Que faire face aux brûlures d’estomac?

«Près d’un tiers de la population souffre de brûlures d’estomac. C'est le symptôme gastro-intestinal le plus fréquent», indique la Dre Jeanine Wakim El-Khoury, médecin cadre au Service de gastro-entérologie et d’hépatologie du Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV) et responsable de l’Unité des pathologies fonctionnelles digestives. Ces troubles se manifestent par une sensation de brûlure, de chaleur, de lourdeur ou de gêne au niveau de l’estomac et parfois dans la région du thorax, souvent après les repas. En fonction de leur localisation, les brûlures sont soit en lien avec une dyspepsie fonctionnelle (trouble digestif sans cause organique identifiée) ou une maladie de reflux gastro-œsophagien. «Bien que ce symptôme soit très fréquent, de nombreux patients ne consultent pas, pensant à tort qu’il n’y a rien à faire», indique la spécialiste. 

Des symptômes à ne pas ignorer

Pourtant, un avis médical afin d’évaluer la situation est essentiel.Dans la majorité des cas, les brûlures d’estomac sont bénignes, mais elles peuvent parfois être le signe de pathologies plus graves (lire encadré). «Il est conseillé de consulter lorsque les symptômes apparaissent plusieurs fois par semaine ou s'ils impactent la qualité de vie, afin d’exclure certaines pathologies, notamment les cancers, les ulcères, l’allergie au gluten, l’infection de l’estomac par la bactérie Helicobacter pylori ou encore les maladies de la motricité de l’œsophage et de l’estomac», souligne la Dre Wakim El-Khoury. 

De plus, un reflux gastro-œsophagien non traité peut entraîner des complications, telles que des ulcères ou un rétrécissement au niveau de l’œsophage, voire, dans de rares cas, un cancer. 

Le rôle primordial de l’hygiène de vie

L’hygiène de vie joue un rôle essentiel dans la survenue des brûlures d’estomac. Les principaux facteurs de risque sont le surpoids, la consommation de tabac et d’alcool, le stress et le manque de sommeil. 

Qu’en est-il du côté des traitements? Se concentrant principalement sur des mesures non médicamenteuses, ils reposent notamment sur des ajustements diététiques et comportementaux. Si besoin, le médecin peut aussi orienter vers un spécialiste de la nutrition afin d’accompagner ces changements (lire encadré). 

Des médicaments, principalement des inhibiteurs de la pompe à protons (IPP), peuvent également être prescrits, notamment dans le cas d’une maladie de reflux gastro-œsophagien.

 «En cas de reflux gastro-œsophagien ou de dyspepsie fonctionnelle, les IPP sont souvent nécessaires, en combinaison avec les mesures diététiques et l’hygiène de vie. Ils aident généralement à réduire l’acidité dans l’estomac et soulagent les symptômes », explique la Dre Wakim. La spécialiste rappelle toutefois qu'il est essentiel de ne pas recourir à ces médicaments sans avis médical. 

À noter que les IPP ne doivent pas être utilisés sur le long terme sans indication claire, insiste la spécialiste: «Bien qu’ils soient en effet efficaces et que le risque d’effets secondaires à long terme soit débattu, les IPP restent un traitement dont l’indication doit être portée par un médecin. De plus, ces traitements peuvent interférer avec l’absorption d’autres médicaments. Il est donc essentiel de suivre les recommandations médicales et de ne pas prendre les IPP de manière prolongée sans nécessité.» 

Par ailleurs, certaines approches complémentaires, comme l’hypnose ou l’acupuncture, ont également montré des résultats positifs dans le traitement des brûlures d’estomac ou de l’œsophage d’origine fonctionnelle, en particulier lorsque celles-ci sont liées au stress ou à l’anxiété.

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Paru dans Le Matin Dimanche le 09/02/2025