«La compétition m’a appris la discipline et l’organisation»

Dernière mise à jour 21/11/23 | Questions/Réponses
VS-23_ITW_Sofya Yokoyama_©Lena Drapella
Après un Bachelor en sciences criminelles à l’Université de Lausanne, Sofya Yokoyama, 25 ans, se consacre à présent entièrement à sa passion: la grimpe. Alimentation, mental, discipline… le quotidien d’une athlète professionnelle n’est pas de tout repos. Rencontre.

    

Pourquoi avoir choisi l’escalade?

Bio express

29 août 1998 Naissance à Zoug.

2005 Découverte de l’escalade.

2016 Intègre l’équipe nationale suisse d’escalade.

2019 Se classe 12e aux Championnats du monde à Hachioji (Japon).2021 Se classe 3e aux Championnats suisses.2023 Se classe 12e en Coupe du monde à Hachioji (Japon).

Sofya Yokoyama À 7 ans je faisais un peu de tennis. À côté du terrain, il y avait un mur de grimpe. J’ai voulu essayer et ça m’a tout de suite plu. Je n’ai plus jamais arrêté depuis!

Qu’est-ce que cette discipline vous apporte au quotidien?

Après un entraînement, je me sens bien dans mon corps et dans ma tête, je suis détendue. Et en plus je m’amuse! La grimpe est un sport ludique et varié, on ne fait jamais deux fois le même bloc.

Physiquement, comment vous portez-vous?

Très bien! Même s’il y a parfois des blessures, l’escalade est une activité saine et complète qui permet de renforcer tous les muscles et articulations. On travaille sur différentes qualités physiques: la force bien sûr, mais aussi l’équilibre, la coordination et la souplesse. C’est un sport qui est finalement très naturel: l’humain est fait pour grimper!

Cette discipline vous pousse-t-elle à surveiller votre poids?

La question du poids est un gros sujet de discussion dans le monde de l’escalade. De nombreux grimpeurs suivent des régimes stricts pour être plus légers. En grandissant, j’ai souvent entendu des phrases comme «Fais attention, tu vas grossir» ou «Ne mange pas trop, les compétitions arrivent». Pendant l’adolescence, ces injonctions m’ont beaucoup affectée. J’étais obsédée par ce que je mangeais. Or trop se restreindre est malsain. Cela entrave les capacités physiques et augmente le risque de développer des troubles du comportement alimentaire.

Quelle est votre routine alimentaire?

Je ne suis pas de régime particulier. J’essaie seulement de manger équilibré mais je ne me refuse pas de petits plaisirs! Je veille tout de même à avoir un apport en protéines suffisant. Avant une compétition, je fais un peu plus attention. Je mange moins de sucreries et j’augmente mon apport en glucides lents. Je suis suivie par une nutritionniste qui m’aide à mettre en place une bonne routine au quotidien mais aussi à ne pas trop me prendre la tête avec mon alimentation.

Comment faites-vous pour rester motivée?

On me pose souvent cette question. Or je ne suis pas toujours motivée! Il faut l’accepter et faire avec, savoir se pousser quand c’est nécessaire, mais aussi savoir dire stop. Il m’est arrivé de vouloir tout arrêter lorsque les résultats ne suivaient pas. Dans ces moments difficiles, j’essaie de me recentrer sur les bases et me rappeler pourquoi je fais tout ça: tout simplement parce que j’adore grimper! Gagner des compétitions n’est qu’un plus. Mon moteur, c’est l’amour de la grimpe.

Comment gérez-vous cette injonction à la performance?

Ce n’est pas toujours facile… Le risque dans le sport de haut niveau est de devenir accro à la performance. Je suis tombée dans cet engrenage il y a quelques années. J’arrive aujourd’hui à me détacher gentiment de cette pression. J’écoute mon corps et je m’autorise des pauses quand je suis fatiguée. Je travaille d’ailleurs avec une psychologue du sport qui m’aide à trouver mon équilibre entre plaisir et travail.

Qu’est-ce que la compétition vous a appris?

Elle m’a appris la discipline et aussi l’organisation. Lorsque l’on fait de la compétition, il faut savoir suivre un programme, travailler même lorsque l’on n’est pas motivée et organiser son temps pour avancer efficacement, sans s’épuiser. Ces compétences sont aussi très utiles pour bien d’autres aspects de la vie, comme les études.

Y a-t-il quelque chose qui vous déplaît dans le monde de la compétition?

Ce qui m’énerve, c’est qu’on me dit souvent que je commence à vieillir, alors que je viens à peine d’avoir 25 ans! On nous répète régulièrement que dès cet âge-là, un athlète commence à être vieux et que ses performances diminuent. Heureusement, mon entourage m’aide à relativiser: 25 ans, c’est encore tellement jeune!

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Paru dans le hors-série «Votre santé», La Côte/Le Nouvelliste, Novembre 2023.

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