«Le mot d’ordre, c’est la résilience»
Bio express
10 septembre 1995 Naissance en Valais.
2019 Termine le GR5 en 8 jours et 16 heures.
2020 Participe au «MXTREME» (112 km) – Vaud.
2021 Termine 9e au «SWISSPEAKS» (100 km) – Valais.
2022 Termine 5e du «Québec Mega Trail» (QMT, 100 miles) et 2e à l’«Ultra X Jordan» (250 km) – Jordanie.
2023 Termine 1er au «UTLAC» (250 km) – Lac de Côme et au «Ultra X Tanzania» (250 km) – Tanzanie et après avoir abandonné le «SWISSPEAKS» sur 360 km, repart trois jours plus tard pour remporter l’épreuve sur 170 km.
Comment est née votre passion pour la course?
Robin Fournier J’ai toujours aimé le sport mais je n’avais encore jamais ressenti cette flamme que j’ai maintenant pour la course. Le GR5 a été l’élément déclencheur. Quelques mois avant mon départ, j’ai vu un reportage de l’émission «Passe-moi les jumelles» à ce sujet et ça m’a donné envie de me lancer. Voyant que c’était impossible de prendre un mois de congé avec mon travail, je me suis fixé l’objectif de le parcourir en dix jours. J’ai lancé un crowdfunding pour financer ce projet et j’ai récolté la somme nécessaire en moins de 24 heures! Plus le choix, il fallait que je me bouge, car il y avait des gens qui croyaient en moi.
Vous qualifiez votre premier ultra-trail de «vraie catastrophe», pourquoi?
Durant l’été 2020, j’ai réalisé le «MXTREME», mon premier ultra avec un dossard. En ayant fait le GR5, j’étais sûr que ça irait, car le parcours était là bien plus court. Mais en fait, j’y suis allé uniquement au mental, je n’avais pas les connaissances et la rigueur nécessaires. Ce jour-là, je me suis promis que cela ne se reproduirait plus jamais.
Avez-vous réussi à tenir cette promesse faite à vous-même?
Oui. Ces trois dernières années, j’ai consacré énormément de temps à me former de manière autodidacte pour augmenter graduellement les distances tout en écoutant mon corps et ses limites. Mon ressenti pendant les courses et mes résultats montrent que les efforts n’ont pas été vains (lire encadré, ndlr)!
Vous dites que l’ultra-trail, «c’est un peu comme les montagnes russes», pourquoi?
Parce que pendant une course, il y a des moments où tout va bien, où je me félicite de tout ce qui a déjà été fait et je suis le roi du monde… alors que l’heure d’après, rien ne va et je me remets en question, me demandant pourquoi je m’inflige ça. On passe rapidement par tous les états d’âme et le mot d’ordre, c’est la résilience.
Quel prochain défi souhaitez-vous ajouter à votre palmarès?
J’aimerais beaucoup mettre un dossard sur la «Diagonale des Fous» (ultra-trail dans l’île de la Réunion, réputé comme l’un des plus difficiles au monde, ndlr). C’est une course qui me fait rêver! J’ai aussi le rêve un peu fou de faire le tour du monde par la voie pédestre.
Quand on est un sportif de haut niveau, quel rapport a-t-on à la santé?
Il faut en prendre soin et respecter la charge d’entraînement que le corps peut supporter. Arrivé à la limite, je trouve d’autres compléments à l’entraînement pour continuer à progresser sans me détruire. Je me laisse aussi beaucoup de repos après un ultra-trail, jusqu’à ce que l’envie de recommencer arrive. Je mange sainement, j’achète uniquement des produits non transformés et je ne prends pas beaucoup de compléments alimentaires chimiques, j’essaye plutôt de travailler avec la neuronutrition et la chrononutrition. Je dors au minimum huit heures par nuit et je fais tous les jours des siestes pour accumuler le plus de sommeil possible. Parallèlement à tout ça, je m’accorde aussi des moments pour profiter de ma vie de jeune adulte avec mes amis. Je suis un peu comme un funambule, je dois sans cesse trouver le bon équilibre.
Comment votre corps réagit-il à la privation de sommeil et aux changements nutritionnels pendant les courses?
Pour éviter que mon corps n’en souffre trop, mes protocoles alimentaires sont basés sur mes entraînements avant la course, de manière à connaître exactement mes besoins le jour J. Pour le sommeil, c’est un peu plus spartiate, car je vais jusqu’à ce que l’épuisement soit tel que si je pousse plus loin, je sais que ça sera contre-productif. J’ai une liste de facteurs en tête et lorsqu’ils sont au rouge, je sais qu’il est temps de m’octroyer une microsieste ou un cycle de sommeil.
Qu’est-ce que signifie «être en bonne santé» pour vous?
C’est de pouvoir me mouvoir et faire des activités sans me sentir essoufflé ou courbaturé. C’est aussi de ne pas être sédentaire ni entrer dans cette routine qui consiste à aller au travail et rentrer manger des plats industriels devant Netflix.
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Paru dans le hors-série «Votre santé», La Côte/Le Nouvelliste, Novembre 2023.