Daniel Brélaz: les confidences d’un animal politique résistant et vigilant
Une interview sur la santé, votre santé, qu’est-ce que cela vous inspire?
Daniel Brélaz: J’admets le principe de transparence sur mon état de santé. Par contre, je regrette le manque d’éthique de certains médias qui utilisent mes déclarations pour faire du sensationnalisme ou qui cherchent à me démolir avec des attaques en dessous de la ceinture. Pour ceux qui s’inquiètent de mon poids, contrairement à ce que mon apparence pourrait suggérer, je n’ai aucun problème de santé majeur. En tout cas, rien qui m’empêche de travailler!
Faites-vous référence au traitement médiatique de votre « turbosieste » lors d’une séance au Grand Conseil l’été dernier ?
Non, je fais allusion à des attaques déjantées du type: «Il ne fait plus rien sinon des conneries». On peut ne pas être d’accord avec mes idées, mais j’ai de la peine avec la diffamation mal étayée. J’ai une très bonne résistance à la critique, mais je suis un être humain.
Concernant ma petite sieste, je l’assume totalement. A midi ce jour-là, on a bien mangé à l’Ecole Hôtelière et j’ai été très naturellement pris d’une fatigue au moment de la digestion. Je ne suis pas le premier à en être victime. En son temps, Yvette Jaggi s’était elle aussi assoupie. Aujourd’hui, de telles images font évidemment le tour des médias.
Etes-vous fatigué Daniel Brélaz?
Je vais avoir 63 ans en janvier, donc je ressens plus la fatigue qu’il y a vingt ans en arrière. Je travaille entre septante et huitante heures par semaine, et je dois en plus me déplacer d’un endroit à l’autre. Mais je récupère le week-end en dormant dix à douze heures par nuit et en faisant de longues siestes.
On connaît votre amour des chats. Dormez-vous avec eux?
Les chats ne nous demandent pas si on veut dormir avec eux ou pas, ce sont eux qui choisissent ! J’ai des relations privilégiées avec deux de mes six chats et il arrive
qu’ils dorment avec nous, mais plutôt du côté de ma femme.
Malgré les lourdes responsabilités qui vous incombent, vous reste-t-il du temps pour prendre soin de vous?
Ça dépend de ce qu’on entend par là. Je surveille de près ma santé. Je prends plusieurs médicaments qui m’aident à être en forme et à rester performant. J’ai des soucis d’acidité gastrique, de l’hypertension à cause de mon poids et des palpitations qui sont désagréables, et un tout petit peu de diabète, mais à part ça je vais bien !
Comment gérez-vous le stress?
Il y a eu un certain nombre de burn out dans la profession. Parfois, il y a une accumulation des sources de tensions, mais cela fait longtemps que je suis en politique et j’ai une très forte résistance. Je ne sais pas si c’est familial, mais je me suis donné un principe de vie: n’avoir aucune honte par rapport aux objectifs que je me suis fixés. Avoir trahi mes idéaux est la seule chose qui pourrait me donner envie de quitter le jeu. Les attaques des adversaires n’ont pas ce genre d’effets. J’ai appris en autodidacte à gérer mes émotions. J’étudie bien mes dossiers, je pratique l’humour et l’autodérision pour supporter et évacuer le stress.
Faites-vous du sport?
Non, j’ai fait du sport jusqu’à 50 ans, mais plus maintenant. En revanche, je me déplace passablement à pied. Je ne peux pas faire de longues marches en raison de mon poids, mais je ne suis pas du tout en incapacité. Plus je marche, mieux ça va.
Êtes-vous attentif à votre alimentation?
Oui, je fais attention à mon alimentation, de manière classique. Contrairement à ce qu’on peut croire, je ne mange pas énormément. Les petits écarts ont des effets rapides sur mon poids, alors je mange des quantités raisonnables. J’évite les boissons sucrées et je bois peu de vin. Dans des périodes de surtension, il m’arrive de manger du chocolat. Mon surpoids doit être lié en partie à des causes génétiques.
On se souvient de votre épouse Marie-Ange qui avait médiatisé sa perte de poids dans un quotidien romand. Avez-vous, de votre côté, déjà envisagé de maigrir?
«Je ne fais pas un blason de mon physique, mais pas une obsession non plus. Ça fait longtemps que je vis avec.»
Maigrir est toujours quelque chose que j’ai envisagé, mais je n’ai jamais eu vraiment le temps pour le faire. Je ne suis pas contre d’essayer tel ou tel régime pour voir les effets, par curiosité. Mais le médecin spécialiste qui me suit ne croit pas en tout ça. Si on me donne une méthode simple pour perdre rapidement trente ou cinquante kilos, je le ferai. Je ne fais pas un blason de mon physique, mais pas une obsession non plus. Ça fait longtemps que je vis avec. Je ne peux pas me permettre de faire une opération comme ma femme (n.d.l.r. un bypass gastrique) car je ne peux pas arrêter mon boulot pendant deux mois. Quand je serai à la retraite, s’il y a un risque majeur de diabète, il va de soi que je ferai une opération, sauf s’il existe un traitement moins lourd et plus efficace. Si je le fais un jour, ce sera uniquement pour des raisons de santé.
Quel rapport entretenez-vous avec votre médecin: «moins je le vois, mieux je me porte»?
Non, au contraire. Je vois mon médecin-généraliste tous les quatre mois pour faire une analyse de la situation. Il m’adresse de temps en temps à un collègue spécialiste pour un aspect ou un autre. J’ai un rapport de confiance avec lui, c’est important. Il m’est arrivé par le passé que cette confiance soit brisée. Dans ce cas, je n’hésite pas à changer de médecin.
Etes-vous un «bon» patient, qui suit sérieusement ses traitements?
Oui, je ne rechigne pas à me soigner, sauf si c’est compliqué et inutile, ce que j’ai vécu une fois. J’étais à la limite pour entamer un traitement contre des problèmes d’apnée. Le pneumologue voulait absolument que je porte un masque pour dormir. J’ai vaguement essayé, mais au bout de six mois, je l’ai rendu. Si je m’étais senti beaucoup plus mal et que mon sommeil n’était pas suffisamment réparateur, j’aurais fait un autre raisonnement.
Avez-vous déjà eu peur de mourir?
«Peu avant l’âge de cinq ans. Je me suis fait dégager de douze mètres par une voiture sur un passage à piétons. J’ai passé une semaine entre la vie et la mort.»
On peut avoir peur de mourir tous les jours: il suffit d’un camion, d’un fou, de n’importe quoi. La fois où j’aurais vraiment eu des raisons d’avoir peur de mourir, c’est peu avant l’âge de cinq ans. Je me suis fait dégager de douze mètres par une voiture sur un passage à piétons. J’ai passé une semaine entre la vie et la mort, mais je ne m’en suis pas vraiment rendu compte.
D’un point de vue santé, j’ai eu une fois le sentiment que je pourrais mourir. Quand mes problèmes d’acidité sont apparus, j’ai ressenti à peu près les mêmes symptômes que ceux d’une crise cardiaque. J’ai été immédiatement contrôlé et j’ai été soulagé de ne pas avoir eu autre chose! Je prends le maximum de précautions pour ma santé, du moment que c’est compatible avec mes missions. On peut mourir à 40 ans d’une crise cardiaque en ayant une vie saine ou à 90 après avoir mené une vie de fou. J’espère être dans la bonne partie de la distribution!