Les bienfaits de l’altitude

Dernière mise à jour 08/11/18 | Article
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Vivre ou séjourner à moyenne altitude est bénéfique, surtout si on y fait de l’exercice. Tout particulièrement pour les individus souffrant d’obésité ou d’hypertension, ainsi que pour les personnes âgées.

Dans l’inconscient collectif, l’altitude est synonyme de risque pour la santé. Il est vrai que plus on grimpe, plus la pression barométrique –et donc la pression de l’oxygène contenu dans l’air– diminue, ce qui amoindrit la quantité d’oxygène disponible pour nos poumons et notre organisme. C’est ce que l’on nomme l’hypoxie hypobare. Pour compenser, notre respiration s’accélère. Comme l’explique Grégoire Millet, professeur à l’Institut des sciences du sport (ISSUL) de l’Université de Lausanne, «cela entraîne une hyperventilation qui réduit la teneur en CO2 des vaisseaux sanguins (l’hypocapnie)». En outre, dormir en altitude augmente «le risque d’apnée du sommeil et d’hypertension».

Il suffit souvent de passer une nuit dans un refuge à 3 000 m pour commencer à souffrir de céphalées, de nausées, d’insomnies ou de vertiges qui caractérisent le mal des montagnes. Et si l’on s’élève au-dessus de 4000 m, on risque d’avoir des œdèmes pulmonaires et cérébraux.

Perte de poids

Toutefois, à des altitudes modérées (entre 1000 et 1800 m), la baisse de pression en oxygène dans l’air ambiant a de multiples bienfaits sur la santé. Elle entraîne dans l’organisme certains mécanismes proches de ceux que l’on retrouve chez les sportifs de haut niveau qui s’entraînent en condition d’hypoxie pour améliorer leurs performances.

Nul besoin d’être un athlète pour profiter de ces bénéfices. Pour tout un chacun, faire de l’exercice en état d’hypoxie «accroît la perfusion ainsi que l’oxygénation des muscles et augmente la relaxation des vaisseaux sanguins», explique Grégoire Millet. Cela peut avoir un effet positif chez les personnes ayant de l’hypertension. Si ce trouble a tendance à s’aggraver avec l’altitude, il s’atténue au contraire quand on y fait de courts séjours. «Il suffit de rester trois jours à 2500 m ou quelques heures à 4500 m pour voir sa tension artérielle diminuer». Rien de tel que la montagne pour lutter aussi contre l’obésité. Les personnes en surpoids, qui ont souvent des difficultés à courir, voire à marcher longtemps sans douleur, peuvent «utiliser l’altitude pour faire de l’exercice et augmenter ainsi leurs dépenses énergétiques», souligne le chercheur. Comme, en outre, l’hypoxie réduit l’appétit, «elle peut potentiellement faire diminuer la masse grasse et la masse maigre», et aider donc à perdre du poids.

Les avantages ne s’arrêtent pas là puisque l’altitude «réduit les processus inflammatoires, diminue la rigidité des parois artérielles et, chez les diabétiques, elle améliore la sensibilité à l’insuline». D’ailleurs, des études ont montré que dans les populations vivant à plus de 1000 m, la proportion d’individus obèses est inférieure à celle que l’on trouve en plaine.

Baisse de la mortalité

L’altitude semble aussi retarder ou contrebalancer plusieurs pathologies associées au vieillissement, car «elle réduit les facteurs de risque cardiovasculaire, tout en augmentant les capacités physiques et le bien-être», précise le spécialiste de l’ISSUL. Une étude réalisée par des chercheurs de l’Université de Zurich, portant sur plus d’un million et demi de Suisses, a d’ailleurs montré que ceux qui vivent à moyenne altitude diminuent de 22% leur risque de mourir d’un infarctus et de 12% celui de succomber à une attaque cérébrale. De son côté, une équipe autrichienne a observé une diminution de la mortalité du cancer du côlon chez les hommes et du cancer du sein chez les femmes. «Des constatations analogues ont été faites aux États-Unis», ajoute Grégoire Millet.

Quand on n’a pas la chance de vivre en montagne, on a donc tout intérêt à y séjourner. Et lorsqu’on habite sur les bords du Léman, conseille Grégoire Millet, «mieux vaut marcher ou courir sur les hauteurs plutôt qu’au bord du lac».

Conseils pratiques

Pour bénéficier des effets protecteurs de l’altitude sur notre cœur et nos vaisseaux et, plus généralement, sur notre organisme, Grégoire Millet, professeur à l’Institut des sciences du sport (ISSUL) de l’Université de Lausanne, recommande de monter entre 1000 et 1500 m et d’y faire «de l’exercice à intensité modérée, par exemple de la marche à plat avec bâtons, du ski de fond, du VTT ou de la natation. De temps en temps, il faut alterner des exercices plus intenses comme la course et la marche en côte ou, lorsqu’on est âgé, accélérer sur quelques pas».

Aux personnes hypertendues, il conseille de «limiter la longueur des séjours en altitude» et à celles qui souffrent d’obésité «de faire des exercices de faible intensité et d’éviter la marche à la descente». Pour les seniors, il préconise «des séjours prolongés à altitude modérée».

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Paru dans Planète Santé magazine N° 31 - Octobre 2018

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