Les prédispositions génétiques dans l'allergie médicamenteuse
Toute personne prenant un médicament court le risque de développer une réaction allergique. Environ 10% des patients hospitalisés et 7% des personnes non-hospitalisées sont victimes d'une allergie à un médicament. Les manifestations de ce type d’allergie sont variées, allant d’une simple éruption cutanée, au choc anaphylactique, heureusement rare mais qui peut conduire au décès du patient.
Ces allergies peuvent être soit «immédiates», et survenir dans les minutes qui suivent la prise du médicament, soit «retardées», et apparaître plus d'une heure après la prise. A l'heure actuelle, les mécanismes qui provoquent ces réactions ne sont pas encore tous expliqués.
Certains facteurs, comme des infections virales, ainsi que des prédispositions génétiques semblent jouer un rôle prépondérant dans le processus qui conduit à une réaction allergique médicamenteuse. De plus, certains médicaments sont plus susceptibles de provoquer une allergie. C'est par exemple le cas de certains antibiotiques, anti-inflammatoires ou médicaments anti-épileptiques.
Prédisposition génétique
Le risque de développer une allergie à un médicament peut varier fortement selon l'origine ethnique du patient, c’est pourquoi certains facteurs génétiques comme le «système HLA» (human leucocyte antigen) font l’objet d’une attention particulière. Ce système complexe est constitué de protéines qui aident le système immunitaire à identifier les molécules étrangères (non-soi) comme les bactéries et les virus. Ces protéines HLA, aussi appelées antigènes HLA, sont très diversifiés et varient beaucoup entre les individus. Ils sont hérités pour moitié de la mère et pour moitié du père.
Certains antigènes HLA ont été clairement identifiés comme facteur génétique prédisposant à une allergie médicamenteuse, et rendent les individus qui les portent plus sensibles à une réaction allergique.
Populations à risque
Le développement des recherches sur cette prédisposition génétique a déjà permis d'identifier des populations dont le risque de développer une allergie dite «retardée» est plus élevé que chez les autres. Ainsi, les personnes d'origine caucasienne ou afro-américaine ayant l'allèle HLA-B*57:01 ont beaucoup plus de risques de présenter une allergie à l'abacavir (médicament utilisé dans le traitement du HIV).
Des études ont aussi démontré que les chinois de l'ethnie Han, porteurs de l'allèle HLAB*1502, ont un risque plus important de développer une affection cutanée grave après avoir reçu de la carbamazépine (médicament employé dans le traitement de l'épilepsie).
L’association entre certains antigènes HLA et les réactions médicamenteuses est essentiellement décrite pour les types retardés. Pour les réactions de type allergie «immédiate», les recherches n'ont pas encore pu identifier les facteurs génetiques qui prédisposeraient à un risque plus élevé d'allergie.
L'importance des facteurs génétiques dans l'apparition d'une réaction allergique médicamenteuse représente une découverte relativement récente. Des travaux en cours permettront de dresser une plus grande liste de protéines HLA prédisposant à une allergie médicamenteuse. L’analyse du système HLA des personnes qui sont amenées à prendre certains médicaments à risque comme ceux cités ci-dessus, permettra de prévenir de nombreuses réactions allergiques.
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Référence
Adapté de «Prédispositions génétiques dans l'allergie médicamenteuse: importance du HLA», Dr Marcel M. Bergmann, Dr Jean-Christophe Caubet, Unité d'allergologie pédiatrique, Département de l'enfant et de l'adolescent; Dr Jean Villard, Unité d'immunologie de transplantation, Service d'allergologie et d'immunologie clinique, HUG. In Revue Médicale Suisse 2014:10:864-868, en collaboration avec les auteurs.