Les accidents vasculaires cérébraux frappent de plus en plus tôt
L’accident vasculaire cérébral (AVC) est une maladie de l’urgence, et plus précisément de l’urgence neurologique. C’est aussi une maladie dont les causes premières peuvent être d’origines différentes. Et face aux premiers symptômes cliniques le diagnostic de l’AVC n’est pas toujours simple à porter. C’est encore une cause majeure de mortalité prématurée après soixante-cinq ans. Et une cause majeure d’invalidité.
La situation épidémiologique générale semble en train d’évoluer de manière négative. En témoignent les résultats d’une vaste étude internationale qui vient d’être publiée dans The Lancet(1). On découvre ainsi que le nombre des AVC augmente dans le monde et que cet accident n’est plus le fait des seules personnes âgées.
Poids mondial
Financé par la Fondation Bill & Melinda Gates, ce travail a été coordonné par les Prs Valery L. Feigin (National Institute for Stroke and Applied Neurosciences, Université d’Auckland) et Christopher Murray (Institute for Health Metrics and Evaluation, Université Washington, Seattle). Il a été mené dans le cadre d’une étude plus vaste connue sous le nom de Global Burden of Diseases, Injuries, and Risk Factors Study 2010 («GBD 2010»). Ce travail a permis d’estimer le poids mondial de l’AVC durant la période 1990-2010. Le «poids» étant les principales caractéristiques de cette affection: son incidence, sa prévalence, sa mortalité ainsi que le nombre des années de vie avec incapacité dont elle est la cause. Ceci par tranche d’âge et niveau de revenu du pays.
Mortalité en baisse
Pour la seule année 2010, le nombre des victimes d’un premier AVC a été de 16,9 millions, et le nombre total de victimes d'AVC de 33 millions. On a encore compté 5,9 millions de morts prématurées dues à ces accidents vasculaires. Soit au final une augmentation très significative depuis 1990: respectivement 40%, 46%, et 20%. Il apparaît encore qu’entre 1990 et 2010, l'incidence normalisée selon l'âge de l'AVC a diminué significativement de 12% dans les pays à revenu élevé. Dans le même temps elle a augmenté dans des proportions équivalentes dans les pays à revenu faible ou moyen. Les taux de mortalité ont d’autre part diminué de manière significative dans l’ensemble des pays, de 15 à 37%, selon les niveaux socio-économiques.
Le phénomène le plus marquant ressortant de cette étude est sans doute que les jeunes sont de plus en plus touchés. En vingt ans on a observé une augmentation de 25% du nombre de cas d'AVC chez les 20-65 ans (et 83 000 chez les moins de 20 ans). Soit, en 2010, plus de cinq millions de personnes. Parmi elles neuf sur dix vivaient dans des pays à revenus faibles ou modérés. C’est ainsi que près de deux AVC inauguraux sont désormais recensés chez des personnes de moins de 75 ans.
Une seconde étude réalisée à partir des mêmes données fait la part entre les deux grandes causes des AVC: les causes ischémiques et les causes hémorragiques. Elle aussi conclut au constat d’une augmentation massive du nombre absolu de victimes. Elle observe des taux plus élevés d’AVC hémorragiques (47%) qu’ischémiques (37%). Les premiers augmentent notablement plus dans les pays à revenus faibles et intermédiaires.
Séquelles
«L'ampleur de cette augmentation est une vraie surprise, a déclaré au quotidien français Le Figaro le Pr Mathieu Zuber, chef du service de neurologie du groupe hospitalier Paris Saint-Joseph. Nous avons effectivement l'impression qu'il y a de plus en plus de jeunes porteurs de risques vasculaires, en raison d'une mauvaise hygiène de vie: obésité, sédentarité, alimentation de mauvaise qualité…». En France plus de 500000 personnes ayant été victimes d’un AVC souffrent aujourd’hui de séquelles motrices et/ou intellectuelles. Les séquelles les plus fréquentes sont des troubles de l'équilibre et de la mémoire, des paralysies ou des troubles du langage. Une personne sur trois ne peut plus marcher sans assistance.
Redoutable piège
On peut aujourd’hui agir efficacement jusqu'à quatre heures et demie après l'accident inaugural, mais chaque minute qui suit l’apparition des symptômes compte. Ces symptômes sont variables: hémiplégie, vertiges, troubles du langage, de la vue, de la compréhension. Ils ne s’accompagnent généralement pas de douleurs et peuvent – c’est un piège redoutable – disparaître. Avant un nouvel accident dans les jours ou les semaines suivantes.
Dépression et soins de suite
«Même si la personne peut marcher, il ne faut pas la bouger ni même l'emmener aux urgences, mais au contraire la laisser allongée et attendre les secours», insiste le Pr Zuber. Il ne faut pas non plus faire boire ou manger la personne, car cela peut s'accompagner de problèmes de déglutition.» Ce spécialiste rappelle que l'AVC est la première cause de handicap chez l'adulte et que près d’une victime sur deux souffre ensuite d’une dépression.
C’est dire l’importance qu’il faut accorder aux structures d’accueil et aux soins de suite et de réadaptation. Médecins, infirmières, kinésithérapeutes, orthophonistes et ergothérapeutes vont aider les personnes concernées à retrouver les gestes du quotidien. Et, le cas échant, leur venir en aide pour palier autant que faire se peut leurs pertes motrices et sensitives devenues définitives.
(1) Un résumé (en anglais) de ce travail est disponible ici.
(2) Un résumé (toujours en anglais) est disponible ici.
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Accident vasculaire cérébral (AVC)
L'AVC, ou "attaque cérébrale", est la conséquence d'un manque d'apport de sang dans le cerveau (obstruction ou rupture d'un vaisseau). Les symptômes ne sont pas toujours réversibles.