Cinq choses à savoir sur l’AVC
L’AVC touche majoritairement les seniors (76 ans étant l’âge moyen de survenue à Genève par exemple), mais de plus en plus de jeunes en sont néanmoins victimes. «Le stress, la consommation de cannabis, l’exposition à la pollution? On ignore quelles en sont exactement les raisons», déclare le Dr Emmanuel Carrera, neurologue aux Hôpitaux universitaires de Genève (HUG). Les séquelles, visibles et invisibles, peuvent lourdement impacter la qualité de vie et entraîner de longs parcours de soins. Reconnaître les symptômes de la maladie et réagir le plus rapidement possible est donc essentiel.
La maladie
Il existe deux types d’AVC. Celui dit ischémique représente 80% des cas et survient lorsqu’un vaisseau cérébral est obstrué par un caillot de sang. Tout le tissu qui se trouve en aval va alors manquer d’oxygène. L’AVC hémorragique concerne quant à lui les 20% des cas restants: un vaisseau cérébral de petit calibre se rompt, causant une hémorragie cérébrale. Cette situation clinique est très grave et la mortalité élevée.
Les facteurs de risque
L’âge est le premier facteur de risque. L’hypertension, le diabète, le tabagisme (risque d’AVC multiplié par trois) et l’hypercholestérolémie sont les quatre autres facteurs de risque majeurs. Une mauvaise hygiène de vie, le manque d’activité physique, une alimentation non équilibrée, la consommation d’alcool ou l’obésité abdominale sont d’autres facteurs favorisants. À l’exception de l’âge, tous ces facteurs sont modifiables. À noter que l’arythmie cardiaque, en particulier la fibrillation auriculaire, peut entraîner la formation d’un caillot au niveau du cœur, qui peut ensuite migrer dans le cerveau.
Quelques recommandations
Pour se prémunir d’un AVC, il faut traiter les facteurs de risque cardiovasculaires, à savoir diabète, hypercholestérolémie et hypertension artérielle. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) recommande par ailleurs 150 à 300 minutes d’activité physique d’intensité modérée par semaine (ou 75 à 150 minutes d’activité d’intensité soutenue). Une alimentation équilibrée (fruits et légumes, réduction de sa consommation de sel), un poids sain et l’absence de tabagisme sont vivement recommandés. Réduire si possible son exposition au stress est également important. Enfin, une bonne santé cérébrale passe aussi par la lutte contre l’isolement et le développement des liens sociaux.
Les signaux d’alerte
L’AVC se manifeste de manière brutale par une paralysie du visage, des troubles sensitifs (sensation d’engourdissement), une faiblesse d’une moitié du corps, des troubles de la parole (difficultés à articuler, à trouver les mots, phrases incompréhensibles) et de la vision (image double, brève perte de vue d’un œil) selon la région du cerveau touchée. En anglais, on utilise l’acronyme FAST, pour «face» (visage), «arm» (bras), «speech» (parole), «time» (temps), afin de se poser les bonnes questions et mieux repérer l’AVC. À ces symptômes peuvent s’ajouter des maux de tête persistants, de la confusion et des troubles de l’équilibre ou vertiges, spécifiquement chez les femmes. Ces signaux d’alerte, même s’ils disparaissent en quelques minutes, sont à prendre au sérieux, prévient le Dr Carrera: «Il s’agit alors d’un accident ischémique transitoire, dû, comme l’AVC ischémique, à la présence d’un caillot de sang obstruant la circulation sanguine cérébrale de manière transitoire. C’est un signe d’alerte majeur qui peut annoncer un AVC dans les heures ou les jours qui suivent. Il faut dans ce cas appeler sans tarder le 144.»
Une prise en charge rapide
Si vous ressentez les symptômes décrits ci-dessus ou les observez chez un proche, appelez immédiatement le 144, car chaque minute compte. Mieux vaut appeler les secours que de se rendre à l’hôpital par ses propres moyens. En effet, de cette façon, les différents acteurs de la filière de soins seront avertis, pour une prise en charge sans délai. «Les chances de récupération sont plus élevées si l’AVC est soigné dans les 24heures et sont maximales si on intervient dans l’heure qui suit le début des symptômes», indique le spécialiste. Une thrombolyse intraveineuse, technique visant à dissoudre le caillot de sang, est possible dans les 4h30 qui suivent l’accident. Jusqu’à 24heures, un traitement endovasculaire (intervention locale au niveau de l’aine ou de l’aorte) peut être réalisé afin de retirer le caillot de sang s’il se trouve dans une artère intracérébrale de grand calibre.
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Paru dans Planète Santé magazine N° 52 – Mars 2024
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