«La musique a quelque chose de salvateur»
Après une nomination aux Swiss Awards et un passage par le Paléo Festival, Fanny Diercksen, de son vrai nom, affiche complet lors de ses concerts et planche sur un deuxième album. Et la santé dans tout ça? Médecines alternatives, gestion du stress, alimentation… Phanee de Pool s’est prêtée au jeu de l’interview.
Bio express
2 janvier 1989 Fanny Diercksen naît à Bienne (BE).
Avril 2017 Reçoit le Prix des scènes et le Prix du public à la Médaille d’or de la chanson.
Septembre 2017 Sortie d’«Hologramme», son premier album.
Février 2018 Nomination aux Swiss Music Awards.
Mai 2018 Démissionne de la police pour se consacrer entièrement à la musique.
2019 Monte sur la scène du Paléo Festival (Nyon).
2020 Sortie d’un deuxième album.
Être en bonne santé, qu’est-ce que cela signifie pour vous?
Phanee de Pool: Pour moi, c’est juste pouvoir se lever chaque matin, se préparer, affronter la journée… Bref, être indépendante.
Quel rapport entretenez-vous avec votre corps et son vieillissement inévitable?
Je l’observe d’assez près! J’ai la chance de ne pas avoir beaucoup changé depuis l’adolescence: je n’ai pas pris de poids, je ne suis jamais vraiment tombée malade. Mais pour être honnête, vieillir me fait quand même un peu peur! Et je dis souvent à mes amis que je sens que je vais mal vieillir… J’ai seulement 30 ans et j’ai déjà les genoux qui craquent, j’ai souvent mal au dos, et je commence à privilégier le confort plutôt que le style en superposant des dizaines de couches de vêtements pour ne pas tomber malade!
Votre changement radical de carrière est-il lié à cette prise de conscience du temps qui passe?
Ça a plutôt été un concours de circonstances, une suite de hasards. Quand j’étais policière, je réalisais que le temps passait, que je n’étais pas épanouie, et que ce qui me restait à vivre devenait de plus en plus court. Au bout du parcours il y a toujours marqué «fin», alors il faut prendre le temps de faire ce que l’on aime.
Avant un concert, une tournée… comment gérez-vous votre stress?
Je suis une grande traqueuse! Avant de monter sur scène, j’ai toujours envie de mourir. Les Fleurs de Bach m’aident beaucoup. J’en prends dès que j’ai une émotion qui n’est pas linéaire: quand je suis en colère, triste, stressée avant un concert… c’est un peu ma potion magique.
Avez-vous des petits rituels?
Avant de chanter, je me débouche toujours le nez avec une solution pour nourrissons. Je sais que ce n’est pas bien, surtout quand j’ai plusieurs dates de suite, parce que ça me provoque à terme des angines. Je joue aussi à «marteau, ciseau, papier» avec mon ingénieur du son. Si je gagne, tout va bien se passer, si c’est lui… ça annonce à coup sûr un bug pendant le concert!
Quel type de «mangeuse» êtes-vous?
Je mange équilibré, dont beaucoup de légumes car je suis végétarienne. Et j’ai une grande phobie: celle de vomir. Je préfère me casser les deux jambes plutôt que vomir! Donc je fais extrêmement attention à ce que je mange pour éviter toute indigestion, contamination, intoxication.
Le sport est-il important pour vous?
Pour tout vous dire, j’ai un abonnement fitness depuis trois mois… mais je n’y suis allée que quatre fois! Je faisais beaucoup de sport quand j’étais policière, mais depuis que je chante, je ne pratique plus trop. Résultat, j’ai perdu beaucoup de poids et je n’ai plus de muscles… Mais le sport est chaque mois sur ma liste des bonnes résolutions!
Vous allez souvent chez le médecin?
Non, pas du tout… Je suis plutôt le genre de personne à aller sur Google! J’essaye toujours de me soigner d’abord avec des méthodes naturelles, d’éviter la chimie quand c’est possible. Je suis aussi assez dans l’idée de me dire que si je décide de guérir, mon corps va agir dans cette voie-là. Mais je suis consciente d’avoir de la chance, car je n’ai jamais eu de gros soucis de santé qui auraient nécessité des traitements importants ou une hospitalisation.
Quels types de médecines complémentaires utilisez-vous?
Je suis adepte des huiles essentielles, des Fleurs de Bach, de l’acupuncture… pas sur le long terme, mais pour traiter quelque chose en particulier. J’utilise aussi beaucoup l’argent colloïdal, quand j’ai une grippe, mal au cou, des blessures.
Pensez-vous que la musique a des vertus thérapeutiques?
Et comment! J’ai même l’impression que c’est elle qui m’a sauvée. Quand j’ai écrit ma première chanson, «Luis Mariano» – la première chanson que j’ai postée sur internet –, je sentais que j’étais à la limite de basculer dans quelque chose de négatif. Je ne savais pas si c’était un burn-out, une dépression… mais il y avait quelque chose en moi qui ne jouait pas. Je n’arrivais plus à me relever des horreurs que je voyais au travail, je cogitais beaucoup. Et dès le moment où j’ai recommencé la musique, ça a été une fenêtre ouverte. L’art, d’une manière générale, est salvateur.
Dans «Hologramme», vous abordez le sujet de la schizophrénie. Comment est née cette chanson?
Quand je travaillais à la police, je n’étais pas du tout «rentable», je n’arrivais pas à être dans la répression. Mes collègues savaient que j’avais la fibre sociale bien développée, donc on me sollicitait souvent quand il fallait résoudre un problème de communication, auprès de personnes en crise de décompensation par exemple. La schizophrénie est une maladie qui m’a marquée: la personne sort de son corps, comme si elle était droguée alors qu’elle n’a rien pris. J’ai beaucoup discuté avec ces personnes. L’une d’entre elles en particulier s’est confiée à moi sur ce qu’elle vivait, ressentait, sur les voix qu’elle entendait… j’ai ressassé son récit un moment, puis le texte est né d’un coup.
Votre énergie semble inépuisable… où allez-vous la chercher?
C’est une question pour savoir si je prends de la drogue? (rires) Car je vous rassure, je n’en consomme pas du tout, j’ai même assez peur de ces choses-là! Je tiens grâce à l’adrénaline, et au trac qui m’aide beaucoup car il décuple mon énergie lors d’un concert. Le fait que je rentre dans un personnage que j’ai créé, Phanee de Pool, me donne aussi la possibilité de m’amuser sur scène.
Avez-vous un plaisir coupable, quelque chose que vous faites tout en sachant que ce n’est pas bon pour la santé?
Oui, j’adore les surimis, ces bâtonnets de poisson dans lesquels on ne sait pas vraiment ce qu’il y a. Et puis j’aime beaucoup vapoter. Je n’arrive pas à arrêter mais c’est sur ma «to do list»!
Vous travaillez avec votre père qui est votre manager. La famille est-elle importante à votre équilibre?
C’est mon pilier. Ma famille a toujours été la base de ma vie, je suis extrêmement proche de mes parents, ils m’accompagnent dans la musique. C’est la possibilité de vivre ensemble nos plus belles années, à travers une passion commune. C’est un véritable cadeau.
À seulement 30 ans, vous avez déjà eu plusieurs vies… Quel rêve vous reste-t-il à réaliser?
Le cinéma m’a toujours attirée. Car il y a beaucoup de comédie dans ce que je fais sur scène, et j’aime ça. J’ai maintenant un nouveau regard sur le jeu d’acteur. Côté musique, pour l’instant, j’écris, je compose et j’enregistre seule. J’aimerais penser à des collaborations avec d’autres artistes, m’ouvrir à d’autres univers.
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Paru dans Planète Santé magazine N° 37 – Mars 2020