Daniel Yule: «Chercher ses propres limites, c’est le lot de tout sportif d’élite»

L’adjectif qui le décrit le mieux…
méticuleux
Son dicton préféré…
«Mai molare» (en italien): «Ne jamais abandonner»
La crise sanitaire actuelle est sans précédent. Comment l’avez-vous traversée?
Daniel Yule Finalement pas trop mal, dans les sports de neige, on s’en sort plutôt bien. Bien sûr, la saison dernière a connu une fin anticipée. Mais les entraînements physiques et sur neige ont pu reprendre rapidement. On espère avoir une prochaine saison plus ou moins normale.
Vos réflexes au quotidien ont-ils changé?
En période hivernale, on a l’habitude de faire attention aux virus. Une grosse grippe en janvier pourrait compromettre le cours de la saison. Lavage des mains, distanciation sociale… ce sont déjà des choses que l’on connaît dans ce milieu. On essaye juste d’être un peu plus stricts que d’habitude.
Être en bonne santé, qu’est-ce que cela signifie pour vous?
Se sentir bien dans son corps, sans douleur.
Vous poussez en permanence votre corps dans ses limites… Vous êtes-vous déjà dit que vous les aviez dépassées?
Oui, ça arrive de temps en temps. Mais c’est le lot de tout sportif d’élite, quel que soit le sport qu’il pratique. On est toujours en train de chercher ses propres limites techniques, physiques et mentales. Lorsqu’on les dépasse, ça peut grincer!
En tant que sportif de haut niveau, quel rapport entretenez-vous avec votre corps et son vieillissement inévitable?
Le sport est un domaine dans lequel on vieillit très vite. J’ai 27 ans et je sens déjà qu’il faut que je fasse un peu plus attention que quand j’en avais 20. Mais ce n’est pas forcément une mauvaise chose. Au contraire, je commence à beaucoup mieux connaître mon corps, à savoir où sont mes limites, à savoir quand il faut que je lève le pied.
Vous devez être particulièrement attentif à votre alimentation…
Oui, même si ce n’est pas toujours facile d’avoir un contrôle très strict de son alimentation quand on est sans arrêt entre deux pays, entre deux hôtels… Mais où que je sois, je m’astreins à un petit-déjeuner spécifique avant une course : du porridge avec un œuf, éventuellement des fruits.
Et vous ne cédez jamais à un petit péché mignon de temps en temps?
Je dois avouer que j’ai beaucoup de peine à résister au chocolat… Mais avec modération, tout passe!
Êtes-vous stressé avant une course importante?
La veille de la première course de la saison, j’ai du mal à dormir, je tourne dans mon lit pendant des heures… mais c’est plus par anticipation qu’à cause du stress. Il y a une tension avant les courses et j’essaye de la voir comme quelque chose de positif qui signifie que j’aime vraiment ce que je fais.
Ce manque de sommeil impacte-t-il vos performances le lendemain?
Non, pas si c’est ponctuel. Le sommeil est primordial pour moi, j’aime dormir. Mais ce qui est important, c’est la semaine qui précède la compétition. Si j’arrive en étant reposé, même si je dors mal la veille, ça n’aura pas d’effet sur la course.
Utilisez-vous les médecines alternatives pour vous soigner?
Je n’ai rien contre, mais pour l’instant – je touche du bois – je n’ai pas de problème de santé particulier. La physio et les massages, par contre, m’aident à me présenter en forme au départ de chaque course. On travaille beaucoup sur une approche préventive de ces méthodes, pour travailler rapidement sur la moindre douleur naissante.
Quel regard portez-vous sur le système de santé suisse et sur l’offre en matière de santé dans votre région?
Je suis loin d’être un expert, mais il me semble que nous avons, de manière générale, de la chance d’avoir un système de santé performant.
Avec de nombreux autres athlètes, vous soutenez l’association « Les Étoiles Filantes », qui réalise les rêves d’enfants atteints d’une tumeur du tronc cérébral. En quoi cet engagement est-il important pour vous?
Arthur, l'enfant qui a donné l'élan à cette association, est le fils d'une personne active dans le monde du ski. Ce triste rappel que ces maladies peuvent survenir autour de nous m'a encouragé à montrer mon soutien à cette association. Ce n'est qu'un petit geste, mais s’il peut apporter du bonheur à des enfants souffrants, c'est avec plaisir que je le fais.
Avez-vous un héros, une personnalité qui vous inspire?
Julien Lizeroux. À 41 ans, il a toujours du plaisir à pratiquer le ski alpin… c’est un bel exemple à suivre.
Le plaisir du ski c’est aussi ce qui vous pousse?
Oui, la passion du ski mais aussi le plaisir que je prends avec mon équipe à toujours aller chercher un peu plus loin, à progresser. Ce n’est pas tous les jours facile, loin de là, mais je crois qu’il y a pire comme métier que skieur alpin!
Bio express
18 février 1993 Naissance à Martigny.
1998 Participe à ses premières courses de ski à l'âge de 5 ans.
2018 Obtient la médaille d’or en slalom par équipes aux Jeux Olympiques de Pyeong Chang (Corée du Sud).
2019 Remporte le titre de champion du monde en slalom par équipes.
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Pour le suivre :
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Paru dans le hors-série «Votre santé», La Côte, Novembre 2020.

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