«J’ai touché le fond avec le Covid long»

Dernière mise à jour 12/01/23 | Questions/Réponses
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2022 n’aura pas été l’année dont Simon Pellaud avait rêvé. Après plusieurs blessures, le cycliste valaisan de 29 ans a traversé un Covid long qui a mis à rude épreuve son corps comme son mental. Enfin sorti du tunnel, il nous raconte sa vie entre la Colombie et la Suisse, et ses projets pour mettre définitivement ces mois de galère derrière lui.

Bio express

6 novembre 1992 Naissance à Martigny (Valais).

2013 Remporte le titre de Champion de Suisse sur route espoirs.

2015 Signe avec IAM Cycling son premier contrat professionnel.

2016 Découvre la Colombie où il décide de s’installer pour y vivre une partie de l’année.

2020 Remporte le titre de Champion suisse de la montagne.

2020 Rejoint la formation italienne Androni Giocattoli-Sidermec.

  

La dernière saison a été très compliquée, vous avez dû renoncer à plusieurs compétitions… votre corps était à bout?

Simon Pellaud Oui, l’année écoulée a été difficile. Je suis d’abord tombé, je me suis cassé les côtes, j’ai eu une commotion, une bursite (inflammation de l’articulation, ndlr)… la totale! Puis, comme si ce n’était pas suffisant, j’ai attrapé le Covid lors des préparations de la saison suivante. J’en ai gardé des séquelles durant plusieurs mois. Mon corps était complètement épuisé. Chaque matin, je me réveillais en pensant que ça irait mieux, mais le simple fait de descendre de ma chambre pour déjeuner me vidait totalement. J’ai vraiment touché le fond. 

En tant que sportif de haut niveau, comment gère-t-on ces imprévus de santé?

Mentalement ce n’est pas évident, ça demande de gros efforts. Surtout quand on ne sait pas d’où viennent les maux, combien de temps ils vont rester, ni comment les traiter. C’est cette incertitude qui était pesante avec le Covid long. J’ai vraiment dû prendre sur moi et puiser dans mon mental pour trouver des solutions, car aucune stratégie ne fonctionnait sur le plan physique. 

Comment allez-vous aujourd’hui?

Je continue dans cette optique d’essayer de conjuguer la force mentale et physique. Je reprends gentiment le chemin des courses. Pouvoir enchaîner les journées d’entraînement était impensable il y a encore quelques mois. Mais j’ai réussi à me rebooster et à trouver un bon équilibre chez moi, en Colombie. 

Vous installer à 2600 mètres d’altitude vous a-t-il aidé dans votre pratique?

Même si je n’en ai pas la preuve scientifique, je pense que oui. Depuis que je suis arrivé en Colombie, j’ai vraiment évolué en tant que coureur, mais aussi en tant qu’être humain. Est-ce un changement de perspective vis-à-vis de mon sport, l’équilibre que j’ai trouvé dans ma vie personnelle ou l’apport physiologique de l’altitude qui m’a le plus influencé? Difficile de le savoir. 

Pour vous, que signifie être en bonne santé?

C’est pouvoir exploiter tout le potentiel que mes parents m’ont offert à la naissance. Le potentiel physique, bien sûr, mais aussi mental. C’est vraiment 50/50: un esprit sain dans un corps sain.

Un proverbe, un mantra, une phrase que vous aimez?

«Le sucre ne sert à rien si c’est le sel qui manque!»

Un adjectif qui vous qualifie?

Ouvert d’esprit.

Êtes-vous sensible aux médecines alternatives?

Oui, très. J’ai été éduqué comme ça. D’ailleurs, la médecine traditionnelle ne m’a pas vraiment aidé dans mes récents problèmes de santé. Tandis que l’acupuncture, l’ostéopathie, le travail sur les énergies de mon corps, ont eu des répercussions très positives. 

Faites-vous attention à votre alimentation, en particulier avant une compétition?

Oui, l’alimentation est très importante chez les sportifs de haut niveau. Mais je veille à ne pas tomber dans l’extrémisme. Mon assiette est très simple, je choisis les produits les moins transformés possibles. J’ai un grand jardin avec une multitude de fruits et de légumes, donc ça aide! Les seules choses que j’évite sont la friture et, pour des questions d’anti-dopage (la consommation de viande dans certains pays peut entraîner l’ingestion involontaire de substances interdites, ndlr), la viande rouge. 

À quoi pensez-vous lorsque vous pédalez?

Durant une compétition, il y a beaucoup de choses auxquelles il faut penser. Une course de plusieurs centaines de kilomètres peut se jouer à chaque seconde, à chaque virage, à chaque trou sur la route. Un seul moment d’inattention et tout peut se terminer avec une chute. Ce sont des heures très intenses finalement, durant lesquelles je n’ai pas le temps de laisser divaguer mon esprit. 

Vous réservez donc la contemplation du paysage à vos moments de loisirs, comme en attestent vos belles photos sur les réseaux sociaux. Qu’en retirez-vous?

Pour moi, le cadre dans lequel j’évolue est capital. J’ai un rapport très fort à la nature, je m’en imprègne totalement. Immortaliser ces lieux magnifiques sur les réseaux sociaux permet de figer ces souvenirs, de graver tous ces paysages traversés, qui représentent souvent des moments forts avec mes proches. Ça vaut de l’or. 

Après cette saison difficile, que peut-on vous souhaiter pour la suite?

Tout ce que je fais maintenant sert à construire la saison prochaine. Mais il y a beaucoup de boulot encore! J’ai besoin de retrouver de la confiance pour pouvoir attaquer sereinement les prochains grands rendez-vous.

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Paru dans le hors-série «Votre santé», La Côte/Le Nouvelliste, Novembre 2022.

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