Des cocktails multivitaminés pour calmer l’hyperactivité?
Le TDAH se caractérise par de nombreux symptômes qui peuvent être réunis en trois catégories: l’inattention, l’hyperactivité et l’impulsivité:
- Inattention: difficultés à se concentrer, à faire ses devoirs ou à pratiquer des jeux; difficultés à respecter les consignes, pertes d’objets, oublis.
- Hyperactivité: mouvements incessants des mains, des pieds ou de différentes parties du corps; difficultés à rester assis longtemps; prises de parole fréquentes et intempestives.
- Impulsivité: réponses très rapides, interruptions des autres, impossibilité de rester à sa place ou de répondre à son tour.
Surveillance prolongée
Le TDAH est aussi une affection dont les symptômes peuvent évaluer avec l’âge. Car loin d’être limitée à l’enfance, elle peut persister à l'âge adulte: on estime généralement qu’environ 4% des adultes en sont affectés.
Il y a un an une étude publiée dans la revue Pediatrics(1) a montré que le TDAH diagnostiqué durant l’enfance peut avoir des répercussions à l'âge adulte, avec un risque accru de troubles psychiatriques et d’idées suicidaires. Il s’agissait d’un travail mené par des spécialistes américains de Boston (Children's Hospital, Harvard Medical School, Boston) et de la Mayo Clinic. Leurs résultats soulignent la nécessité d’une surveillance étroite et de traitements adaptés des personnes concernées.
Les auteurs de cette publication avaient mené leur étude sur près de 6000 enfants nés entre 1976 et 1982. Parmi eux, 367 avaient été diagnostiqués comme souffrant d’un TDAH et 232 avaient pu être suivis au-delà de leur vingtième année; les trois quarts avaient reçu un traitement durant leur enfance. Il est ainsi apparu que les enfants atteints de TDAH sont plus susceptibles que les autres de souffrir de toxicomanie ou de dépendance, de troubles de la personnalité, d’épisodes hypomaniaques, d'anxiété généralisée ou de dépression majeure. Chez eux le risque suicidaire apparaît également plus élevé.
Minéraux et vitamines
L’étude aujourd’hui publiée dans le British Journal of Psychiatry(2) vient, d’une certaine manière, compléter ces observations. Elle a été menée par un groupe de chercheurs néo-zélandais dirigés par le Pr Julia J. Rucklidge (département de psychologie, Université de Canterbury, Christchurch). Elle laisse penser que des apports importants en composés multivitaminés et en minéraux pourraient être efficaces vis-à-vis des symptômes du TDAH.
Il faut ici préciser que le rôle de la nutrition dans le TDAH reste très discuté. Différentes tentatives de restriction de certains aliments ou de supplémentations avec des nutriments spécifiques ont été réalisées sans que des conclusions indiscutables aient pu être établies.
L’originalité de l’essai néo-zélandais tient au fait qu’il porte sur un éventail de nutriments à large spectre. Il comporte notamment de la vitamine D, du fer et du calcium, mais pas d’omega-3. Ce cocktail (quinze capsules quotidiennes) a été administré durant huit semaines. Un autre cocktail était composé de substances placebos. Quatre-vingt adultes volontaires ont participé à l’étude; la moitié d’entre eux avaient des antécédents de troubles psychiatriques et de traitement médicamenteux.
Amélioration des symptômes
Les chercheurs ont évalué et comparé l’évolution des symptômes des participants à partir de différentes échelles spécialisées concernant le TDAH, la dépression, ainsi que les fonctions cognitives et psychologiques. Ils expliquent constater, par rapport au groupe placebo, une amélioration des symptômes avec leur formule à base de micronutriments. Amélioration qui porte pour l’essentiel sur les symptômes du TDAH mais ne concerne pas la dépression.
Il s’agit, selon les auteurs, de résultats qui doivent être considérés comme des preuves préliminaires d'efficacité pour les micronutriments dans le traitement des symptômes du TDAH chez les personnes adultes. Des résultats selon eux d’autant plus intéressants que le profil de sécurité du traitement est a priori rassurant. Les chercheurs estiment toutefois que des études sur des échantillons plus larges et des durées plus longues sont désormais nécessaires avant de valider l'efficacité et l’innocuité de ces micronutriments dans cette nouvelle indication.
(1) Un résumé (en anglais) de cette étude est disponible ici.
(2) Un résumé (en anglais) de cette étude est disponible ici.