La radiofréquence pour détruire les nodules thyroïdiens

Dernière mise à jour 28/01/25 | Article
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Dans certaines situations, cette technique non invasive, qui utilise la chaleur, offre une bonne alternative à la chirurgie.

Déjà employée en médecine pour traiter certains cancers, la radiofréquence est une technique de thermoablation qui permet de détruire les tissus par la chaleur. Aux Hôpitaux universitaires de Genève (HUG), depuis février 2024, la Pre Sophie Leboulleux, responsable de l’Unité d’endocrinologie, et le Dr Marco Demarchi, médecin adjoint du Service de chirurgie thoracique et endocrinienne, proposent de l’utiliser comme traitement pour certains nodules thyroïdiens, des tumeurs qui sont dans la plupart des cas bénignes (lire encadré). «La radiofréquence est indiquée en cas de nodules bénins qui ne sécrètent pas d’hormones thyroïdiennes, mais qui posent problème en raison de leur taille, ainsi qu’en cas de nodules bénins dits «hyperfonctionnants». Produisant trop d’hormones thyroïdiennes, ces derniers sont responsables d’hyperthyroïdie, à savoir une activité trop importante de la thyroïde», explique la Pre Leboulleux.

Ambulatoire, anesthésie locale et absence de cicatrice

Le Dr Demarchi précise: «Cette technique représente une alternative intéressante à la chirurgie. Elle se pratique en ambulatoire, sous anesthésie locale et ne laisse aucune cicatrice. Elle dispense également du recours aux traitements par hormones thyroïdiennes, une mesure qui s’impose chez 15 à 20% des personnes traitées par chirurgie. Et pour cause, l’ablation chirurgicale du nodule nécessite parfois celle d’une partie de la thyroïde elle-même.» À noter que la réduction de la taille des nodules après radiofréquence n’est pas immédiate: il faut compter trois à six mois pour observer leur résorption. En revanche, le bilan hormonal thyroïdien se normalise rapidement en cas d’hyperthyroïdie.

Importance d’un suivi régulier

La radiofréquence n’élimine toutefois pas complètement le nodule et comporte un risque de récidive, d’où la nécessité d’un suivi régulier après le traitement. De plus, cette technique n’est pas adaptée à tous les types de tumeurs: cela dépend de leur taille, de leur emplacement autour de la thyroïde et de leur nombre. «Cette approche novatrice s’inscrit dans une nouvelle consultation, qui réunit l’endocrinologie et la chirurgie, mettant à disposition toutes les options thérapeutiques possibles pour les nodules thyroïdiens. Elle offre ainsi le meilleur traitement en fonction de leur nature et de l’état de santé de la personne, tout en garantissant un suivi médical précis», conclut le Dr Demarchi.

Zoom sur la thyroïde et ses potentiels nodules

Située à la base du cou, la thyroïde est la glande fabriquant les hormones thyroïdiennes. Celles-ci régissent de nombreuses fonctions vitales de l’organisme, comme la fréquence cardiaque, la vitesse à laquelle les calories sont brûlées, l’intégrité de la peau, la croissance, la production de chaleur, la fertilité ou encore la digestion.

Des nodules peuvent apparaître autour de la thyroïde. Dans 90% des cas, il s’agit de tumeurs bénignes. Le plus souvent, ils ne fabriquent pas d’hormones thyroïdiennes et n’ont aucun impact sur le fonctionnement de la glande. Ils ne requièrent alors aucun traitement, sauf si leur taille engendre une gêne.

Certains nodules, plus rares, produisent cependant ce type d’hormones et peuvent provoquer, notamment, une hyperthyroïdie. Elle peut se traduire, entre autres, par une perte de poids, une accélération du rythme cardiaque, une sensation de chaleur permanente et une fatigue tenace. L’ablation du nodule est alors recommandée. Pour rappel, ce type d’excroissance est très fréquente et affecte plus de la moitié des femmes de plus de 60 ans.

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Article repris du site  pulsations.swiss

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