Médicaments : autopsie d’une pénurie
[TEXTE: CLÉMENTINE FITAIRE]
Comment a-t-on pu arriver à une telle situation, qualifiée de «problématique» par les autorités sanitaires? Pour le Pr Pascal Bonnabry, pharmacien-chef aux Hôpitaux universitaires de Genève, «ce marché du médicament en flux tendu est une volonté de l’industrie pharmaceutique, en partie liée à des questions de rationalisation des chaînes de production et de logistique, afin d’optimiser les aspects économiques». Par ailleurs, les médicaments que nous consommons – à quelques exceptions près – ne sont plus fabriqués en un seul lieu. 70 à 80% des substances actives proviennent d’Inde ou de Chine. Le conditionnement est ensuite effectué en Europe, aux États-Unis ou encore au Brésil. Il suffit, pour provoquer une rupture d’approvisionnement, qu’une usine dans l’un de ces pays soit endommagée, ne réponde plus aux normes ou encore qu’un contexte géopolitique complique son fonctionnement. Confrontés à une ordonnance contenant des médicaments en rupture de stock, les pharmaciens doivent trouver des alternatives auprès de confrères, commander à l’étranger ou encore substituer le médicament… Des modifications susceptibles d’entraîner un risque pour les patients. Et alors que les ruptures d’approvisionnement s’accentuent, plusieurs pharmaciens déplorent aujourd’hui le manque de mesures globales pour y faire face.