Demain l’ordinateur prescrira à la place du médecin. Et alors?

Dernière mise à jour 25/02/13 | Article
Demain l’ordinateur prescrira à la place du médecin. Et alors?
Des chercheurs en informatique de l’Université d’Indiana ont développé un programme capable non seulement de rédiger l’ordonnance mais de la composer. Et de faire faire ainsi des économies. Faut-il s’inquiéter de moins d’humanité? Se réjouir de plus de sécurité?

Jadis, le médecin prenait sa plume pour remplir une ordonnance. L’affaire était d’importance. Il écrivait généralement  lentement, pesait ses mots, regardait son patient. Puis vint le sylo (à bille ou pas) rapidement suivi de l’écran, sa mémoire et son imprimante. A la sortie toujours une ordonnance, certes. Et même une ordonnance plus claire, moins illisible que pouvaient l’être les manuscrites. Rien de bien grave, dira-t-on. Et sans soute aura-t-on raison. Pour autant le rituel a changé et il nous semble que l’ordonnance n’est plus respectée comme elle pouvait l’être. Les choses vont-elles encore bientôt évoluer? C’est fort possible.  

Bientôt, l’ordinateur remplira lui-même l’ordonnance. Nous ne parlons pas seulement de sa rédaction mais bel et bien de sa composition. C’est le site d’information de l’université d’Indiana, aux Etats-Unis, qui nous l’a annoncé, à sa façon, le 11 février dernier. Une information reprise sur le magazine en ligne Slate.fr par Pamela Duboc. Deux chercheurs en informatique de l’université américaine Casey Bennett et Kris Hause, ont développé un programme capable de «penser comme un médecin». Du moins est-ce l’expression un peu réductrice qui a été retenue. Un médecin pense-t-il comme un programme?

De meilleurs soins que ceux des praticiens?

Schématiquement, le programme informatique utilise un «processus de prises de décisions séquentielles» fondé sur les principes de l’intelligence artificielle. Il s’agit, à chaque étape du traitement, «de prendre une nouvelle décision fondée sur toutes les conséquences possibles et en connaissant tous les antécédents». Ce qui correspond d’une certaine manière à la démarche diagnostique et thérapeutique de la médecine analytique occidentale. Les deux chercheurs, qui se spécialisent également en robotique, ont testé leur programme sur les dossiers médicaux de cinq cents patients. A chaque nouvelle visite médicale enregistrée, une nouvelle réflexion du robot intelligent.

Les cinq cents dossiers médicaux étant déjà constitués, il était bien évidemment impossible de «tester» la décision du programme sur les cinq cents patients. Casey Bennett a expliqué à Slate.fravoir «comparé les décisions prises par leur programme avec une base de données de trente millions de cas. Les patients aux symptômes similaires à ceux du groupe initial avaient reçu différents traitements, avec différents résultats». Il a ainsi été possible de déterminer que le programme améliorait l’issue pour les patients de près de 50%, après optimisation. Selon des analyses complémentaires disponibles sur le blog Giacom, spécialisé dans les nouvelles technologies,  les frais médicaux engendrés dans les traitements prescrits par le programme étaient en moyenne 58,5% inférieurs à ceux recensés dans les dossiers médicaux originaux.

Permettre ou pas à tous les médecins de connaître votre dossier?

Pour leurs concepteurs, un tel programme pourrait aussi se révéler particulièrement utile «pour éviter les sur-prescriptions» et déterminer le moment auquel un traitement a atteint le maximum de ses effets. Prudents et modestes les deux chercheurs américains ont précisé qu’ils ne souhaitaient pas «remplacer les docteurs». Casey Bennett estime pour l’heure  qu’il faut «laisser les humains faire ce qu’ils font le mieux, et laisser les machines faire ce qu’elles font le mieux. Au final, nous pourrions maximiser le potentiel des deux.» Certes. Mais que se passerait-il si, précisément, les machines «faisaient mieux» que l’homme-médecin. Mieux et moins coûteux? Il faut d’ores et déjà compter équipements présentés comme des «robots-soigneurs» comme on en trouve déjà au Japon.

C’est dans ce contexte que l’on découvre l’existence d’une expérience pilote menée au sein du CHU de Clermont-Ferrand grâce à laquelle un médecin pourra bientôt accéder de façon sécurisée aux données de ses patients grâce à la carte SIM de son équipement mobile. C’est du moins ce que vont très prochainement proposer la société Orange (par le biais de sa filiale de services de santé Almerys) et la société Morpho du groupe Safran, spécialiste  des solutions de gestion de l'identité et de titres sécurisés. Il s’agit selon ces deux sociétés du «premier système au monde de gestion de l'identité en  situation de mobilité destiné au secteur de la santé».En pratique ce système permet aux médecins d'accéder, en toute sécurité, aux fichiers des patients à l'aide d'une tablette ou d'un autre terminal mobile. Un schéma du système propose est disponible ici.

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