Nouvel antidiabétique sur le marché, utile?
Lantus est l’exemple parfait pour illustrer ce qu’il se passe lorsque le brevet d’un médicament arrive à échéance. Lantus? C’est l’insuline vedette du groupe pharmaceutique français Sanofi. Cette insuline injectable longue durée (lire encadré) est utilisée dans le cadre du traitement du diabète et présente l’avantage de ne devoir être injectée qu’une fois par jour à heure fixe. Selon un article paru dans le journal Le Monde, dans un marché mondial du diabète qui dépasse les 40 milliards de dollars par an, cette insuline a rapporté à Sanofi 6,3 milliards d’euros –soit 19 % de son chiffre d’affaires en 2014.
En mai dernier, le brevet de cette insuline expirait. Pour le groupe pharmaceutique français, cela signifie d’une part la baisse du prix du médicament et, de l’autre, la possibilité pour d’autres entreprises pharmaceutiques de fabriquer des génériques sous un autre nom. Autrement dit, une perte massive de revenus. Le premier générique de l’insuline Lantus a d’ailleurs été annoncé ce printemps par la firme américaine Eli Lilly, mais sa mise sur le marché a été repoussée à la suite d’une poursuite en contrefaçon intentée par le groupe français Sanofi.
Lorsque le générique sera sur le marché, les patients disposeront donc d’une alternative moins onéreuse, mais pas forcément identique, comme le précise le Dr Juan Ruiz, responsable de la diabétologie à l’Hôpital Chablais Riviera (VD). «Théoriquement, cela ne devrait rien changer pour le patient. Dans la pratique, ce n’est pas toujours le cas. Les génériques sont supposés avoir le même effet thérapeutique, mais il y a toujours de petites variations dans la composition, la formule exacte du médicament original restant un secret de fabrication».
Exclusivité suisse
Début avril, pour contrer les génériques et remplacer partiellement la Lantus, Sanofi a lancé sa nouvelle insuline U300 aux Etats-Unis (non disponible en Suisse). La molécule est la même que celle de la Lantus, la glargine, mais à un dosage trois fois plus concentré. Pour le Dr Juan Ruiz, il n’y a pas de réel bénéfice à en attendre. «Nous prescrivons en général de la Tresiba, une insuline encore plus stable que la Lantus, qui induit moins d’hypoglycémie. La durée d’action de cette insuline, que la Suisse est la seule à avoir, est de plus de 24 heures alors que celle de la Lantus est de 22 à 24 heures maximum. Elle permet ainsi de gérer par exemple plus facilement le passage entre une hospitalisation et le retour à la maison en offrant, sur le plan de l’horaire d’administration, plus de souplesse aux infirmières à domicile qui assurent le suivi du traitement et aux patients».
L’insuline en spray
Les nouvelles pistes explorées dans le cadre des traitements du diabète passent aussi par l’insuline en spray. Le groupe français Sanofi fonde beaucoup d’espoirs sur l’Afrezza, une insuline à inhaler approuvée il y a un an aux Etats-Unis et qu’il a développée avec la firme américaine Mannkind. «Plusieurs modèles ont déjà existé, mais ils présentaient deux inconvénients. D’une part il s’agissait de gros appareils, de l’autre le premier essai a induit des problèmes de cancer pulmonaire chez les patients diabétiques qui fumaient», commente le Dr Juan Ruiz. Commercialisé 7,54 dollars pour un traitement quotidien de 12 unités, l’Afrezza sera plus cher que son équivalent injectable dont le coût est de 3,14 dollars pour une dose équivalente.
La pièce manquante
Il existe aujourd’hui différents types d’insuline qui se distinguent par leur rapidité d’action et la durée de leur effet (voir encadré). Mais ce qui manque, «c’est une insuline encore plus rapide qui permette de se rapprocher de la physiologie humaine en mimant davantage l’action de notre pancréas qui réagit très rapidement. On obtiendrait ainsi un pic rapide d’insuline qui couperait l’hyperglycémie et éviterait les hypoglycémies qui s’ensuivent», explique le diabétologue. Plusieurs essais sont actuellement en cours.
Les différents types d’insuline
La multiplicité des insulines permet d’adapter au mieux le traitement en fonction de chaque patient: état clinique, âge, poids, taille et mode vie. Quel que soit son profil, l’objectif demeure le même, maîtriser la glycémie tout au long du cycle biologique, soit 24h avec alternance d'un jour et d'une nuit.
Les insulines ultra-rapides commencent à agir 10 minutes après l’injection, deviennent très efficaces entre 30 minutes et une heure après l’injection et cessent d’agir trois à quatre heures après l’injection
Les insulines rapides commencent à agir 30 minutes après l’injection, deviennent très efficaces entre une et deux heures après l’injection et cessent d’agir quatre à six heures après l’injection.
Les insulines intermédiaires commencent à agir deux heures après l’injection, deviennent très efficaces entre quatre et huit heures après et cessent d’agir après 12 à 14 heures.
Les insulines d’action prolongée, dont fait partie la Lantus, commencent à agir deux heures après l’injection et leur effet perdure entre 20 et 24 heures avec peu de pic d’action.
L’insuline d’action très prolongée, la Tresiba, commence à agir deux heures après l’injection et reste stable pendant plus de 24 heures, sans pic d’action et sans influence de la fonction rénale (pour les autres insulines, on constate un allongement des effets en cas d’insuffisance rénale).
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Diabète
Le diabète est une anomalie de l’utilisation du sucre (glucose) en raison d'un manque d'insuline ou d'une moins grande sensibilité de l'organisme à l'insuline.