Mal de dos: place aux médecines complémentaires

Dernière mise à jour 01/02/22 | Article
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Et si yoga, ostéopathie ou encore acupuncture étaient de réelles alternatives aux antidouleurs en cas de lombalgie? Décryptage avec le Pr Pierre-Yves Rodondi, médecin spécialiste en médecine interne générale à l’Institut de médecine de famille de l’Université de Fribourg et co-auteur d’une revue de la littérature scientifique sur le sujet*.

Avant toute chose, cette question: qu’entend-on vraiment par «médecines complémentaires»? Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), il s’agit d’«un groupe de pratiques de santé qui ne font pas partie de la tradition ni de la médecine conventionnelle du pays et ne sont pas pleinement intégrées à son système de santé dominant». Sous nos latitudes, on retrouve ainsi notamment l’hypnose, le taï-chi, la méditation ou encore le yoga. Quant aux buts visés: ils s’étendent de la diminution des douleurs à l’apaisement de la souffrance psychique en passant par un moindre recours aux médicaments ou aux soins médicaux. Qu’en est-il pour le mal de dos? 

Mal de dos: par quoi commencer?

Les médecines complémentaires ont le vent en poupe

Selon l’Office fédéral de la statistique, les principales médecines complémentaires utilisées** sont l’ostéopathie pour 9,5% de la population, l’homéopathie pour 8,4%, l’acupuncture et la médecine traditionnelle chinoise pour 7,1% et la phytothérapie pour 7%. Des chiffres en hausse puisqu’ils étaient respectivement de 5,4%, 6,4%, 5,9% et 2,7% en 2007.

** Au cours des 12 derniers mois, selon une enquête menée en 2017.

Lorsque le mal de dos survient, plusieurs questions sont à se poser pour déterminer si une consultation médicale s’impose en urgence, à court terme ou s’il est possible de faire «simplement» appel aux médecines complémentaires. Commençons par l’urgence: si le plus souvent un mal de dos «anodin» passe de lui-même en trois à cinq jours, certains signes doivent alerter. Il s’agit notamment d’une lombalgie s’accompagnant de fièvre ou d’une perte de force ou une douleur dans une jambe. En dehors de ces situations, une consultation médicale est à envisager à court terme si la douleur persiste, est inédite ou particulièrement intense. S’il est modéré, relativement habituel (en période de tension ou de stress par exemple) et qu’il ne s’accompagne pas de signes d’alerte, le mal de dos peut donc être un parfait candidat pour ouvrir la «boîte à outils» des médecines complémentaires. Le plus important: ne pas vouloir tout essayer en même temps, afin d’ajuster au mieux l’action et laisser le temps à la pratique choisie de faire ses preuves. Alors yoga, taï-chi, séance d’acupuncture ou d’ostéopathie? Aucune ordonnance imposée: l’essentiel est d’écouter ses envies et aspirations, de s’orienter vers un professionnel compétent et ne pas hésiter à consulter si la douleur persiste ou s’aggrave. 

Mal de dos, un candidat idéal?

Plus de 50% des patients souffrant de douleurs chroniques ont recours aux médecines complémentaires. Un engouement particulièrement profitable pour les maux de dos dont l’imbrication avec un état de tension, de nervosité et plus largement la vie quotidienne dans son ensemble n’est plus à prouver. Et pour cause, le dos et les disques, ligaments et muscles qui en font la structure et la complexité peuvent rapidement être victimes d’un cercle vicieux conjuguant stress en tout genre, activité physique diminuée, mauvaise posture au travail, prise de poids ou encore sommeil peu récupérateur. À l’inverse, glisser dans ses journées séances de yoga, de taï-chi ou encore méditation de pleine conscience peut constituer un puissant cercle vertueux, en entretenant le corps tout en apaisant le mental. 

Acupuncture, massage thérapeutique, ostéopathie ou encore yoga pour les lombalgies aiguës

43,3%

Le pourcentage de la population ayant souffert de mal au dos ou aux reins au cours des quatre dernières semaines.

Source: Office fédéral de la statistique (2017)

C’est officiel: l’éminent American College of Physicians recommande notamment l’acupuncture et le massage thérapeutique pour le traitement des lombalgies aiguës. Tous deux auraient un réel effet sur la diminution des douleurs. Confirmation également de l’efficacité de l’ostéopathie qui, selon une méta-analyse (synthèse des résultats de plusieurs études), aurait un effet bénéfique à la fois sur les douleurs et sur les fonctions mêmes du dos (mobilité, force, etc.). Elle diminuerait également le recours aux antidouleurs et à la physiothérapie, raccourcissant la durée des arrêts de travail. Loin d’être en reste, le yoga permet quant à lui une diminution des douleurs ainsi qu’un regain de fonction à long terme. 

Acupuncture, ostéopathie, yoga, taï-chi ou encore méditation de pleine conscience pour les lombalgies chroniques

Pour rappel, on parle de lombalgie chronique dès lors que des douleurs invalidantes s’installent sur plus de trois mois. Quelles solutions du côté des médecines complémentaires? L’American College of Physicians a montré un effet favorable de l’acupuncture, du yoga et du taï-chi. Une précision concernant le yoga: mis sous la loupe d’une méta-analyse, cinquante styles de pratiques différents ont montré des résultats similaires. Bonne nouvelle donc, yoga ashtanga, vinyasa yoga, hatha yoga: libre à chacun de choisir la pratique qui lui convient. Le taï-chi aurait quant à lui un effet favorable sur les douleurs, la gêne occasionnée, ainsi que sur la fonction du dos. À l’instar des bienfaits sur les lombalgies aiguës, l’ostéopathie montre un effet favorable sur les douleurs et la fonction ainsi qu’une diminution du recours aux médicaments et à la physiothérapie. Et la liste des thérapies possibles pour contrer douleurs et perte de mobilité ne s’arrête pas là puisque s’y ajoutent également méditation de pleine conscience, thérapie cognitivo-comportementale, hypnose ou encore massage thérapeutique. 

Et les plantes dans tout ça?

Pour aller plus loin

Guide de médecine intégrative de la Clinique Mayo, Brent A. Bauer, préface de Pierre-Yves Rodondi, Éd. Planète santé, 2020.

Plusieurs plantes confirment leur efficacité sur les douleurs. En tête de liste: la griffe du diable (Harpagophytum procumbens). Consommée sous forme de comprimés, sa prise est à discuter avec son médecin car elle n’est pas exempte de contre-indications ni d’effets secondaires (possibles maux d’estomac notamment). Particulièrement intéressants également, les traitements locaux à base d’extraits de poivre de Cayenne (Capsicum), dont la substance active est la capsaïcine. Pouvant occasionner une légère brûlure, elle est à manipuler avec des gants. Si l’application génère une sensation trop intense, un avis médical s’impose. 

Comment éviter que le mal de dos ne devienne chronique?

La clé : prendre soin de son dos… aussi une fois la crise passée. Ressentir un soulagement et vite oublier la période douloureuse est évidemment humain, mais le siège d’un risque: celui que l’événement se reproduise à l’identique lors de la prochaine vague de stress, de fatigue ou de tension. La marche à suivre idéale peut se décomposer en deux axes. Le premier: faire réaliser un bilan de son dos avec l’aide d’un professionnel (physiothérapeute, ostéopathe, chiropraticien, etc.) pour identifier les points faibles de la structure dorsale. Une musculature trop faible, des muscles particulièrement tendus sont par exemple des causes récurrentes (mais réversibles) de maux de dos. Le second: améliorer son hygiène de vie, en intensifiant notamment toutes les pratiques bénéfiques pour le dos, à commencer par une activité physique suffisante et régulière, permettant d’entretenir la musculature autant que la souplesse.

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* Drs Eleonore Aveni, Chantal Berna, Pierre-Yves Rodondi, «Médecines complémentaires et lombalgies: que dit la littérature scientifique?»Rev Med Suisse 2017;13:1300-3.

Paru dans le hors-série «Votre santé», La Côte/Le Nouvelliste, Novembre 2021.

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