Ballonnements, diarrhée, mauvaise digestion… et si c’était la faute des FODMAP?
Définition
Les FODMAP se divisent en quatre familles de molécules.
Les oligosaccharides comprennent les fructanes et les galacto-oligosaccharides.On les trouve dans le blé, leseigle, l’orge, les betteraves,les petits pois, les poischiches, les pistaches, l’ail,entre autres.
Les disaccharides comme le saccharose(sucre de table) ou le lactose, contenu dans lelait. Certaines personnessont intolérantes au lactosetout en tolérant très bien lesautres FODMAP.
Les monosaccharides comme le fructose, contenudans la plupart des fruits et souvent utilisé pour sucrer lesproduits industriels.
Les polyols comme certains édulcorantsutilisés dans les chewing-gumssans sucre notamment(sorbitol, mannitol, maltitol,entre autres).
Après le lactose, le gluten et les protéines de lait, voici une nouvelle famille de molécules qui fait frémir les personnes soucieuses de leur digestion. Si les FODMAP sont connus des spécialistes depuis une dizaine d’années, Monsieur et Madame Tout-le-Monde commencent seulement à s’y intéresser.
De quoi parle-t-on? L’acronyme, tiré de l’anglais, se traduit ainsi: oligosaccharides, disaccharides, monosaccharides et polyols fermentescibles par la flore intestinale. «Ce sont des sucres fermentescibles à chaînes courtes qui, s’ils ne sont pas dégradés et absorbés, se retrouvent dans le côlon et y fermentent, explique Nicoletta Bianchi, diététicienne au service d’endocrinologie, diabétologie, métabolisme et nutrition clinique du Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV). Ce processus s’accompagne de gaz et d’une distension de l’intestin. Certaines personnes sont plus sensibles que d’autres à ce phénomène, et cela peut engendrer des douleurs.»
Les patients qui souffrent du syndrome du côlon irritable supportent très mal ces sucres particuliers. «Entre 5 à 15% de la population est concerné par ce syndrome, explique le docteur Dimitrios Samaras, médecin nutritionniste à Genève et consultant à l’Unité de nutrition des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG). C’est un trouble fonctionnel de l’intestin qui peut occasionner soit de la diarrhée, soit de la constipation, soit un peu des deux. Les FODMAP sont à limiter surtout pour la première catégorie.»
Les personnes sensibles devraient donc éviter d’ingérer ces molécules. «Dans un premier temps, on évalue si le patient est intolérant au lactose et/ou au fructose. Pour ces deux molécules, il existe des tests diagnostic validés. Si ce n’est pas le cas, on procède par élimination d’une catégorie de FODMAP, puis de la suivante et ainsi de suite, précise Nicoletta Bianchi. Une fois que l’on a identifié le ou les groupes de molécules responsables des problèmes digestifs, on peut temporairement les bannir de l’alimentation pour améliorer la digestion du patient.» Le Dr Samaras préfère, quant à lui, éliminer, pendant une courte période, tous les FODMAP de l’alimentation du patient. «Cela va lui permettre de voir quel résultat il peut espérer atteindre. Par la suite, il va réintroduire petit à petit certains aliments et voir quel est son seuil de tolérance. Une demie pomme plutôt que deux par jour, une pointe de couteau de miel plutôt qu’une cuillère complète… C’est une phase assez longue de personnalisation de l’alimentation qui permet ensuite d’obtenir un confort digestif parfois même comparable à celui de quelqu’un qui ne souffre pas du syndrome du côlon irritable.»
Essayer de ne manger aucun FODMAP, sur le long terme, s’avère particulièrement contraignant, voire impossible. Fini les pommes, poires, cerises, poireaux, artichauts, légumineuses, lait, fromages frais, entre autres. Sans oublier tout un tas de céréales comme le blé, l’orge ou le seigle. Plus moyen, avec de telles restrictions, de mettre les pieds au restaurant ou d’accepter une invitation à manger chez des amis. «Il ne faut jamais se lancer dans un régime restrictif sans avoir consulté un médecin ou un diététicien. C’est à lui de juger si les FODMAP sont en cause. Éliminer toute une famille d’aliments sur la base d’un inconfort digestif risque de bouleverser l’équilibre alimentaire. Cela peut engendrer un changement de la flore intestinale qui n’est pas anodin. Sans oublier d’éventuelles carences», précise Nicoletta Bianchi. Un avis partagé par le spécialiste genevois: «Les FODMAP ne sont pas mauvais pour l’organisme, mais ils ne conviennent pas à tout le monde. Au même titre qu’on ne va pas suggérer à une personne souffrant de troubles anxieux de se lancer dans une carrière de contrôleur aérien, on évitera d’exposer les intestins sensibles à une nourriture qui peut causer un stress digestif inutile.»
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* Sucres de petite taille moléculaire.
Paru dans Planète Santé magazine N° 28 - Décembre 2017
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