Le choc anaphylactique, une réaction allergique violente

Dernière mise à jour 18/12/24 | Article
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Dans le monde, une à trois personnes sur un million décèdent chaque année des suites de cette complication à une réaction allergique. Comprendre le mécanisme et reconnaître les symptômes permet de sauver des vies.

Une allergie, c’est quoi?

Pour que survienne une réaction allergique, il faut avoir été préalablement exposé à un allergène. Le système immunitaire des personnes allergiques réagit à la substance en pensant, à tort, que cette dernière est nocive pour l’organisme. La personne concernée ne se rend compte de rien lors de cette première exposition. Mais dès la suivante, les anticorps fabriqués s’attaquent à l’allergène, ce qui provoque une réaction allergique par la libération d’une substance appelée «histamine». S’ensuivent alors, selon les cas, des éruptions cutanées, des troubles digestifs, un gonflement de la bouche, entre autres. Une prise en charge par un allergologue permet de vérifier les substances qui provoquent une allergie et de voir quels sont les anticorps présents dans le sang. Une désensibilisation est possible pour certains allergènes. Elle s’effectue généralement sur plusieurs années.

Début octobre, le décès de Michel Blanc – l’éternel Jean-Claude Dusse des Bronzés – dû à un choc anaphylactique (ou anaphylaxie) médicamenteux a remis sur le devant de la scène cette réaction allergique grave et parfois létale. «Lors d’une exposition à un allergène, la personne allergique peut avoir différentes réactions, plus ou moins sévères. Urticaire, prurit, angiodème (gonflement des muqueuses ou sous la peau, ndlr) et troubles digestifs divers font partie des symptômes courants. Lorsqu’à cela s’ajoute une atteinte respiratoire ou de la circulation, on parle d’anaphylaxie», explique le Dr Yannick Muller, médecin allergologue et responsable du Pôle allergie et thérapie cellulaire du Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV). En d’autres termes, la personne concernée présente des difficultés à respirer et peut perdre connaissance. Cela arrive alors très rapidement après le contact avec l’allergène. «Il existe trois catégories de substances susceptibles de provoquer un choc anaphylactique: les médicaments, les aliments et les venins d’hyménoptères, à savoir les abeilles, les guêpes, les bourdons. Certains anticorps de l’allergie, s’ils sont présents dans le sang, augmentent les probabilités d’une telle complication, d’où l’importance de faire un diagnostic au niveau moléculaire via une prise de sang (lire encadré, ndlr)», ajoute l’expert. 

Alcool et sport

La quantité d’allergène ingérée augmente la sévérité de la réaction, mais ce n’est pas le seul facteur. «Les infections, l’alcool, la pratique en cours d’un sport, la prise d’anti-inflammatoires non stéroïdiens et possiblement, aussi, le stress émotionnel influencent la sensibilité des cellules de l’allergie et peuvent aggraver la situation», poursuit le Dr Muller.

Si les adultes sont davantage susceptibles de faire une anaphylaxie après une piqûre d’abeille ou de guêpe (trois à quatre décès chaque année en Suisse), les enfants sont plus à risques lors de l’ingestion d’un aliment. «Entre 5 et 8 % de jeunes sont allergiques à un aliment et un tiers à un quart d’entre eux feront un choc anaphylactique. Parmi les aliments connus pour provoquer plus fréquemment ce type de réaction chez les enfants, il y a les arachides et les noix», explique le PrPhilippe Eigenmann, médecin responsable de l’Unité d’allergologie pédiatrique des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG). 

Appel au 144 et kit de sécurité

Évidemment, pour prévenir une telle complication, il faut éviter d’être exposé à l’allergène. Mais cela est parfois plus facile à dire qu’à faire, tant pour les piqûres d’insectes que pour les aliments. «Il peut y avoir des allergies croisées: deux sources très différentes contiennent des allergènes semblables. Par exemple, les pois et les arachides font partie de la même famille et il est alors possible de réagir à l’un ou à l’autre», poursuit le spécialiste. 

Quelle que soit l’allergie, si elle est sévère, la personne concernée doit absolument avoir en sa possession un kit de sécurité contenant des médicaments antihistaminiques et une piqûre d’adrénaline. «En cas de choc anaphylactique, il faut allonger la personne, lui lever les jambes et lui administrer sans tarder l’adrénaline», conclut le Dr Muller. Et, dans tous les cas, appeler le 144 sans tarder car un tel épisode peut être létal.

Des formations pour mieux réagir

Le Centre d’allergie suisse aha! propose des formations sur l’anaphylaxie. «Nous avons un module pour les familles avec des enfants âgés de 8 à 12 ans, un autre pour adultes et adolescents et nous organisons également des ateliers pour les professionnels qui encadrent des enfants. Le but est d’informer la personne allergique et son entourage afin de pouvoir gérer au mieux le quotidien et agir correctement en cas d’urgence. Les parents ont souvent beaucoup de questions sur les allergies qui touchent leurs enfants et également pas mal de peurs. Un psychologue est présent lors des cours», explique Marie-Hélène Corajod, conseillère spécialisée au Centre d’allergie suisse aha!

Reconnaître les symptômes d’un choc anaphylactique, savoir utiliser le set d’urgence et être en mesure de bien interpréter les étiquettes alimentaires font partie des conseils prodigués lors de ces formations, mais pas seulement. Marie-Hélène Corajod rappelle une précaution simple, mais indispensable: «Il est important de contrôler la liste des ingrédients chaque fois que l’on achète un produit – même s’il s’agit de quelque chose que l’on mange régulièrement, car les fabricants peuvent modifier les compositions sans en avertir les consommateurs.» 

Pour rappel, en Suisse, quatorze allergènes doivent être mis en évidence sur les étiquettes, dont les noix, le gluten et le céleri. 

Les participants aux formations sont aussi amenés à manipuler un auto-injecteur d’adrénaline. «Il est important de leur montrer comment cela fonctionne. Nous faisons l’injection à travers un carton, ce qui leur permet de constater qu’il est possible d’administrer la substance même à travers un jean», rappelle Marie-Hélène Corajod. Un geste simple qui peut sauver une vie…

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Paru dans Le Matin Dimanche le 08/12/2024

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