Hépatite C: l’espoir de nouveaux traitements plus efficaces et mieux tolérés
Face à l’hépatite C, les médecins ne sont pas totalement démunis. Pour traiter cette infection virale du foie qui touche près de 170 millions de personnes dans le monde selon l’OMS, ils disposent de traitements «standards» à base d’interféron. Toutefois, ces thérapies nécessitent des injections hebdomadaires. En outre elles se révèlent inefficaces chez de nombreux patients.
Autre inconvénient de taille : l’interféron induit des effets secondaires, comme des syndromes grippaux, de la fatigue ou de la dépression. C’est d’autant plus fâcheux que «les patients atteints d’hépatite C sont souvent d’anciens toxicomanes qui souffrent parfois de troubles de l’humeur et de dépression, précise Isabelle Morard, hépatologue et médecin-adjoint au chef du service de transplantation des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG). Ils supportent donc mal l’interféron du point de vue psychiatrique.»
C’est pour cette raison que de très nombreux laboratoires dans le monde cherchent à élaborer des nouveaux traitements sans interféron qui seraient, ils l’espèrent, à la fois plus efficaces et mieux tolérés par les patients. Dans cette course, deux groupes de chercheurs, l’un américain, l’autre néo-zélandais, semblent relativement près du but, à en croire les articles qu’ils ont récemment publié dans la très réputée revue médicale New England Journal of Medicine (NEJM).
Des résultats excellents
Les scientifiques du Texas et de Virginie se sont focalisés sur des patients infectés par l’une des souches du virus de l’hépatite C, le génotype 1 (il en existe en effet six connus, les quatre premiers étant les plus courants). Pendant trois mois, ils ont prescrit à 50 volontaires un cocktail de médicaments oraux. Il s’agissait de ribavirine, déjà utilisée dans le traitement de l’hépatite C, associée à un inhibiteur de la polymérase, à un inhibiteur de protéase (des substances qui bloquent l’action de protéines nécessaires à la réplication du virus) et à un antiviral, le ritronavir.
Chez environ 94 % des patients «naïfs», comme on nomme ceux qui n’avaient jamais été traités auparavant, cette trithérapie a permis de diminuer rapidement la charge virale, au point que le virus est devenu indétectable dans leur sang. En outre, il n’est pas réapparu pendant les semaines qui ont suivi la fin du traitement.
En revanche, chez les patients qui avaient déjà reçu auparavant un traitement et qui n’y avaient pas, ou partiellement, répondu, la trithérapie n’a été efficace que dans 59 % des cas. «C’est malgré tout un certain succès, commente l’hépatologue genevoise. Cela signifie que nous pourrions guérir la moitié de nos patients qui se sont montrés insensibles à un traitement d’interféron et de ribavirine.»
Ces travaux sont d’autant plus encourageants que cette trithérapie n’a provoqué aucun décès «alors qu’il y en a parfois, avec les traitements actuels, surtout en cas de cirrhose, et qu’aucun de ses effets secondaires n’a entraîné d’hospitalisation». Ce qui incite Isabelle Morard à juger que, globalement, les résultats de cette étude américaine sont «excellents chez les patients naïfs et sans cirrhose».
Thérapie plus courte
Ce commentaire vaut aussi pour les travaux réalisés en Nouvelle-Zélande. Cette fois, les chercheurs se sont intéressés aux génotypes 1, 2 et 3 du virus de l’hépatite C, et ils ont comparé l’effet de diverses associations médicamenteuses à base d’une substance bloquant la réplication du virus de l’hépatite C, le sofosbuvir. Les patients recevaient soit ce produit seul, soit une combinaison sofosbuvir/ribavirine, soit une trithérapie sofosbuvir/ribavirine/interféron.
A l’issue des douze semaines de traitement, les chercheurs disent avoir obtenu 100 % de réussite chez les patients «naïfs» infectés par les génotypes 2 et 3 et qui avaient reçu une bi ou une trithérapie, et 84% chez ceux infectés par le génotype 1 qui avaient reçu du sofosbuvir et de la ribavirine. En outre, cette association médicamenteuse sans interféron semble avoir été relativement bien tolérée.
Des traitements attendus
Ces deux études ont toutefois leurs limites. Les tests «ont été sponsorisés par les entreprises qui fabriquent les médicaments étudiés et ils ont été menés sur un nombre limité de patients qui, de plus, étaient hautement sélectionnés», commente le médecin. Les volontaires enrôlés dans ces essais étaient en effet relativement jeunes et ils n’avaient pas de cirrhose du foie ni de co-infection par le virus du sida. Ils ne représentent donc pas les patients les plus difficiles à traiter dans la pratique quotidienne. Avant de crier victoire, «il faudrait donc voir comment cela se passe dans la vraie vie».
Malgré tout, Isabelle Morard constate que ces traitements dépourvus d’interféron sont «plus courts – trois mois contre six à douze mois actuellement – et semblent avoir moins d’effets secondaires» et elle juge ces deux études «prometteuses».
D’autant que le monde médical attend impatiemment de nouveaux moyens de lutte contre l’hépatite C. Actuellement, «on est parfois réticent à traiter certains patients au début de leur maladie. On préfère différer la thérapie, en espérant que, dans quelques années, on pourra leur prescrire des médicaments mieux tolérés». Les études américaine et néo-zélandaise pourraient donc prochainement mettre fin à cette attente.
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