Alzheimer: plusieurs vaccins en cours d’essai
Depuis l’annonce, il y a quelques mois, des premiers résultats positifs de deux nouveaux vaccins à l’essai contre la maladie d’Alzheimer, l’espoir de voir, un jour, la commercialisation d’un traitement curatif est devenu un peu moins abstrait. Certes, les résultats obtenus jusqu’alors avec les vaccins ne sont que «très légèrement encourageants», selon le Dr Panteleimon Giannakopoulos, professeur au Service de psychiatrie générale des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG). Mais ils représentent la possibilité de piste thérapeutique la plus crédible qu’on ait trouvée pour le moment.
Les molécules en cours d’essai s’attaquent soit à l’un, soit à l’autre, soit aux deux phénomènes incriminés dans l’apparition de la maladie d’Alzheimer. A savoir, d’une part, les plaques amyloïdes et, d’autre part, la protéine Tau. «Le principe des vaccins actuellement à l’essai est le même que celui de tous les vaccins connus en médecine», précise le Dr Giannakopoulos. Soit on injecte directement des anticorps, soit on administre des fragments de l’amyloïde altérée ou une partie de la protéine Tau anormale pour provoquer la production d’anticorps par l’organisme (on parle respectivement d’«immunisation passive» et d’«immunisation active»). Des chercheurs suisses sont impliqués dans ces recherches. La société AC Immune, à Lausanne, a levé des fonds pour développer un vaccin baptisé «ACI-35» qui vise à stimuler la production d’anticorps spécifiques contre la protéine Tau, altérée par la maladie d’Alzheimer.
Jusque vers 2013, les résultats obtenus avec les premiers vaccins anti-amyloïdes n’étaient pas très concluants: «On arrivait assez bien à détruire l’amyloïde dans le cerveau, mais il n’y avait pas d’amélioration sur le plan cognitif, c’est-à-dire que les sujets développaient quand même une démence», indique le Dr Giannakopoulos. Mais, depuis l’été dernier, certains résultats «plus encourageants» ont été observés dans des cohortes limitées de patients.
«L’autre grande nouveauté, par rapport à il y a quelques années, c’est que les vaccins sont maintenant testés sur des populations qui présentent peu de symptômes – ou même, dans certains cas, pas de symptômes du tout, mais seulement des marqueurs biologiques de la maladie d’Alzheimer. L’idée de base, c’est que, en intervenant à un stade très précoce, les chances d’influer sur le développement de la maladie sont meilleures.» Il s’agit là d’une tendance dans le domaine de la psychiatrie générale: on veut agir le plus tôt possible pour minimiser les risques et les atteintes. On sait, aujourd’hui, que les dépôts amyloïdes caractéristiques de la maladie d’Alzheimer se forment dans le cerveau une quinzaine, voire une vingtaine d’années avant que la démence ne se déclare. D'où l’intérêt particulier du vaccin anti-amyloïde.
Aussi, les méthodes de dépistage précoce se perfectionnent. On sait qu’il existe des biomarqueurs associés à la démence sénile à ses stades précoces de neurodégénérescence. Leur détection permettrait d’identifier des populations à risque longtemps à l’avance –peut-être dix ou vingt ans avant les premiers symptômes de la maladie. «C’est intéressant, mais cela revient à faire un pari sur l’avenir, et c’est un problème, car nous n’avons toujours pas de solution thérapeutique à proposer. Il y a un décalage entre l’état de la recherche dans le domaine du dépistage, qui est très rapide, et l’avancement des travaux en vue d’un traitement curatif», conclut le spécialiste.
Les autres axes de recherche
Hormis les vaccins, plusieurs autres approches sont envisagées pour combattre la maladie d’Alzheimer. Les chances d’aboutir à une forme de traitement semblent toutefois nettement moindres. On s’intéresse, par exemple, aux modulateurs de l’inflammation, sachant que la maladie d’Alzheimer peut être associée à des phénomènes inflammatoires. «Mais les recherches ne sont pas encore très avancées, et il faut reconnaître que le passé n’est pas nécessairement encourageant à ce sujet. Dans la pratique, lorsqu’on a essayé d’utiliser des anti-inflammatoires contre la maladie d’Alzheimer, les résultats n’ont pas suivi», indique le Dr Giannakopoulos. Plus surprenant: des scientifiques suédois de l’Université de Lund ont démontré, en 2011, que la vitamine C avait la propriété de dissoudre les plaques amyloïdes. «Lorsqu’on traite le cerveau des souris souffrant d’une maladie d’Alzheimer avec de la vitamine C, on voit clairement une dissolution de ces dépôts», affirme Katrin Mani, co-auteure de l’étude. «Un autre point intéressant est que la vitamine C efficace n’a pas besoin de provenir de fruits frais. Au cours de nos expérimentations, nous avons démontré qu’elle peut être absorbée en grande quantité sous la forme de jus de fruits conservés au réfrigérateur.» Affaire à suivre.
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Paru dans Générations, Hors-série «Tout savoir sur notre mémoire», Novembre 2016.
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