Risques liés aux piercings: mythe ou réalité?
Le «body piercing» vient de l’anglais «to pierce», qui signifie «percer». Il consiste en une perforation d’une partie du corps pour y poser un dispositif décoratif. Les parties du corps les plus impliquées sont le nombril (33%), le nez (19%), les oreilles (13%), la langue (9%), les mamelons (9%), les sourcils (8%), les lèvres (4%) et les organes génitaux (2%), selon une étude réalisée en Angleterre. Ils concernent majoritairement les jeunes d’entre 16 et 24 ans. Les méthodes les plus utilisées sont la perforation à l’aiguille ou au pistolet.
Le piercing est aujourd’hui effectué dans un but esthétique, pour des questions identitaires ou pour souligner son appartenance à un groupe social, comme les mouvements punks ou gothiques. Mais cette pratique est pourtant bien plus ancienne… En effet, elle représente une forme d’expression culturelle dans de nombreuses civilisations indo-européennes, amérindiennes et asiatiques. Dans ces cultures, les piercings témoignent d’une appartenance à un groupe ethnique et sont souvent mis en place lors de rituels.
Personnes à risque
Les complications les plus fréquentes, souvent bénignes mais parfois sévères, sont un œdème (gonflement), une infection, une hémorragie ou une réaction allergique. Le piercing doit parfois être retiré transitoirement pour favoriser la cicatrisation.
Certaines personnes sont plus à risque de développer des complications, d’où l’importance de faire le point sur sa santé avant de réaliser un piercing. Cette précaution permettra de prendre une décision en connaissant les risques et de mieux surveiller, voire traiter, les premiers signes. Les personnes les plus à risques sont celles souffrant de:
- immunosuppression (à cause d’une maladie ou d’un traitement);
- diabète;
- maladies des valves cardiaques (risque d’infection au niveau du cœur);
- troubles de la coagulation (à cause d’une maladie ou d’un traitement);
- allergie aux métaux;
- dermatite atopique (peau sensible aux allergies).
Complications liées au piercing de la bouche, de la langue et des lèvres
Dans les cinq jours qui suivent la pose du piercing, certaines réactions inflammatoires sont normales. Celles-ci comprennent un gonflement local, un saignement léger, un hématome, une sensibilité, un petit écoulement clair ou transparent ou encore une petite ulcération. Des légères difficultés pour parler et mâcher sont fréquentes et s’atténuent après quelques semaines.
Les complications peuvent être précoces (durant la pose du piercing ou le temps de la cicatrisation) ou tardives. Les complications précoces les plus fréquentes sont des réactions inflammatoires importantes, des hémorragies et des infections parfois sévères (bactériémies), principalement pour les personnes ayant des maladies des valves cardiaques ou une immunosuppression.
Il est recommandé d’effectuer des rinçages buccaux tous les jours, d’éviter le tabac, l’alcool, la nourriture salée, acide ou épicée, ainsi que les rapports sexuels oraux durant toute la période de cicatrisation. Une fois cicatrisé, le piercing devrait être retiré et nettoyé tous les jours.
Les complications tardives sont principalement dentaires et apparaissent en général après un délai de trois ans. Il peut s’agir d’une hypersensibilité d’une dent, une inflammation des gencives (gingivite), une érosion de l’émail, voire même une fracture de la dent. Les tics (jouer avec le piercing), les piercings de grande taille et les piercings métalliques favorisent les complications, tandis que le plastique ou les résines acryliques diminuent le risque. Un contrôle régulier chez le dentiste est recommandé.
Complications liées aux piercings du nez et des oreilles
Les complications liées aux piercings des oreilles sont fréquentes, en particulier lors de l’utilisation du pistolet pour la mise en place du piercing. Elles regroupent l’infection mineure, la réaction allergique, l’abcès, la formation de chéloïdes (cicatrice volumineuse) et la déchirure du lobe de l’oreille. Les piercings du cartilage de l’oreille présentent une moins bonne cicatrisation et un risque infectieux élevé. En effet, cette partie de l’oreille comporte peu de vaisseaux sanguins. Les infections se traitent par antibiotiques la plupart du temps, mais nécessitent parfois un geste chirurgical.
Les piercings du nez comprennent les mêmes risques, en particulier s’ils sont placés sur les ailes du nez (dans la peau, sur le côté du nez) ou au centre du nez (dans le septum nasal qui est composé de cartilage).
Transmissions de maladies
Une transmission de virus tels que le VIH, le papillomavirus (HPV) ou les virus des hépatites B, C ou D est théoriquement possible. A l’heure actuelle, aucun cas de transmission du VIH n’a été rapporté suite à la pose d’un piercing. Des données plus anciennes semblent par contre confirmer un risque de transmission des hépatites, en particulier l’hépatite C, lorsque le piercing est pratiqué par un non-professionnel. Des infections par Clostridium tetani (responsable du tétanos) ont été rapportées lors de l’utilisation de kits d’auto-implantation en vente libre. Contrairement aux croyances des acheteurs, ces kits ne sont généralement pas stériles.
Piercing ou non?
Effet de mode ou tradition culturelle, et malgré les risques de complications, le piercing n’est pas à bannir. Il est cependant plus prudent de prendre sa décision de manière réfléchie plutôt qu’impulsive et se renseigner avant de l’effectuer. Votre médecin généraliste pourra vous donner des informations sur vos risques personnels et surveiller les potentielles complications. Il est également important de bien choisir l’établissement dans lequel le piercing est réalisé et s’assurer qu’il pratique de manière professionnelle.
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Référence
Adapté de «Complications liées aux piercings», par Drs Lauriane Friedrich, Pierre-Nicolas Carron, Pr Bertrand Yersin du Service des urgences, PMU, Lausanne, Dr Carlos Madrid du Service de stomatologie et médecine dentaire, CHUV, Lausanne, et Dr Micaela Ödman-Jaques, Morges. In Revue médicale suisse 2014;10:662-8. En collaboration avec les auteurs.
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