Le cancer de l’enfant: en quoi est-il différent de celui de l’adulte?
Contrairement aux cancers des adultes, qui sont bien étudiés et font régulièrement la une des médias, ceux qui frappent les enfants restent assez mal connus. Il en existe plus de soixante types différents, certains d’entre eux n’affectant que quelques dizaines d’enfants dans le monde. En Suisse, environ 250 nouveaux cas sont diagnostiqués chaque année.
Chez les enfants, le cancer constitue la deuxième cause de décès, après les accidents, et la première due à une maladie. La mortalité a considérablement diminué au cours de ces dernières décennies et, actuellement, plus de 85% des enfants guérissent de leur tumeur. Pour certaines d’entre elles, le taux de survie est encore meilleur et dépasse souvent 90%.
À l’origine des cancers
Les cancers pédiatriques peuvent toucher une grande variété d’organes et de tissus. Mais ils ont tous une origine commune: ils proviennent de la division incontrôlée de cellules de l’organisme.
Vrai ou faux: «Le stress psychologique favorise le cancer»
FAUX. Contrairement à une crainte souvent exprimée par les parents, aucune étude n’a montré qu’il existait un lien entre le stress ou les traumatismes psychologiques et la survenue des cancers infantiles.
Il arrive parfois que des cellules se mettent à se multiplier de manière anarchique. Les cellules peuvent alors rester agglutinées –ce sont les tumeurs «bénignes»–, mais elles peuvent aussi avoir la capacité de s’échapper et de se disséminer dans d’autres organes et tissus. Ces tumeurs dites «malignes» sont plus redoutables, car elles peuvent former des métastases, c’est-à-dire des tumeurs qui ont la capacité de voyager et de se développer dans d’autres organes et contre lesquelles il est souvent plus difficile de lutter.
À l’origine de ce processus, il y a des erreurs de codage. Il faut savoir que, lorsqu’elle se divise, une cellule commence par copier son ADN. Lors d’une opération aussi complexe, il n’est pas rare qu’il y ait des erreurs de retranscription dans les gènes. C’est ce que l’on nomme des mutations. Des facteurs extérieurs présents dans l’environnement peuvent également contribuer à endommager l’ADN.
Heureusement, la cellule possède une batterie de protéines qui sont chargées de réparer les gènes défaillants. Par ailleurs, le système immunitaire est chargé non seulement de lutter contre les agents pathogènes (bactéries ou virus par exemple) qui pénètrent dans l’organisme, mais aussi de le débarrasser des cellules malades. Cependant, quand les mutations sont trop importantes ou lorsqu’elles s’accumulent en trop grand nombre, les défenses immunitaires sont dépassées ou rendues inefficaces par les mutations ou par d’autres mécanismes. Il arrive aussi que le système immunitaire soit affaibli et qu’il ne parvienne plus à reconnaître les cellules tumorales.
Une maladie du développement
On a coutume de dire que les cancers des enfants sont des maladies du développement cellulaire, alors que ceux des adultes sont des pathologies du vieillissement. C’est en grande partie vrai, même si, chez les petits, l’existence d’une première mutation peut favoriser l’apparition d’autres anomalies génétiques et que, chez eux aussi, les effets de l’environnement peuvent également jouer un rôle.
Les enfants étant en pleine croissance, leurs cellules se multiplient bien plus vite que celles des adultes. Or, plus la division de la cellule est rapide, plus le risque est grand de voir apparaître une accumulation de mutations qui échappent au contrôle du système de «réparation».
Si, chez l’adulte, un certain nombre de facteurs favorisant le développement du cancer ont été clairement pointés du doigt (l’alcool, le tabac, les produits toxiques, etc.), chez l’enfant ces facteurs de risque ne sont pas tous connus. Il n’est donc la plupart du temps pas possible de prévenir la maladie. Certains cancers peuvent être d’origine héréditaire. L’exposition des parents à certains produits chimiques a aussi été incriminée dans l’apparition de certains cancers. Il est actuellement admis que certains virus peuvent être impliqués dans le développement de certains cancers des enfants, tout comme les radiations ionisantes qui modifient l’ADN.
Des traitements différents
Les enfants ne métabolisent pas les médicaments utilisés en chimiothérapie comme le font les adultes. Comme ils sont plus petits, ils requièrent généralement moins de médicaments. En outre, du fait de leur jeune âge, les bambins ont généralement moins de comorbidités que les adultes. Il est donc possible de traiter leur cancer avec plus d'intensité, en leur administrant des doses importantes de médicaments. D’une manière générale, les enfants supportent mieux les traitements oncologiques et ont moins de complications. C’est ce qui explique en partie que le taux de guérison chez les enfants soit meilleur que chez les adultes.
L’influence des ondes électromagnétiques
Les enfants qui sont exposés à des ondes électromagnétiques ont-ils un risque accru de développer un cancer? La question fait toujours débat. De très nombreuses études ont été consacrées à ce sujet. L’une d’elles, publiée dans l’American Journal of Epidemology en 2014 et réalisée dans le cadre de la Cohorte nationale suisse et du Groupe suisse d’oncologie pédiatrique, n’a pas trouvé de liens entre l’exposition à ces ondes de radiofréquence (celles qui sont notamment utilisées par la télévision, la radio, etc.) et le développement de cancers comme la leucémie.
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Adapté de J’ai envie de comprendre… Le cancer de l'enfant et de l'adolescent, de Marc Ansari et Elisabeth Gordon, en collaboration avec Fabienne Gumy-Pause, Ed. Planète Santé, 2018.