques en cours, tous les espoirs sont permis.»
«Cette machine, je l’ai haïe… puis aimée»
Greffé du cœur depuis peu, Jacques, 70 ans et de l’énergie à revendre, a été le 100e patient implanté à l’aide d’un LVAD en Suisse. L’intervention a été réalisée par le Pr Christoph Huber aux HUG. Durant sept mois, le dispositif a accompagné Jacques chaque seconde de sa vie, le préservant plus encore qu’il ne l’imaginait.«La décision a été difficile à prendre, parce qu’il n’y avait pas de retour en arrière possible. En disant oui au LVAD, j’acceptais que mon cœur soit percé pour la pose d’une pompe reliée à un câble ressortant de mon abdomen, que des batteries me maintiennent en vie la journée et que je me branche au secteur la nuit, que je surveille mon alimentation pour optimiser ma coagulation sanguine, que je dose chacun de mes gestes pour éviter tout risque de chute du boîtier extérieur pouvant entraîner une rupture du câble. Un incident qui aurait pu être fatal tant pour lui que pour moi. Alors, cette machine, je l’ai haïe… puis aimée, quand j’ai compris, à l’issue d’une série d’examens des mois plus tard, que sans elle mes organes n’auraient probablement pas tenu jusqu’à cet appel, une nuit, m’annonçant qu’un nouveau cœur m’attendait.»
Article repris du site pulsations.swiss
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